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Critique de Pris


J'ai regardé à plusieurs reprises la série A spy among friends - et je la regarde encore régulièrement. C'est une adaptation très réussie de ce livre où l'auteur s'attache à montrer la profondeur des relations amicales que Kim Philby entretenait avec Nicholas Elliott, son collègue du MI6, et James Jesus Angleton de la CIA, et surtout comment il s'est servi de ces relations pour servir l'URSS pendant la Guerre froide. La CIA estime qu'il aurait fait échouer "au moins vingt-cinq opérations d'envergure".

Le monde de l'espionnage des années 40 et 50 est présenté comme celui de James Bond: des personnages hauts en couleurs, des bars / des clubs où l'alcool coule à flot. On y croise du "beau" monde: Graham Greene, Ian Fleming, Miles Copeland (père de Stewart, les amateurs de The Police apprécieront), Klop Ustinov (personnage remarquable et père de Peter) pour ne citer que ceux-là. Un monde disparu, bien loin du Bureau des Légendes, où l'appartenance à une élite, même si Philby la méprisait, lui a permis de sauver sa peau plus d'une fois. La loyauté de classe en a fait quelqu'un d'insoupçonnable, d'intouchable. On n'imagine pas le niveau d'amateurisme dans le monde du renseignement de cette époque avant d'avoir lu cet ouvrage ou celui de Rémi Kauffer (Les espions de Cambridge). (Cela dit, vu que Ciceron -un obscur agent double turc, qui a espionné l'ambassade allemande pendant la guerre puis celle du Royaume-Uni au profit de qui voulait bien de ses renseignements- avait transmis les détails du Débarquement en Normandie aux Allemands et que ceux-ci ne l'ont pas cru, tant mieux! Il faut dire que l'ambassadeur ramenait les documents confidentiels chez lui et que son valet qui ne lisait pas l'anglais, avait compris que tout ce qui était estampillé "secret" pouvait rapporter de l'argent et n'avait aucune idée de ce qu'il transmettait. Bref.)

Cette tentative de portrait permet d'approcher la psychologie de Philby : loyal à ses idées politiques avant tout, famille, amis et patrie, il n'a jamais remis en question le bien-fondé du communisme, un fanatique sous des dehors de gentleman britannique. Nicholas Elliott est son contrepoint : tout aussi buveur, charmant et drôle, très bon agent de terrain, il a le terrible honneur d'affronter Kim à Beyrouth en 1963, alors qu'il l'avait défendu bec et ongles depuis 1951 et le passage à l'est de Maclean et Burgess, et d'être tenu responsable de sa fuite en URSS après 4 jours de confrontation. Macintyre choisit de voir dans cette fuite la victoire d'Elliott sur Philby: un procès aurait coûté trop cher au monde du renseignement britannique et aux relations avec les Etats-Unis, et Philby se retrouve relégué dans la triste Russie où il ne peut plus faire ce qu'il aime le plus. Soit.
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