Augustin Trapenard abordait le thème des espions et de l'espionnage sur le plateau de la grande librairie. À cette occasion, il recevait
Rémi Kauffer pour son livre
Les espions de Cambridge publié en septembre 2022 aux éditions Perrin qui raconte l'histoire de ce club des cinq, des étudiants anglais recrutés par les maîtres-espions de Staline. Une histoire d'espionnage digne des plus grands films.
Lison...passe haut la main une batterie d'examens et de tests. Pas si faciles d'ailleurs, parce que pour sélectionner la chair fraîche à expédier à Hitler, il faut du personnel qualifié. Une semaine plus tard, la revoilà dans la place, assidue et attentive. Rarement vit-on secrétaire aussi ponctuelle, collègue aussi serviable, toujours prête à donner un coup de main à l'une, à l'autre - excellent prétexte pour fureter un peu partout, chercher le défaut dans la cuirasse. (page 117)
Que celle-ci n'ait jamais repéré le jeu politique de son amant tend à prouver soit que Philby ne parle jamais en dormant, avantage de taille pour un agent double, soit que la jeune femme possède un sommeil de plomb.
Terroristes, disaient les chleuhs. Et ils ne plaisantaient pas, ces salauds, parce que les représailles suivaient. À l'époque, Lucien n'avait aucune conscience politique. Pas étonnant qu'il ait jugé que l'attitude des communistes ne rimait à rien : pour deux ou 3 soldats boches abattus au pifomètre, on comptait les fusillés par dizaines, dont une majorité de militants de leur parti. C'est seulement à son retour de Mauthausen qu'il a compris, quand un responsable lui a livré la clé du système :
- les otages, ça faisait des martyrs, et les martyrs, ça faisait des recrus. Pour un de nos camarades qui tombait sous les balles, dix nouveaux adhéraient. On gagnait largement au change, tu comprends ?
- Cent mille fusillés, quand même ! a objecté Vollard, s'attirant une moue condescendante :
- Compte dix fois moins, c'est plus proche de la réalité, et vois le résultat : aujourd'hui le Parti est pas loin du million de cartes ! Cent mille fusillés,ça voudrait dire dix millions d'adhérents...(page 115)
Contrairement à l'idée reçue, Mata Hari n'est pourtant pas la première femme à être exécutée par les Français pour espionnage. Tel fut en effet, dès le 22 mars 1915, le destin de Marguerite Schmitt, 31 ans, fusillée devant le front des troupes pour avoir, selon l'acte d'accusation, traversé clandestinement nos lignes pour informer l'ennemi des emplacements de tir français. Le sort d'Ottilie Voss, exécutée poru des accusations et dans des circonstances analogues le 14 mai 1915. Celui de Félicie Pfaadt, 26 ans, identifiée comme l'agente allemande R 17 et fusillée à Marseille le 22 octobre 1916.
La vie a plus d'imagination que les romans, les films ou les séries télé. Elle produit chaque jour des histoires tellement incroyables , des rebondissements si extravagants, des personnages si extraordinaires que les scénaristes les plus audacieux ne pourront jamais les imaginer. Qui, par exemple, aurait pu créer de toutes pièces un récit d'aventures aussi fort que la trahison de groupe des cinq espions de Cambridge ? Tout y paraît invraisemblable, et pourtant tout y est vrai.
Titularisée, Madame Sissmore (le titre lui revient depuis son succès de 1924 à l'examen du barreau) sera de fait le premier officier féminin de plein exercice de l'histoire du MI 5. Une femme de loi passablement atypique puisqu'en 1929 la voici patronne de la petite section de contre-espionnage soviétique à la division B (Enquêtes et investigation) que dirige Oswald Harker dit "Jasper", ex-commissaire de la police coloniale avec lequel ses rapports sont d'ores et déjà tendus.
Dès 1910, le SSB se subdivise en deux entités complémentaires mais différentes, le Military Intelligence 6 et le Military intelligence 5. Chargé du renseignement extérieur, le MI 6 est confié au Commander Mansfield George Smith, connu de longue date sous le nom de famille de sa deuxième femme, Cumming... Un rôle que "C" - surnom au sein du service, qui va inspirer à Ian Fleming le personnage de "M"- saura assumer à la perfection.
Résultat: la correspondance "clandestine" entre Marie Stuart et Babington atterrit dans son intégralité sur le bureau du chef de la Défense de l'Etat. Lequel fait "casser" le code de Marie - un analphabet chiffré doublé de mots de code - par son maître cryptanalyste, le polyglotte Thomas Phelippes.
Terreur, oui, mais sélective, car le Carthaginois épargne à dessein les propriétés de Fabius Cunctator. Cette manière fort astucieuse de suggérer qu'un accord au moins tacite serait intervenu entre les deux chefs ennemis.pour se ménager mutuellement va porter ses fruits.
À l'instar de la Dalila biblique arrachant à Samson le secret d'une force tout entière contenue dans son abondande chevelure, la femme espionne est séductrice, tentatrice. Cruelle, vicieuse, vénéneuse, dissimule, elle mériterait, sous-entendu, un sort tragique.