Citations sur Que le diable m'emporte (15)
Faîtes que jamais, je l'affirme, je ne devienne cet animal anormal, impitoyable, cette monstruosité difforme, une femme vertueuse.
Mon cœur est plein de désir.
Mon âme est pleine de passion .
Ma vie se consume dans l'attente.
C’est dur – si dur ! – d’être une femme, jeune, totalement isolée, et pleine de désirs… Quel lourd fardeau ! Oh, soyez maudits ! Maudits ! Maudits ! Que chaque créature vivante soit maudite, que le monde entier – que l’Univers soit maudit.
(...)
Je porte en moi les germes d’une vie intense. (…) J’ai la personnalité, la nature d’un Napoléon, mais dans sa version féminine (...)
Je suis adorablement originale. Je suis délicieusement rafraîchissante. Je suis étonnamment bohème. Je suis bizarrement intéressante – par-devers moi, je peux sourire, encore et encore et être méchante. Je suis capable de parler à une salle pleine de gens ennuyeux et les contraindre à m’admirer, ébahis. Il m’arrive de faire ce genre de choses juste pour m’amuser. Comme je l’ai déjà dit, je suis un génie à l’apparence plutôt ordinaire et insignifiante, mais ma personnalité est pleine de grâce. Je possède une jolie silhouette. Je suis bien faite. Et quand je décide de parler, avec mon style délicieusement original, en agrémentant ma conversation de nombreux mensonges pittoresques, mon “air” très singulier produit un effet remarquable.
Il y a mille ans, les fourchettes n'existaient pas. Et pourtant, malgré nos fourchettes, nous n'avons pas trouvé le bonheur. Nous poussons des cris, nous donnons des coups de pied, nous nous battons, nous pleurons, tout comme nos ancêtres le faisaient, il y a mille ans - à l'époque où les fourchettes n'existaient pas.
« Voilà que quelque chose hurle à l’intérieur de moi, mais j’ignore ce que c’est — et la raison de ce hurlement.
« Ça grogne et ça gémit.
« Il n’y a aucune satisfaction à être une folle — absolument aucune
« Si j’étais née homme, à l’heure qu’il est j’aurais déjà fait forte impression sur l’univers — ou du moins l’une de ses parties. Mais je suis femme, et Dieu, ou le Diable, ou le Destin, ou quiconque est responsable de mon sort, a écorché l’épaisse enveloppe extérieure de ma peau et m’a balancée au milieu de l’existence…
Je ressens par instants, avec une terrible certitude, que le monde sauvage ne contient pas une seule parcelle de repos pour moi, qu'il n'y aura jamais de repos, que mon âme de femme continuera à poser des questions, des siècles après que mon corps de femme sera enterré dans sa tombe.
La frontière entre le génie et le fou est mince. il arrive souvent que la frontière soit franchie; alors votre fou devient un génie, ou votre génie devient un fou.
Il n'y a qu'un pas à franchir.
Quand les étoiles m'éclairent de leur haine froide ; quand des kilomètres de stérilité se déroulent autour de moi et m'enveloppent de leur Néant las, si las ; quand le vent souffle sur moi, telle l'haleine d'un géant vicieux ; quand l'horrible soleil envoie sur moi des siècles de rayons durs, pesants et amers, qui me brûlent ; quand le bleu indifférent et froid du ciel me rend folle ; quand les rivières qui coulent sur la terre m'envoient l'écho de leurs voix haineuses ; quand j'entends l'amère mélodie gémissante des oies sauvages ; quand les bords hérissés de roches déchiquetées tranchent ma vie exténuée ; quand des gouttes de pluie tombent sur moi et me transpercent comme des pointes d'acier ; quand les voix dans les airs hurlent des méchancetés mesquines dans mes oreilles ; quand le vert de la Nature est le vert de la malveillance et de la cruauté ; quand le rouge, le rouge du soleil couchant, me brûle et me consume avec son effervescence horriblement fiévreuse ; quand je ressens la haine universelle de l'Univers pour ces pauvres petits insectes terrestres : alors cela signifie que je suis le plus proche possible du Repos.
"Oui, ça m'amuserait de faire la colporteuse pendant un temps, ai-je dit. Mais je voudrais aussi un homme pour moi, aussi longtemps qu'il serait tendre."
La femme colporteuse attrapa la valise télescopique.
"Oui, fit-elle remarquer, un homme c'est tendre deux, trois jours, et puis - Seigneur ! ça travaille jamais, ça picole, ça se bagarre, ça fait du boucan."