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« Je veux du rouge, que ce soit le rouge du soleil couchant, ou le rouge du sang et des sorcières . »
le récit singulier de Mary Mac Lane magnifiquement traduit par Hélène Frappat m'a fait vivre un moment de lecture surprenant et ensorcelant. En 1900, la jeune Mary Mac Lane n'a que 19 ans quand elle écrit son journal et pas n'importe lequel, Mary Mac Lane arpente un nouveau genre littéraire en Amérique, le confessionnalisme. Que le diable m'emporte est une révolution littéraire et féministe pour l'époque et a remporté un succès immédiat dès sa parution deux ans plus tard en 1902 .
Mary Mac Lane se sent à l'étroit dans la petite ville minière de Butte dans le Montana. Elle ne se reconnaît pas dans sa famille étriquée qui ne comprend pas ses exaltations d'adolescente. Mary Mac Lane revendique son héritage celtique, son indépendance et sa féminité. Les embruns, les doutes et la compassion.
En lisant ce récit, je revisitais dans ma mémoire la belle exposition Women House et je pensais à Virginia Woolf et son livre « une chambre à soi ».
Encore empêchée par son jeune âge et sa condition de femme, Mary Mac Lane s'expose à nu dans son journal, montre sa sensibilité qui l'amène à se questionner sans cesse sur elle et le monde jusqu'à ressentir de la douleur, déploie l'intensité de ses désirs et de ses démons sous une plume fougueuse, entière et fascinante.
Elle veut tout et tout de suite, être une femme indépendante et la reconnaissance intellectuelle de ses pairs et des hommes. Ses 19 ans lui semblent des siècles.
Ce qui m'a fasciné et un peu dérouté au début est que Mary Mac Lane fait entrer son corps et les organes dans l'écriture, (les sucs de son estomac, ses hanches minces, son foie exceptionnel, son odorat...) dont elle vante les mérites, la parfaite santé et la beauté, un corps qui s'ennuie aussi et fait le ménage. le rythme est lancinant, presque douloureux, une voix qui vraiment jaillit du corps.
Le corps chez Mary Mac Lane est un personnage à part entière. Un corps qu'elle éprouve physiquement par de longues balades dans la nature afin de mieux endurer sa peine. La nature est omniprésente et réconfortante, sublime dans ce qu'il y a de plus vrai et d' authentique comme ce petit marécage rempli de menthe et d'aubépines qui la bouleverse.
J'avais moi aussi envie de joindre ma voix à la sienne et me délester d'un poids venu du fond des âges.

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Montana, 1902.

Mary MacLane a 19 ans, elle considère sa vie comme une succession de jours mornes et inutiles et attend un événement extraordinaire qui la sauvera de cette existence. Pour se désennuyer, elle se met alors à écrire Que le diable m'emporte, son journal intime dans lequel elle raconte son quotidien mais qui lui permet surtout de s'analyser avec une grande lucidité. Elle se dit malheureuse, étrange, seule à en devenir folle, voleuse, menteuse. Elle se proclame même génie incomprise. Elle attend d'être aimée, elle attend le Bonheur auquel elle croit désespérément, elle attend le Diable, seul capable de la fasciner.

Que le diable m'emporte est à l'image de son autrice. Ce journal intime est anticonformiste, exacerbé et ne ressemble à nul autre écrit intime. Il fit sensation en 1902 et reste très intéressant à lire aujourd'hui pour l'expression des pensées d'une jeune fille isolée de 19 ans et pour l'écriture poétique de Mary MacLane. Que le diable m'emporte n'aura pas réussi à me séduire totalement, la faute, peut-être, à la personnalité extrêmement orgueilleuse de son autrice.
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« Je suis un génie, un génie à part entière ».

Écrit à 19 ans pour tromper l'ennui, « Que le diable m'emporte » fait valdinguer tous les tendres adjectifs que l'on peut encore entendre pour qualifier le sexe dit « faible ». Mary MacLane est une féministe éruptive et rageuse dont le texte, entre auto portrait et journal de bord, vocifère sa volonté d'indépendance, de fuite, son corps robuste dont elle revendique la pleine et entière maîtrise.

Captivant, souvent drôle, parfois agaçant, le livre de Mary MacLane est un précis de féminisme radical, conspuant le mariage et plus largement la subordination des femmes. Elle appelle à une union avec Satan, seul à même de la comprendre et de la délivrer. Ce qui donne une toute autre signification au titre, que l'on aurait pu lire bien autrement.

Publié en 1902, le scandale provoqué par ce livre est à la hauteur du succès qu'il rencontre.

Un texte comme un orage qui gonflerait les paisibles cours d'eau pour les transformer en torrent…endiablé.

Si nous avons pu nous plaindre ces dernières années du nombre croissant de livres nombrilistes et égocentrés, nous pouvons considérer que nous avons ici un des premiers du genre. Mais lui se garde bien des pudeurs et des fausses modesties, des « tournages autour du pot ». La langue est exubérante, d'une franchise enflammée.

Mary MacLane écrit en trois mois un pamphlet contre les convenances, le puritanisme, les hypocrisies d'une société patriarcale, un plaidoyer pour sa liberté et l'expression de soi. Une ode à l'outrage.

Explosif !
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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Que le diable m'emporte est un roman que j'ai lu il y a plusieurs mois et pourtant il marque toujours autant mon esprit. Certaines phrases sont marquées au fer rouge dans ma mémoire tant elles sont puissantes, évocatrices. On ne peut qu'être impressionné par la verve de la narratrice, l'autrice elle-même. Elle est si intense dans sa réflexion sur les autres, sur le monde. Elle se débat tellement, et si fière, indépendante et en même temps, on la sent si seule, si frustrée. Quand on apprend ce qui lui est arrivé plus tard, cela ajoute encore plus de tristesse au récit. Il reste toujours autant actuel, ses mots, ses pensées ont un réel impact sur le lecteur.
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« D'une certaine façon je suis au bord du monde. Mais je n'avance pas. Je reste au bout et je souffre. »

C'est tout le désespoir d'une Mary Maclane de 19 ans qui nous heurte au travers de son journal, ou devrais-je dire, au travers de son Portrait, puisque c'est ainsi qu'elle le nomme. La vacuité de la vie nous explose en plein visage à la lecture de son ouvrage. Peinant avec elle dans une marche infinie, suppliciale, nous ouvrons les yeux sur un monde aussi stérile que le sable du Butte, petite ville minière du Montana.

Quelques éclairs de bonheur zèbrent les pages çà et là. « Il m'arrive parfois au milieu d'une journée étincelante d'octobre d'avoir marché pendant des kilomètres sous la voûte immense d'un ciel parfaitement bleu. La journée étincelante et la voûte immense du ciel parfaitement bleu sont entrées dans mes veines et se sont unie au flux de mon sang écarlate. » (p.28)
C'est un bonheur simple donc, auquel Mary Maclane aspire. Elle cherche son Bonheur partout, marchant des kilomètres pour accomplir sa quête. le trouvera-t-elle dans la douce Aube Grise, dans la ligne rouge et transcendante du crépuscule ? Mary Maclane entreprend de chercher le Bonheur dans le malheur-même : « J'ai atteint un état sincèrement merveilleux de malheur misérable et morbide. » (p.13)
Mais elle reste bredouille et esseulée. Sa famille n'est rien à ses yeux. Seules les brosses à dents de la salle de bain lui rappellent qu'elle existe. Même sa dame Anémone ne parvient pas à la guider. le Bonheur se fait attendre et le Diable seul, qu'elle vénère, semble capable de lui apporter.

le Diable plane sur le livre. C'est un être de paradoxe : une entité parfois, un homme souvent ; un être malfaisant et doux, pervers et compréhensif. Mary Maclane en est follement amoureuse et se languit de lui au cours de ces trois mois d'écriture. Elle veut « du rouge, du rouge, du rouge ! » : le rouge du Diable, le rouge du sang mais aussi le rouge de la vie… Qu'elle touche du doigt le Bonheur, ne serait-ce que pour trois jours, et Mary Maclane sera comblée.

J'ai aimé les mots simples et puissants, encore amplifiés des répétitions surabondantes, échos du désespoir qui résonnent vainement dans l'âme de Mary Maclane. Cette esthétique de la répétition c'est le reflet de l'ennui, de la profonde détresse de la jeune auteure, passant sa vie à marcher sur le sable stérile. L'ennui est un fléau auquel la jeune femme est confrontée, consciente que sa condition de femme en est pour partie responsable. Mary Maclane voudrait être un homme, elle en a d'ailleurs les facultés : robuste, en excellente santé, elle est fière de son excellent foie qui lui permettrait de croquer le monde à pleines dents si on le lui permettait. Mais on ne lui permet pas. Et, de toutes ses forces, elle attend que le diable l'emporte…

J'ai aimé cette plongée dans les tribulations intérieures de Mary Maclane. J'ai aimé la grande sincérité de l'auteur qui décide de faire le portrait d'une femme sans égale, elle-même. Elle nous livre les réflexions directement puisées dans son coeur : sa folie, son génie, son narcissisme, son mépris des autres nous sont dévoilés sans tabou. Elle parvient à creuser son moi authentique bien plus profondément, à mon sens, que ne l'avaient fait Montaigne dans ses "Essais", ou Rousseau dans ses "Confessions". le temps de la lecture, il me semble avoir eu son âme entre les mains.
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"La frontière entre le génie et le fou est mince. Il arrive souvent que la frontière soit franchie ; alors votre fou devient un génie, ou votre génie devient un fou. Il n'y a qu'un pas à franchir." Et moi de rajouter qu'entre un chef d'oeuvre inoubliable et un amer désenchantement, il n'y a qu'une ligne ténue. C'est sur ce fil fragile que Mary MacLane joue à l'équilibriste, provoquant tour à tour la jubilation puis l'exaspération de son lecteur.


Originaire du Canada, la famille MacLane s'installe dans le Montana à la toute fin du XIXème siècle. Foncièrement à contre-courant des idéaux de son époque, la jeune Mary publie en 1901 son journal - qu'elle préfère considérer comme un portrait. Que le diable m'emporte devient un best-seller viral, vendu à plus de cent mille exemplaires dans le mois qui suit sa parution. Figure contestée par le puritanisme ambiant, elle devient néanmoins l'étendard d'une jeunesse féminine qui cherche à prendre sa place dans la société américaine. Mary MacLane publiera deux autres oeuvres avant de disparaître en 1929, à l'âge de quarante-huit ans.


Mary MacLane sait qu'elle est talentueuse. Que son verbe enivrant a le pouvoir d'allumer une révolution des moeurs. Elle le sait, et le revendique, trop. L'individualisme outrancier dont elle fait preuve, les déferlantes égotistes qui inondent certaines pages envoient aux oubliettes les splendides envolées lyriques qui assoient pourtant un génie stylistique et philosophique rare. Dans les pages de son portrait, elle dit tout de son ennui, de sa lassitude et de son dégoût pour les bien-pensants, pour les gens comme il faut. Elle rit des "vieux de quarante ans" comme seule peut rire la jeunesse qui veut vivre et se saouler de bonheur. Elle incarne le renouveau au menton fièrement relevé, qui lance un pied de nez aux générations d'hier. Elle dit ses amours saphiques et la sensualité de son corps de femme ; elle dit la solitude de sa condition et l'angoisse viscérale de manquer le bonheur.

"Je me réjouis avec le diable."

Indomptable et anticonformiste, Que le diable m'emporte touche la quintessence du verbe. Chez MacLane, l'écriture est une vague sauvage et indomptable, un raz-de-marée qui exalte la vie coûte que coûte. Et pourtant, sa lecture est éprouvante. Il m'a fallu beaucoup de persévérance pour parvenir à me détacher de la narratrice vaniteuse. Si le propos féministe et libertaire est profond, la forme est outrancière. Des génies, Mary MacLane a l'ambivalence perverse. Elle est détestable et fascinante, gorgée d'un égotisme qu'elle porte comme un flambeau. Derrière cette lanterne, se cache pourtant une âme sensible et torturée, une âme écorchée vive, sublimée par une plume inoubliable.
Lien : http://opuscules.net/que-le-..
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" Ceci n'est pas un journal. C'est un portrait. C'est ma vie intérieure décrite dans toute sa nudité. Je fais de mon mieux pour tout montrer- pour révéler chaque insignifiante vanité et faiblesse, chaque étape de mes sentiments, chaque désir. C'est une entreprise remarquablement difficile, selon moi, de sonder mon âme au plus profond, d'exposer ses nuances et ses ombres".
C'est le portrait de Mary qui attend que le Diable l'emporte.

Mary attend. Elle l'attend impatiemment, elle sait qu'il vient toujours. Il se fait attendre le Diable.
Mary "brûle d'un désir ineffable pour le Bonheur".

Mary a la prétention de parler d'elle à la troisième personne parfois et je trouve cela assez agaçant, tout autant que sa manière de répéter qu'elle est un génie...

"Mon génie est un élément en soi, et il m'est difficile de le formuler en mots. Mais il se fait sentir à chaque endroit de ma vie. Ce livre serait très différent si je n'étais pas un génie- bien que mon génie ne soit pas littéraire. Souvent les gens qui entrent en contact avec moi, et l'entendent prononcer quelques remarques banales ressentent aussitôt que je suis extraordinaire. "

Je crois que vous comprenez à présent ce que je veux donc dire.

Le livre n'a pas de réels chapitres, il est divisé en dates, comme dans un journal. J'y retrouve énormément de répétitions.

Il faut malgré tout remettre le livre dans son contexte ; il a été écrit en 1902. Mary cherche son Bonheur et évite le Néant. C'est une oeuvre anticonformiste. Mary y prône une certaine liberté de penser, de vivre et une certaine liberté sexuelle ( Mary aime les hommes et les femmes, n'y pensez pas à cette époque). Elle vénère d'ailleurs le souvenir de dame anémone son amour adoré. L'homme est quant à lui, celui qu'elle attend, le Diable.

Mary évolue dans un univers que je trouve triste et qu'elle pourrait définir de stérile. Ce mot, stérile revient sans cesse dans ce petit roman.

Je suis assez dubitave sur ce roman. Je n'accroche pas trop avec Mary néanmoins le roman est assez court et se lit tout simplement, sans réflexion.
Lien : https://livresquement-djusti..
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Mary MacLane est un génie. Malheureusement, personne dans la petite ville minière de Butte, au coeur du Montana, ne s'en est encore rendu compte. Qu'à cela ne tienne : son journal, rédigé l'année de ses 19 ans, révélera au monde son intelligence, sa beauté et sa radicale originalité.
Publiée en 1902, la confession de Mary McLane rencontra, conformément à ses plans, un vif succès au parfum de scandale avant de retomber dans l'oubli. Hanté par la figure fortement sexualisée d'un homme-Diable incarnant un idéal de liberté absolue, Que le diable m'emporte n'a rien perdu de son étrangeté. Mélange d'ego-trip halluciné et de déclaration de guerre au Néant des conventions et de la morne vie provinciale, cet étonnant objet littéraire sidère par son exceptionnelle virulence et par la voix unique de Mary MacLane, dont l'inénarrable mégalomanie n'est jamais que le pendant théâtral d'une sensibilité et d'une solitude extrêmes.
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Une jeune femme impétueuse, qui se présente comme un génie à la vie insipide, se livre dans ce texte scandaleux pour l'époque. La tête pleine mais le coeur vide, Mary Maclane laisse ici libre cours à son ambition et son désir. Solitaire au sein même de sa propre famille, elle se languit de connaitre l'amour. Un autoportrait qui revient sur trois mois de néant et met en scène son "immémorable petite tragédie existentielle".
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Que le diable m'emporte' de Mary Maclane est une oeuvre surprenante. L'autrice a seulement 19 ans lorsque ce récit est publié en 1902 ! D'un ton très libre, elle évoque sa volonté de liberté et de bonheur loin de la condition à laquelle les femmes de son époque sont cantonnées. Je reste un peu frustrée par la lecture, l'autrice est très fière de sa pensée rebelle et se définie elle-même comme génie mais partage peu ses idées qui méritent cet éloge. Par exemple elle évoque rapidement le mariage et sa position personnelle contre cette institution (je la rejoins sur cette idée !) mais n'explique pas vraiment sa position.
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