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Citations sur Les petits yeux étoilés (21)

« La semaine suivante, j’eus l’occasion de me rendre chez Juliette. Nous devions réviser ensemble un devoir de musique. Or, il me faut vous le dire, en matière de chants, le handicap n’était pour une fois pas de mon côté. Juliette chantait comme un canard atteint de la grippe aviaire. Quant à moi, j’avais l’immense avantage d’être atteint du bon syndrome. En effet, les Williams, c’est ainsi que l’on se nomme entre nous, ont pour une grande majorité d’entre eux l’oreille absolue et une très grande sensibilité à la musique. »
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« Ce que tu écris là, Simon, c’est vraiment ce que tu as vécu où tu en rajoutes ?
– Je ne rajoute rien, Juliette, je change simplement le point de vue. C’est comme cela que je raconte ma réalité, évitant ainsi, peut-être, de la regarder trop en face. Certainement une manière de me protéger. L’humour, la caricature, la parodie procèdent du même mécanisme en décalant l’angle de vue. Tiens, essaie de parler du handicap sérieusement dans un reportage télévisé, personne ne regardera, tout le monde se sentira gêné. Fais-en un film en parlant du handicap sur le ton de l’humour noir et tu rempliras les salles. Regarde le Huitième jour, un film qui en a fait plus pour la cause des handicapés que les politiques publiques de ces trente dernières années...
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L’exploit avait eu lieu le 15 novembre de ma deuxième année et n’avait pas manqué de produire son petit effet. Je ne suis pas certain que mon frère ait eu droit aux mêmes éloges, en son temps, pour des progrès similaires. Voyez l’efficacité de ma petite méthode ! C’est en cela qu’elle est géniale ! J'ai ainsi permis à mes parents d’avoir toujours plus ou moins un enfant en bas âge à la maison. Par cet acte de générosité, je limitais par la même occasion le risque de les voir envisager la fabrication d’un petit troisième. Je comptais bien occuper suffisamment l’espace familial pour ne pas risquer que l’attention, que j’aimais que l’on me porte, soit déviée de sa cible. Ingénieux, non ?
Pour autant, Paul n’a semble-t-il pas vécu cette période avec autant de sérénité que moi. Il n’était encore qu’un enfant quand il lui a fallu encaisser un à un chacun de mes retards. C’est bien simple, un temps, il a cru que je travaillerais à la SNCF, tant mes progrès tardaient à venir. Même si le train se montrait toujours un jour ou l’autre, souvent, j’ai vu les voyageurs désespérer de le voir arriver. Parfois même, ils avaient presque tous déserté le quai. J’étais alors le seul à savoir l’heure exacte à laquelle entrerait en gare le vieux TER (toujours en retard).
Un train, toutefois, n’est encore jamais arrivé en gare : celui de l’alimentation. Il me faut prendre un moment pour vous expliquer ce point. À mes quinze jours de vie, je décide de cesser de m’alimenter. Totalement !
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Chacun est en effet libre de donner ou non. La générosité n’a jamais été une obligation, seulement une qualité. Certains, comme vous, en sont semble-t-il dépourvus et, d’une certaine manière, je les plains pour cela. Mais la moindre des choses lorsque l’on est trop radin pour vouloir participer à un appel aux dons, eh bien, c’est de se faire tout petit, aussi petit que l’étroitesse de votre esprit et celle de votre cœur tout rabougri ! On en crève, de gens comme vous qui attendent que papa et maman touchent l’allocation de rentrée scolaire pour vous racheter un nouvel écran plat ou autre téléphone portable dernière génération ! Sauf que pour vous la verser, cette prime, il a bien fallu que d’autre la payent ! Sans solidarité, rien ne fonctionne dans ce monde. Un jour, je l’espère, vous en aurez besoin, et à ce moment-là seulement vous réaliserez combien nous sommes tous liés les uns aux autres. Mais il faut croire que le soleil de l’intelligence n’a pas encore brillé au-dessus de vos têtes ! Alors, tâchez au moins de ne pas faire de l’ombre aux autres ! »
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Alors oui, je suis différent. Je ne mange pas comme vous, je ne raisonne pas comme les autres, mais après tout, qu’est-ce que c’est que d’être normal ? Est-ce que manger du foie gras en ayant conscience de la torture infligée plusieurs fois par jour à des pauvres canards jusqu’à ce que leurs organes explosent, c’est normal ? Est-ce que boire chaque jour des sodas dont la composition chimique ultra agressive ne vous laisse le choix qu’entre diabète ou cancer, cela est normal ? Est-ce que prendre de l’alcool régulièrement, et même parfois en quantité, sous le prétexte fallacieux de la convivialité, quitte à devenir méchant, amnésique ou dangereux, c’est cela être normal ? Je ne parlerai pas de la cigarette ni des voitures qui peuvent rouler cent kilomètres-heure au-dessus des limitations, car tout cela est parfaitement normal ! Je pourrais continuer à prendre une infinité d’exemples tous plus incohérents les uns que les autres, que certains continueraient de penser que c’est moi qui ne suis pas normal. Ce monde est fou, ce monde est injuste, ce monde court à sa perte, mais ce monde est persuadé d’avoir raison, il est donc légitime de penser que ce sont les autres qui vont mal.
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La notion de causalité est un concept particulièrement responsabilisant. En effet, cela signifie qu’à chaque instant, je peux décider seul de la manière dont je veux construire mon avenir. Comme si, chaque seconde, nous avions le choix d’appuyer sur le bouton rouge de la « souffrance » ou sur le bouton vert du « bonheur ». Or, trop souvent, par méprise, aveuglés par nos émotions perturbatrices que sont la colère, la jalousie, la convoitise… nous prenons le mauvais chemin, empruntant la voie de la souffrance en pensant appuyer sur le bouton du bonheur. J’avais alors pris conscience que m’entêter à vouloir conquérir Juliette alors qu’elle avait fait un autre choix, développer de la jalousie au lieu de cultiver la bienveillance allait me nuire à moi, à eux, et générer en somme beaucoup de mal-être. Ayant fait le choix raisonné et calculé de la sagesse, il était alors possible, en effet, de faire naître « des fleurs de lotus » dans les cœurs de chacun et de faire fructifier l’énergie de l’amour et de la bonté.
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Sous mes airs fragiles, décalé parfois, je jouis de la vie comme peu sont capables de le faire. En effet, notre société prône sans cesse de vivre l’instant présent pour goûter au bonheur véritable. Certains méditent des heures pour y parvenir maladroitement. Or, chez moi, c’est un état naturel auquel je n’ai pas le loisir de me soustraire. Alors, si c’est cela, vivre ici et maintenant, si c’est cela le bonheur, alors je crois bien être le plus heureux des hommes… »
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Voilà, je voulais vous parler de mon grand frère et je me rends compte que je parle encore de moi. Mais cela témoigne peut-être du fait que sans lui, je ne serais pas le Simon que je suis devenu. Grâce à lui, je pense, je me sens déjà moins différent, moins handicapé. Il est ma locomotive, celle du TER qui tarde toujours un peu à entrer en gare. Mais je crois bien pouvoir aussi lui être utile. Il a beaucoup de progrès à faire, lui aussi. Je compte bien le mettre en face de ses propres peurs, de ses angoisses ou même de ses névroses. En la matière, nombre d’êtres humains sont tout aussi handicapés que moi. Seulement, eux, ils ont la possibilité d’en guérir. Encore faut-il en prendre conscience et avoir le courage de s’y confronter. Croyez-moi, je me chargerai de m’assurer que mon frère Paul ne gâche pas cette chance de guérison. »
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Dans son ventre déjà, j'étais comme dans un bon bain chaud, détendu, apaisé, bercé et calme. Très calme. Trop calme, d'après maman. Elle l’avait souvent dit aux médecins et autres échographes, mais personne n'avait voulu la croire. Nombre de praticiens ont cette formidable capacité de s’enfermer dans leurs propres certitudes et d’omettre, plus ou moins volontairement, le ressenti de la mère ou du père. Comprenez, vous, les parents, êtes des êtres bien trop impliqués émotionnellement et affectivement pour jouir d’un jugement impartial. Vous êtes trop inquiets pour qu’on vous prenne au sérieux. Alors, les médecins font semblant de vous écouter d’une oreille distraite :
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Chers lecteurs, les lignes qui vont suivre pouvant heurter la sensibilité des plus « doudouille » d’entre vous, je vous demanderais de bien vouloir éloigner… les hommes. Les femmes et les enfants peuvent, quant à eux, rester, bien évidemment !
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