Le livre se lit vite avec cette écriture fluide, et comme "
les petits yeux étoilés" (cf. chronique précédente : http://lesparolesenvolent.blogspot.fr/2017/09/
les-petits-yeux-etoiles-de-bruno.html ) du même auteur, on se familiarise avec le ton léger pour parler des choses graves de la vie :
“ P.42 : son papa venait d'être admis au club des malades d'Alzheimer avec mention et félicitations du jury.
“P. 67 : Comparaison des procédures de l'hôpital avec Fort Bayard
On retrouve ici la problématique des soignants-soignés souvent mentionnés dans diverses chroniques du blog. Déjà dans Patients (cf. ma chronique précédente : http://lesparolesenvolent.blogspot.fr/2017/05/patients-de-grand-corps-malade.html) le personnel soignant énervait les patients (comme ici Charles) en s'adressant aux résidents à la troisième personne. I. Fluckiger Jachym sur dans ses nouvelles de "soignants... athlètes au quotidien" (cf. ma chronique précédente : http://lesparolesenvolent.blogspot.fr/2017/08/les-soignants-athletes-au-quotidien.html ) la théorie des enseignements dispensés aux soignants et la pratique sur le terrain.
Cette règle sur l'aide en général : « comment être véritablement aidant pour autrui si nous ne sommes pas aidés nous-mêmes suffisamment ? » rappelle la notion d'être bien soi-même dans la relation d'aide.
le personnage d'Emma se montre assez détestable, insensible au bonheur de son père qu'elle méprise malgré ses plaintes et ses suppliques. L'auteur a tenté d'altérer la monstruosité de cette fille unique avec son propre échec conjugal avec son mari Antoine, l'incarnation du type lourdingue, antipathique et égoïste. Mais peut-être que l'épreuve aujourd'hui vécue par Emma est une nécessité pour l'amener à se positionner autrement dans ses convictions. Belle illustration aussi de la difficulté de se représenter l'amour à tous les âges et surtout de se représenter le parent "survivant" à nourrir un nouvel amour.
Ce livre est une grande leçon de la vie dans l'ensemble et les préceptes de bouddhisme bien illustrés et expliqués. Il nous évoque un hymne à l'Amour :
“l'amour ne se partage pas, il se multiplie. On peut donc aimer de nombreuses personnes sans que cela soit au détriment d'une autre.
On distingue aussi les sentiments amoureux que transcendent l'amitié, et l'amour filial, lui aussi différent et inconditionnel. Je vous renvoie alors à la page 146 pour les explications logiques de Charles et la page 212 nous interroge aussi sur la consistance de l'amour.
Bruno Madelaine aborde la maladie, l'âge et la vieillesse mais toujours avec ses mots choisis et une certaine poésie comme dans "
les petits yeux étoilés" :
“La maladie d'Alzheimer a cela de bon qu'elle me permettrait presque d'oublier que je vais mourir.
Il nous offre aussi une leçon plaisante de philosophie sur nos croyances et l'ignorance qui nous induit en erreur et entrave notre sérénité.