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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Qu'il est difficile ce livre ! Difficile, car on aimerait lui échapper, pouvoir le garder à distance, mais rien n'y fait. L'estomac aux bords des lèvres, on essaie d'en sortir tant bien que mal, en vain. C'est une réalité qu'on n'a pas encore fait sienne, cette guerre en Yougoslavie. Trop proche de nous, dans le temps et l'espace, c'est un peu comme si on avait mis ce conflit dans un coffre, fermé à double tour, dans les méandres de notre mémoire. Comme pour oublier qu'on regardait tout cela, le cul bien au chaud dans nos canapés.

C'était compter sans Marco Magini qui nous plonge dans cette réalité à travers trois personnages : un magistrat de la cour pénale internationale devant juger un Serbe, soldat impliqué dans le massacre de Srebrenica, sachant que la communauté internationale a sciemment fermé les yeux. Et un casque bleu, qui se devait de rester neutre. Mais à quel prix ?

Le magistrat a devant les yeux un coupable ouvertement désigné. A quel moment comprend-il qu'il va participer à une mascarade ? Comment prononcer une sentence juste et justifiée, quand un seul soldat se trouve assis sur le banc, celui-là même qui eut le courage de parler, de s'assumer comme acteur de ces meurtres ?

"J'ai et nous avons condamné un homme à la prison pour une faute qui n'est pas la sienne, pour avoir décidé d'agir comme nous aurions agi si nous avions été à sa place. Qui d'entre nous aurait risqué sa vie pour discuter les ordres reçus de l'autorité, si insensés soient-ils ?"

Des scènes vraiment difficiles, dont on ne peut s'échapper, à moins de fermer le livre et ne pas le rouvrir. Les camions se succèdent (hommes entassés / femmes et enfants entassés), les balles font un boucan d'enfer, et quand on croit que c'est fini, un autre, et encore un autre...

Marco Magini écrit sans concession. Un livre dur, mais nécessaire.
Lien : http://page39.eklablog.com/c..
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Le grand intérêt de ce roman réside dans son analyse de la situation à travers 3 personnes touchés différemment selon leurs rôles respectifs.
Il y a Dražen, le yougolsave, né en Bosnie-Herzégovine de parents croates, il n'avait pas l'intention de prendre part au conflit et préférait la fuite vers la Suisse, mais, trompé, il se retrouve acculé à faire le choix qu'il regrettera amèrement, d'entrer dans l'armée serbe. Au fil des mois, il va prendre conscience que pour ne pas mourir (et alors laisser une veuve et une orpheline), il va devoir se conformer aux ordres et pratiques de son bataillon qu'il réprouve pourtant de tout son être (viol collectif, exécution d'innocents...) après de vaines tentatives de rebellion. La phrase au dos du livre résume bien sa situation "A Srebrenica, la seule façon de rester innocent était de mourir". Il raconte ce qu'il ressent.
Il y a Dirk, le hollandais qui semble se demander ce qu'il fait là, le militaire de carrière qui n'avait pas imaginé l'ampleur de sa mission en tant que soldat de l'ONU, il n'aime pas les paysans qu'il doit protéger, il déteste l'idée de devoir rester neutre alors qu'on leur tire dessus, il se sent totalement impuissant devant ce à quoi il assiste... Lui aussi nous livre ses impressions.
Et puis, il y a Romeo, juge espagnol qui siège au Tribunal pénal, un an après la fin du conflit. Il doit statuer sur le cas de Dražen qui s'est livré en tant que participant au massacre. Nous assistons aux débats qui ont lieu dans son esprit, avec ses collègues, pour savoir si ce soldat doit être condamné pour ce qu'il a fait, ou être absout parce qu'il n'a fait que suivre les ordres, qu'il est l'un des seuls que l'on peut juger car les vrais coupables ont su disparaître... Ces chapitres sont écrits à la 3ème personne, peut-être pour donner une certaine distance vis à vis du conflit auquel, contrairement aux deux autres, le juge n'a pas directement pris part ?
Ce roman est extrêmement intéressant par son côté objectif, il nous laisse nous faire notre propre opinion sur chacun et surtout voir qu'un choix qui semble anodin au départ, voire "justifié" d'une certaine façon, entraîne vers des conséquences que l'on n'a pas désiré, et de se poser la question "et là, une fois ce choix posé, j'aurais fait quoi moi ?"

Le tire Comme si j'étais seul, je l'entends "comme si j'étais seul pour faire des choix alors qu'ils s'imposent à moi, que puis-je faire d'autre ? si j'étais seul, peut-être aurais-je agis différemment ?"

Ce n'est pas un "roman captivant", il est dur, mais pas inutilement et pas dans le but de "faire pleurer dans les chaumières", il vaut vraiment la peine d'être lu, pour ne pas oublier, pour ne pas juger trop rapidement... Je le recommande très chaudement.
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J'éprouve un sentiment mitigé à la lecture de Comme si j'étais seul.

Nous sommes en 1995. Personne ne voulait le voir, mais les prémices de la guerre étaient bien présentes. le conflit territorial en Yougoslavie explose. Tous les véritables soldats, convaincus, sont déjà en guerre. Ceux qui prennent désormais les armes sont comme Drazen. Ils cherchent un dernier recours pour apporter une aide financière à leur famille après avoir tenté en vain, de fuir.

Mon ressenti après lecture de ce livre est flou. J'ai vraiment eu du mal à rentrer dans le récit et je pense que c'est dû à un manque de connaissances de ma part, à propos de cette guerre pourtant importante. le contexte historique me manquait, empêchant une immersion totale.

Les trois points de vue qui nous sont exposés, imaginés selon l'auteur sont ceux de Drazen, un jeune homme un peu perdu, Dirk, un soldat néerlandais de l'ONU et Roméo, un juge au Tribunal pénal. En commençant ma lecture, je me suis dit que toute la narration de ce dernier allait m'ennuyer ferme ce qui n'a pas du tout été le cas.

J'ai été plutôt captivée par cette manière de découvrir ce qui se trouve être au final un génocide, c'est à dire par l'immersion dans les esprits d'acteurs réels de cette guerre tout aussi réelle. Bien évidemment, leurs sentiments sont inventés par l'auteur mais on peut sans peine imaginer que leurs ressentis à l'époque s'en rapproche grandement.

On découvre avec fascination la souffrance de Dirk, qui assiste sans pouvoir ne rien à changer à l'impuissance des hommes de l'ONU qui se font écraser par le pouvoir des soldats serbes. Son incapacité d'action parallèlement aux visions d'horreur qu'il subit est difficile à lire et encaisser. Il voit des pauvres hommes, femmes et enfants se faire massacrer par des soldats dans un objectif d'éradication sans pouvoir agir et l'on se rend compte du flagrant manque de moyens, de prévisions dont souffrent les casques bleus face à l'horreur.

Drazen est un personnage (une personne) complexe. Bien évidemment l'empathie prend le dessus lors de la lecture avec la manière dont l'auteur nous impose son point de vue mais l'on peut se questionner avec du recul sur ce qu'il faut en penser. Avec cette narration, on a pitié pour ce pauvre homme qui a pris part à une guerre par nécessité et non par volonté et l'on perçoit la différence de motivations entre ses compagnons soldats (dépeints comme avides de sang et de barbarie) et lui-même (décrit comme l'innocence déflorée sous la sauvagerie de massacres répétitifs). Il agit contre son gré pour obtenir une place au sein de son groupe, mais ses actions n'en reste pas moins abominables et le lecteur se retrouve avec un sentiment de malaise, ne sachant que faire entre le condamner ou compatir à son sort.

C'est là qu'intervient l'intérêt du point de vue du juge Roméo Gonzales pour lequel le lecteur peut en quelque sorte se mettre à sa place. C'est à lui et quatre autres juges qu'incombe la responsabilité, un an plus tard, de trancher entre la culpabilité de Drazen Erdemovic ou son absolution. J'ai été captivée autant qu'horrifiée par les réflexions et réactions du juge qui se retrouve dans une position délicate. Suivre sa ligne de départ et juger Drazen comme il le souhaite ou se détacher de sa position initiale et objective en raison d'un conflit intérieur face aux attitudes malvenues d'un autre juge. Je me suis sentie révoltée de constater que les acteurs de la justice qui se doivent d'être objectif et juste dans leurs sentences sont embrigadés dans des guerres d'égo entre collègues au mépris de vies humaines dans le roman.

En définitive, Comme si j'étais seul est un livre difficile à appréhender, à juger en raison de son mélange d'actes véridiques et réflexions imaginées. Je ne sais pas quoi penser du fait que l'auteur ait un parti pris qui nous empêche au final d'avoir notre propre avis sur la question de la culpabilité de Drazen, en proie à la compassion que l'on nous oblige à ressentir. Paradoxalement, c'est un coup de force que je respecte et que je trouve d'un grand intérêt. Une lecture mitigée à propos des émotions mais captivante sur le fond.
Lien : http://www.casscrouton.fr/je..
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