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Critique de SeriallectriceSV


Une lecture émouvante, à la tension sous-jacente, ponctuée de situations cocasses décrites avec un intelligent recul et avec humour, et puis des situations moins drôles et une atmosphère qui s'intensifie au fur et à mesure.

L'autrice revient sur les lieux de son enfance, pour l'enterrement du père. Un soulagement. On le comprend dès le début.
Sa mère est morte, la première, il y a un moment déjà. Elle, celle qu'elle aimait tant. Alors que l'autre, le père, elle l'aime moins, voir pas vraiment. Lui, elle l'appelle Pa, parce que les deux syllabes, elle n'a jamais pu. Il est un père malveillant. Il est celui qui a laissé la mère trimer, s'occuper du foyer ... Lui, il était bien trop occupé à s'en jeter quelques uns dans le gosier. Ça aurait dû être l'inverse. Elle n' aurait pas dû partir la première.

« le plus dur, c'est de ne pas regarder la pierre en face du trou, le marbre vieux rose et d'un cruel mauvais goût. Un autre nom y est gravé, en doré. Celui de ma mère morte. La vue de ce nom me ferait me fendiller de la tête aux pieds comme un vase chinois. Non seulement tu ne lui as pas donné la chance de connaître la vie sans toi mais en plus, tu vas la rejoindre pour l'éternité. La pauvre, c'est long l'éternité. Depuis combien d'années tu avais payé pour avoir ce trou ? C'est toi qui as tout organisé, bien sûr. le seul voyage que tu lui auras offert. »

Lui, il est celui qui aboie, qui grogne plutôt qu'il ne parle. Les mots qui sortent de sa bouche ne sont qu'insultes; autant d'égratignures qui marquent à jamais un enfant.

Elle a dû y retourner dans la maison de son enfance, avant l'issue funeste, pour faire le tri des affaires de la maman. Il l'a exigé. Parce que lui, ne sait pas, ne veut pas, trouve ça normal que ce soit elle qui le fasse.

Et comme on regarderait passer un train, les pages défilent vite. Sous nos yeux, par bribes, la vie de cette femme se dessine, une vie qu'on devine plutôt qu'on ne la lit. Au bout du chemin, la lumière, la possibilité d'un après ... heureux, les doigts perdus dans le long manteau de poils gris de ce nouveau compagnon à quatre pattes. La mort du père. Une délivrance. Il est temps de tourner la page.

Des phrases courtes, minimalistes et des silences pour suggérer, à pas feutrés, la douleur, la colère, la rage. Les blessures de l'enfance.

Un premier roman, court, fort, intense sur un sujet délicat. Abordé avec beaucoup de pudeur, de retenue, avec la beauté d'un geste délicat. Un roman qui m'a bouleversée. « Tu es une reine maman. » Ma reine.

« Écrire. Revenir sur les plaies pour donner à voir les merveilles sur lesquelles elles ouvrent. Écrire pour ouvrir le champ, élargir les définitions et révéler les différences de terrain, refuser le nivellement. »
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