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Critique de Patsales


On se souvient du nom des assassins : le titre, qui est aussi la dernière phrase du roman, laisse songeur: car le monstre combattu dans ce livre est un être de fiction dont le patronyme n'a aucune raison de rester dans nos mémoires. Mais ce titre comporte une allitération aussi remarquable que le fameux « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ». Les crimes narrés ici sont signés d'un double S et l'enquête a beau se situer en 1908, il est difficile de ne pas déchiffrer un sous-texte qui guette les signes précurseurs du nazisme: rivalité franco-allemande, xénophobie, capitalisme décomplexé qui s'enrichit à spéculer sur l'armement, naissance du surhomme nietzschéen (mal compris par Hitler comme notre assassin lit Sade au pied de la lettre)…
Le mal ne surgit donc jamais inopinément et le serial killer ne manque pas de nuancer et sa monstruosité et sa défaite en pressentant combien le siècle qui débute sera celui des massacres en masse.
Mais Maisons (avec 2 S) nous sert son oracle dans la plus pure tradition du roman populaire : Gaston Leroux lui-même participe à la résolution de l'énigme et le héros de l'histoire m'a irrésistiblement fait penser à Arsène Lupin, séducteur, aventurier, perspicace… La Belle Époque se montre à nos yeux admiratifs parée de toutes ses gloires: ses monstres sacrés (cocottes et actrices), ses progrès scientifiques et techniques (de la lampe torche à l'aviation en passant par le bertillonage), sa presse toute-puissante. le style lui-même nous donne l'impression de revenir au temps du roman-feuilleton, quand l'auteur tirait à la ligne des détails qu'aucun lecteur ne s'offusquait de lire en croyant perdre son temps : « Marguerite entra pour nous demander ce que nous prendrions à l'apéritif. Elle nous avait préparé quelques amuse-bouches salés pour nous aider à patienter. Hennion but un pastis très allongé, il faisait assez chaud en cette fin de journée. Max opta pour un vermouth à l'eau de Seltz, et je me contentai d'une eau pétillante au citron. »
Mais que le trépidant et impatient lecteur moderne ne s'inquiète pas: il en aura pour son argent, suffisamment de courses-poursuites et de rebondissements pour ne jamais avoir envie de poser le roman.
Bref un pastiche brillant, de la Belle Ouvrage !
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