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Critique de Zirkawicca


J'avais déjà été séduite par "La malédiction de Norfolk", et encore + par "La compagnie des menteurs". Avec "Les âges sombres", Karen Maitland ne déroge pas à son thème de prédilection et c'est tant mieux! Certes, elle tend à s'enfermer dans le genre médiéval, mais c'est pour mon + grand plaisir. Car nul de dépeint mieux qu'elle le quotidien des hommes et des femmes de cette époque. L'immersion est si totale qu'on ne ressent même plus le choc des cultures et des générations: on est immergé dans la vie d'un village anglais au XIVème siècle; on ressent le Moyen-âge, on devient le Moyen-âge.

Ce style me met très à l'aise; je m'y glisse et m'y sens comme chez moi, au milieu des foires et des marchés, des petits pois écossés devant la porte de la chaumière et des herbes qui soignent. Ce roman met bien en avant le conflit qui oppose la récente christianisation du peuple à l'ancienne religion (ce qui s'apparenterait aujourd'hui à la Wicca). La transition est difficile et malgré les ordres stricts du Clergé, les anciennes pratiques demeurent bien souvent, à l'abri des maisons de torchis ou sous le couvert des bois et de la lune.

Si aujourd'hui le monde est bien triste et compliqué à appréhender, il n'était pas simple pour autant avant. Les problématiques étaient différentes, mais la vie tout aussi dure, si ce n'est +. le joug de l'Eglise, la famine qui menace, les intempéries qui détruisent les cultures, les guerres intestines... le Moyen-âge, pour passionnant qu'il soit, est bien loin de l'image d'Epinal qu'on peut s'en faire. le titre de cet ouvrage en est témoin: "Les âges sombres": on n'aurait pas pu trouver mieux...

J'aime les livres qui, en + de nous raconter une histoire, nous apprennent des choses. Et c'est le cas ici: les chapitres sont émaillés chronologiquement par des pages évoquant les Saints et les fêtes de l'époque, qui étaient fort nombreuses. Karen Maitland rythme son roman grâce à cette sorte d'almanach d'antan. de +, cela aide à structurer le récit car il s'agit + d'une (captivante) chronique du moyen-âge que d'une "histoire" à proprement parler. le béguinage, le village d'Ulewic... On suit la vie de tous ces gens le temps d'une longue et tortueuse année.

Les personnages sont fouillés, nuancés, bien loin du manichéisme gentils/méchants, et c'est ce qui rend ce roman si vivant, si authentique. J'ai également beaucoup apprécié le petit tour que nous a joué l'auteur à propos d'une certaine fréquentation du père Ulfrid. Elle utilise ce même stratagème à la fin de "La compagnie des menteurs", mais encore une fois je me suis laissée prendre et surprendre par ce beau tour de passe-passe littéraire. J'aurais aimé une fin un peu + percutante, mais ce point de détail n'a pas suffit à faire retomber mon enthousiasme. D'autant + qu'une fois encore Karen Maitland nous offre de précieuses notes historiques à la fin du livre. Magnifique...
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