AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Kirzy


Il n'y a que de belles idées dans ce roman follement inventif et terriblement original. Que des trouvailles génialement teintées de poésie.

Dans un monde très légèrement dystopique, le monde commence à se dérégler lorsque les appareils photo ( smartphones compris ) puis les caméras refusent d'enregistrer la présence humaine. le décor, oui, les animaux oui, mais les hommes, niet, numériquement invisibles. Et puis, vient le temps des Grêlons. L'espace de stockage du Nuage est tellement saturé de data qu'il commence à recracher chronologiquement des Grêlons, tous les êtres humains photographiés et filmés depuis le premier portrait de Constant Huet par Louis Daguerre au Museum d'histoire naturelle en 1837 … Bientôt, le monde est submergé de Grêlons qui atterrissent de partout, totalement hébétés.


« Là, ce que Le Nuage relâche, ce n'est pas des 0 et des 1, du binaire. C'est autre chose, un langage qui n'a ni queue ni tête, de la data d'un nouveau type, qui s'échappe du Nuage au milieu du reste en petits paquets. de micro-averses qui tombent comme ça, alors qu'on n'a rien demandé. Il ne s'agit pas de flux, qui sont vectorisés ; non, Le Nuage nous crache dessus des micro-averses de data sauvage. Un peu comme si Le Nuage était plein à ras bord, qu'il était trop lourd et qu'il n'arrivait plus à se contenir un jour de plus de façon normale. Imaginez des grêlons qui tombent du Nuage : de la date congelé à l'intérieur et maintenant elle est trop lourde pour y rester alors elle chute. »

C'est la voix d'un narrateur assez étrange qui nous conte ces événements étranges. Au début du récit, c'est un tout jeune adolescent. On va le voir devenir jeune adulte tout en restant résolument accroché à l'enfance, le nez dans son bol banania et sa soupe Floraline préparée par sa maman, confondant de candeur mais avec une touche de lucidité, peut-être malgré lui. Avec à ses côtés son meilleur ami et son amoureuse secrète, qui eux aussi vont devoir grandir en se trouvant une place dans ce drôle de monde.

Lorsqu'on écrit un roman à touches fantastiques empreintes de réalisme magique, le plus difficile est de parvenir à créer un univers cohérent et à le conclure. Il y a peut-être quelques longueurs mais le grain de folie douce est tellement plaisant et surtout l'avancée de l'intrigue si ingénieusement millimétrée que je me suis régalée, portée par une écriture enjouée, pleine d'humour. C'est sans doute cela le plus fort, en fait, parvenir en toute légèreté à parler avec intelligence et profondeur des dérives de notre société : narcissisme, consumérisme, dangers d'un populisme de plus en plus extrémiste, xénophobie ( superbe idée des Frelons anti-Grêlons ) … les métaphores / échos à aujourd'hui sont multiples et jamais lourdauds.

Mais le plus touchant, c'est la façon qu'à ce merveilleux roman à nous inviter à conserver notre âme d'enfant face aux déchaînements du monde. Avec Arthur Rimbaud en guest star pour soigner la peur du basculement dans le monde des Grands. Et attention à bien lire jusqu'à la dernière ligne, y compris le « Achevé d'imprimer » final. Lorsque j'ai découvert le prénom du narrateur et l'identité de l'auteur, c'est juste magique et m'a emplie de reconnaissance envers Olivier Mak-Bouchard. Illuminée.




Commenter  J’apprécie          13420



Ont apprécié cette critique (125)voir plus




{* *}