AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Chantalame


Presque tout est dit dans la première phrase du roman : "Il m'a appris à être celui que je n'étais pas." Et dans celle qui suit : "Dans ma jeunesse, j'exprimais ainsi ce que la rencontre avec Vardan m'avait fait découvrir de mystérieux et paradoxal derrière le manège du monde."
William Shakespeare disait : "Nous savons ce que nous sommes, mais nous ne savons pas ce que nous pouvons être". Mais il suffit parfois d'une rencontre pour le découvrir.
La rencontre a lieu dans une école de Sibérie centrale. Rencontre de deux jeunes garçons âgés de treize et quinze ans, tous deux marqués par la vie. Celui qui raconte est orphelin et l'autre, Vardan, un arménien atteint de la "maladie arménienne". Ce dernier et les siens se sont exilés pour être plus proches de membres de leur famille, prisonniers et déportés en Sibérie en attente de jugement. Ils habitent de façon précaire dans la partie du village dénommée le "Bout du diable" mais qu'ils appellent "Royaume d'Arménie". Un paradoxe, où les valeurs de leur pays d'origine et les traditions sont leur richesse et font leur unité, leur force. Un " bout du diable" où l'espoir règne, où le ciel est à portée de mains comme Vardan le montrera : "là, à notre hauteur, c'est le même air qu'au milieu des nuages, n'est-ce pas ? Donc le ciel commence à partir d'ici, et même plus bas, tout près de la terre – en fait sous nos semelles ! " Cette affirmation ouvre un horizon nouveau pour le jeune orphelin. Une rencontre, une amitié, qui feront être autrement et voir le monde différemment.
Vardan est de ces êtres qui vous révèle et vous hisse. A moins d'être ingrats, on ne peut les oublier. Jamais le narrateur n'oubliera Vardan et sa maladie destrctrice, ni les habitants du "Royaume arménien".
Marguerite Yourcenar a écrit : "Tous, nous serions transformés si nous avions le courage d'être ce que nous sommes." Progressivement, à travers notre contact au monde, aux autres, nous pouvons nous humaniser et devenir ce que nous sommes appelés à être en vérité. A condition d'ouvrir les yeux, de se laisser toucher.
Dans ce roman qui le touche de près, Andreï Makine, nous fait entrer dans la vraie lumière, celle qui brille dans le coeur des êtres courageusement humbles et authentiques. L'écriture est magnifique, mais ai-je vraiment besoin de le souligner ? Si peut-être, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Andreï Makine.
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}