AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'ami arménien (215)

Deux familles, assez semblables, vu la tranquillité et l’aisance de leur quotidien, leur loyauté sans reproche à l’égard de cet Empire ottoman dont elles se considéraient comme sujets fidèles et respectueux. Au fond, cette question ne se posait même pas : la terre où vivaient ces familles arméniennes appartenait à leurs ancêtres depuis des temps immémoriaux et c’était plutôt la présence des Ottomans qui aurait pu être jugée bien plus récente et clairement accaparatrice. »
Commenter  J’apprécie          370
C'était un art commun aux peuples familiers des bannissements et des exodes, forcés de recréer, indéfiniment, leur espace vital - leur patrie transportée dans leurs maigres bagages. Oui, de gravir les tréteaux d'une existence vacillante, d'installer un décor où se joue le drame de leurs exils.
Commenter  J’apprécie          350
Je compris que nos vies glissaient tout le temps au bord de l’abîme et que, d’un simple geste, nous pouvions aider l’autre, le retenir d’une chute, le sauver. Presque par jeu, nous étions capables d’être un dieu pour notre prochain.
Commenter  J’apprécie          290
L’époque constructiviste […] dans laquelle tout devait répondre à un but précis, à l’efficacité brute, rendait la beauté plus ou moins superflue et privilégiait un matériel sobre, sans aucune recherche esthétique, sans la profondeur d’une vie révolue. 
Commenter  J’apprécie          291
Purgeant sa peine de vingt ans, dans un camp à l'est de la Sibérie, il coupait de gros troncs de mélèzes et de bouleaux, au fin fond de la taïga, armé comme tous ses camarades d'une scie et d'une hache. La chute d'un arbre fit tomber un nid d'oiseau où, au milieu d'une bouillie d'oeufs éclatés, un seul se trouvait intact. Il le ramassa et en rentrant dans sa baraque, le montra à ses codétenus. Le rêve un peu fou de conserver cet oeuf miraculeusement épargné les enflamma. A tour de rôle, pour ne pas l'écraser, ils le portèrent sous l'aisselle et, la nuit, à tour de rôle, ces "couveurs" attachaient un bras à leur poitrine, évitant ainsi un faux mouvement... Quelque temps plus tard, un oisillon en sortit et fut nourri du pain mâchouillé puis de grains ramassés dans la forêt. Un jour, il vola - d'abord, d'un grabat à l'autre, puis à travers la baraque et enfin, s'échappant dehors, il dépassa les lignes de barbelés et le surplomb sinistre des miradors, se perdant dans l'éblouissement bleu au-dessus de la taïga...
L'homme au nez balafré murmura la fin de son récit : "Je me dis parfois que c'était peut-être ça, la seule vraie victoire de ma vie."
Commenter  J’apprécie          280
Une femme ivre traversait les voies d'un chemin de fer, un lacis de rails qui s'entremêlaient , bifurquaient, se perdaient dans la bruine d'une journée venteuse et maussade. Assommée d'alcool, elle trébucha, exécuta un balancement d'équilibriste, cherchant à ne pas perdre la face dans ce tangage comique et, enfin, comme si tout lui avait semblé finalement égal, s'affala sur une traverse maculée de goudron, se courba, se tassa, prenant la pose d'un gros oiseau désarticulé par la douleur.
Commenter  J’apprécie          245
Quant à moi, l'apparition de cette jeune femme vêtue de noir, puis son effacement à la croisée des ruelles, dans cet instant qu'elle rendait unique, devenait l'aveu de tout ce que je pouvais imaginer derrière l'expression "tomber amoureux", ou plutôt de tout ce qui dépassait, démesurément, définitivement, ces mots banals. Admiration, adoration, coup de foudre, émerveillement, tout cela, dans son abstraction livresque, n'avait aucun rapport avec ce que j'éprouvais. La seule empreinte de ses souliers laissée dans la poussière le long de la voie ferrée abandonnée - cette marque fine et délicatement imprimée - me déplaçait dans un univers où chaque objet espérait recevoir un autre nom.
Commenter  J’apprécie          244
Nous quittâmes notre refuge. Dehors, un soleil bas, très rouge, nous aveugla. Avant de descendre le talus couvert de ronces et de barbelés, Sarven murmura avec tristesse :
"Tu sais, il y a chez nous un proverbe qui dit : "Honteux de ce qu'il voit dans la journée, le soleil se couche en rougissant." Ce serait bien si les hommes en faisaient autant."
Commenter  J’apprécie          221
Je compris que nos vies glissaient tout le temps au bord de l'abîme et que, d'un simple geste, nous pouvions aider l'autre, le retenir d'une chute, le sauver.Presque par jeu, nous étions capables d'être un dieu pour notre prochain !

( Livre de Poche, 2022, p.101)
Commenter  J’apprécie          210
Ce type est venu pour soutenir les “combattants de la libération nationale”, c’est ainsi qu’il appelle les Arméniens qui vont être jugés. Il voudrait lancer une révolution immédiate, une lutte armée, “une guerre d’indépendance jusqu’à la dernière goutte de sang”…
— Et que dit Sarven ? (…)
« Sarven a dit : “Écoute, mon brave, si tu regardes la carte de l’Arménie, tu verras d’un côté les Turcs et de l’autre, les Azéris. Et au sud, les Iraniens. Et cela, même avec tes plus beaux projets de liberté et d’indépendance, tu ne le changeras pas. À moins d’envoyer les Arméniens sur la Lune… Donc, avant de lancer une guerre longue et meurtrière, tes camarades devraient étudier un peu la géographie…”
Commenter  J’apprécie          200






    Lecteurs (992) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1710 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}