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Critique de Apoapo


Apoapo
24 septembre 2016
Ce livre se compose de trois recueils de nouvelles : Sang, Sodome et Gomorrhe, Une Femme comme moi, qui datent de la fin des années 30 et du début de la décennie suivante.
Le sang est le fil conducteur du premier recueil, précédé d'une "confession" en guise d'introduction, et il est possible de trouver des traits communs dans ses nouvelles : leur caractère plus ouvertement autobiographique ou l'observation directe des faits contés par l'auteur, dans ses péripéties biographiques, une certaine chronologie anticipée dès le premier récit - "Le premier sang" - jusqu'à l'avant-dernier - "Juin malade" - où le protagoniste peut être l'auteur sous pseudonyme. A noter que, contrairement à la facilité à laquelle on pourrait s'attendre, aucune nouvelle n'a trait au caractère sanglant de la Grande Guerre, ni à une férocité particulière : au contraire, la "trace sanguine" n'est parfois guère qu'une ombre...
Le deuxième recueil est totalement hétéroclite. Plus fictionnel, plus expérimental, caractérisé par une variété de lieux et de temps ; dans la nouvelle "La fille du pasteur de Börn" cette dernière est le narrateur à la première personne ; la nouvelle éponyme, qui est la dernière du recueil et la plus longue, est un véritable chef-d'oeuvre, un conte philosophique où Malaparte, en randonnée équestre près de Jérusalem rencontre un Voltaire représentant d'automobiles Ford et deux anges bibliques aux ailes rognées par les militaires britanniques ! J'ai pensé très fort à Boulgakov...
Enfin dans "Une femme comme moi", bien qu'il y ait aussi de l'expérimentation de différentes techniques du genre, y compris des nouvelles pratiquement sans action, l'auteur se laisse aller à son petit jeu de s'imaginer sous des traits ontologiques variés, également par : "Un chien comme moi", "Une ville comme moi", "Un jour comme moi", "Une terre comme moi", "Un saint comme moi".

Il m'est difficile d'émettre un jugement unique, puisque la variété technique et stylistique donne des résultats plus ou moins conformes à mes goûts et à mes intérêts. le talent littéraire de l'auteur me semble néanmoins tellement évident que toutes les considérations sur sa personnalité et en particulier sur ses inconstances politiques en deviennent résolument secondaires. Surtout dans ces nouvelles qui n'ont aucune prétention de "reportage" tout en étant pourtant très informatives sur des faits, époques, circonstances, réels et facilement repérables historiquement.

Petite considération liminaire sur le vieillissement de cette traduction de plus de trente ans : on s'étonnera qu'une certaine paysanne toscane porte le prénom français de Catherine, qu'il y ait à Rome l'enseigne de la boutique des "Soeurs Tenaille, modistes", que les bergers de l'île de Lipari produisent de la "recuite" d'autant que le vocable "ricotta" est attesté dans la langue française depuis 1911 !
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