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Critique de clude_stas


La liste des « grands méchants » de la bande dessinée belgo-française est très, très longue : Buck Danny et Lady X, Michel Vaillant et le Leader, Tintin et Rastapopoulos, Lefranc et Axel Borg, Spirou et Zantafio, sans oublier Olrik, pour Blake et Mortimer. Mais celui qui me fascinait le plus dans mon enfance était Monsieur Choc (ou Choc, si on était un de ses intimes). En smoking, arborant un heaume d'armure médiéval, il incarnait le mal absolu, peut-être, mais habillé en Armani, le porte-cigarette à la main. So smart. Il était à la tête de la Main blanche, une organisation criminelle internationale, la plus puissante et la plus impitoyable de toutes. Sans pitié, des plans démoniaques plein son cerveau inventif (d'autres auraient dit « malade »), il ne souffrait aucune résistance. Seule sa voix pouvait le trahir puisque personne ne connaissait son visage. Un peu Darth Vador avant la lettre. Un de mes premiers antihéros favoris.
Monsieur Choc est un personnage récurrent des aventures de « Tif et Tondu ». Il apparaît pour la première fois dans les pages de Spirou (l'hebdomadaire) en 1955. Il sort de l'imagination du scénariste illustrateur Maurice Rosy (1927-2013) et fut parfaitement mis en page par Will (de son vrai nom Willy Maltaite (1927-2000). Ah ! Will, merveilleux dessinateur et véritable chantre de la beauté féminine, avait repris en 1949, Tif et Tondu, les héros créés par Fernand Dineur. Et voilà qu'aujourd'hui, en 2014, réapparaît ce souvenir de mon enfance dans un nouvel album, sous la plume du propre fils de Will, Eric dit tout simplement Maltaite, pour une histoire signée Colman.
Nous sommes donc bien avant la première rencontre de Choc (oui, moi, je peux me le permettre) avec ses ennemis préférés. Celui qui deviendra le Génie du Mal connaît une enfance bouleversante ; produit d'un viol, fils d'une pauvre fille française, il connaît les affres de l'institution pénitentiaire avec son lot de violences, et de viols, tout court. Et ceci expliquerait cela, sans nécessairement le justifier. Autant le dire, l'histoire est on ne peut plus « adulte » avec son humour noir, sa violence aveugle et le cynisme d'une bonne partie des personnages. Bien entendu, le scénario nous montre Choc rachetant le château de son maître, comme le fit Heathcliff avec « les Hauts de Hurlevent ». Ce qui nous offre toutes une série de flash-backs habilement entremêlés pour cette première partie d'un spin-off qui n'en comprendra que deux. Et dans certaines pages, les vues de la misère londonienne éveillent en nous des échos des romans de Charles Dickens. Ou les scènes de la Grande Guerre semblent résonner du bruit des canons de « A l'Ouest, rien de nouveau » d'Erich Maria Remarque. Mais la virtuosité de la narration ne serait rien sans le dessin de Maltaite au sommet de son art, bien entendu sous l'influence de son père, mais avec une dimension réaliste supplémentaire. Passionnant de bout en bout. Et bluffant.
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