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Critique de berni_29


Alabama 1963.
Le titre en dit déjà long sur le paysage qui nous attend. Rien que le titre, on sait déjà qu'on ne sera pas ici au pays des Bisounours.
Le thème fait froid dans le dos, on s'attend à du lourd et on n'est pas déçu... Birmingham en Alabama, le récit démarre au cours de l'été torride de 1963, cette fameuse année qui sera fatale quelques mois plus tard au Président Kennedy.
Le corps sans vie d'une fillette noire est retrouvé. Mais que fait la police ? Oh, vous savez, la police s'en préoccupe bien sûr, n'allez pas croire l'inverse, mais vous savez ce que c'est, il y a tellement à faire à côté, ne serait-ce que la sécurité dans les quartiers blancs...
Mais d'autres filles noires disparaissent toujours selon le même rituel...
C'est l'occasion pour nous de faire connaissance avec Bud Larkin, ancien flic viré de la police, reconverti en détective privé bougon, qui carbure au whisky et bien sûr raciste, comme à peu près tous les flics ou anciens flics que compte le charmant comté de Birmingham, mais aussi l'Alabama, et tant qu'à faire, tout le sud des États-Unis. Mais c'était en 1963... Ouf ! Comme vous le savez, les temps ont bien changé depuis lors...
Bref ! Bud Larkin, entre deux états proches de l'Ohio, reçoit des clients... Souvent ce sont des cocus blancs, c'est un peu sa spécialité... Il faudrait savoir où Madame passe ses après-midis et avec qui... Un flagrant délit, ce serait l'idéal... Mais Bud Larkin n'est pas très inspiré, jusqu'au jour où le père d'une des filles disparues lui demande d'enquêter. Contre toute attente il accepte...
Dans le même temps, nous faisons connaissance avec Adela Cobb, femme de ménage noire, Bud Larkin la prend à son service chez lui, car voilà, le fameux Bud Larkin, ce n'est pas vraiment un maniaque de la propreté... Son univers est un vrai capharnaüm.
Bien sûr tout les oppose, ces deux-là, a priori ça ne peut pas faire bon ménage entre eux, si j'ose dire. Adela commence à se mêler de ce qui ne la regarde pas. C'est sans doute son côté jeune veuve et mère de famille. Elle pense que les petites filles, même noires, ne devraient pas disparaître comme cela, bon sang ! Mais de quoi se mêle-t-elle ?!
Oui, on s'attend à du lourd et on sera servi, mais c'est un ton ironique qui s'invite dans le récit, des propos incisifs mêlés d'humour... Et un duo de choc que tout oppose. Et c'est sans doute là la force, la richesse, le sens aussi, de ce roman.
Cela n'enlève rien à la gravité du sujet, bien au contraire.
Le ton est un peu décalé, Adela est un personnage particulièrement attachant et bientôt à force d'avoir bien nettoyé, rangé l'intérieur de chez Bud, Adela se dit qu'il y a peut-être lieu de continuer sa tâche en mettant de l'ordre dans les idées de celui-ci...
Ce roman est addictif. Son rythme m'a plongé dans l'horreur américaine, la ségrégation, le Ku Klux Klan, mais aussi la réalité ordinaire, le quotidien parfois sordide, insupportable...
Mais il y a toujours ce pas de côté, ce rai de lumière qui effleure les nuages, des rires d'enfants dans un champ de coton...
Qui plus est, les personnages secondaires sont atypiques, ne manquent pas de relief et forment au final une communauté qui donne du sens au propos.
J'avais repéré depuis quelques mois ce roman sur Babelio, et mon amie Blandine que je remercie au passage, m'avait encouragé à le lire. Je ne sais pas pourquoi, je pensais que ce livre était un roman américain. Qu'elle ne fût pas ma surprise de découvrir que ce roman avait été écrit à quatre mains par deux auteurs français que je ne connaissais pas, Ludovic Manchette et Christian Niemiec.
Allez, je ne résiste pas à l'envie de vous partager un air qui me trotte dans la tête en terminant cette chronique, c'est du Neil Young pur jus :
« Oh Alabama
The devil fools
With the best laid plan.
Swing low Alabama
You got spare change
You got to feel strange
And now the moment
Is all that it meant. »
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