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Critique de Rodin_Marcel


Manchette Jean-Pierre - "Le petit bleu de la côte Ouest" – Gallimard / Série noire, 1976 – rééditions incalculables, la dernière en 2014 (ISBN 978-2070456659)

C'est tout à fait injuste de le formuler ainsi, mais ce roman paraît aujourd'hui quelque peu décevant, tant ce schéma narratif a été ensuite réutilisé à qui mieux mieux : sempiternelle histoire du cadre aisé qui se trouve un jour embarqué dans une sombre histoire par le plus grand des hasards, et est pourchassé par des tueurs professionnels. Ceci l'amène à sortir de son orbite habituelle, à faire des rencontres sortant de son ordinaire.
Comme il s'agit ici d'un roman des années soixante-dix, ˝le cave se rebiffe˝, déjoue les multiples tentatives de ses poursuivants, décide de se venger, parvient à se venger (on est à la limite du crédible) et finit par reprendre sa vie d'avant, comme si de rien n'était. Sauf qu'il lui arrive, sans raison aucune, de partir faire des tours de périphérique parisien à tombeau ouvert, ce qui donne, dans la toute dernière page du roman, quelques paragraphes parmi les plus littéraires écrits par Manchette.

Variation sur ce thème par exemple chez Bialot avec le magistral roman "La nuit du souvenir" publié en 1990 (voir recension).

Autre recension plus récente :
Manchette Jean-Patrick (1942-1995) – "Le petit bleu de la côte Ouest" – Gallimard / Folio-policier, 2020 (ISBN 978-2-07-045665-9) – réédition du roman publié en 1976 – avec une "présentation" (pp. 9-15) de James Sallis (rédigée en 2014).

Sans conteste, il s'agit de l'un des meilleurs romans de Manchette : ses personnages sont moins caricaturaux, ils auraient même un semblant de "vie intérieure", ce qui reviendrait à supposer que l'auteur se serait ici décidé à délaisser quelque peu son style précédent, purement descriptif, fort bien décrit dans la "présentation" de James Sallis.
De surcroît, se dégage dans ce récit une intrigue principale autour de laquelle s'organise des intrigues secondaires : c'est également un écart par rapport à ses précédents romans, dans lesquelles les intrigues foisonnent avec une égale importance.

Je reste quelque peu sceptique quant au message politique, supposément "anticapitaliste", que James Salis tient à accrocher au portrait de Manchette (cf p. 14).
Un autre point m'est insupportable : cette manie – importée des polars états-unisiens – de faire ingurgiter des hectolitres de whisky à la plupart des personnages, flanquée d'abondantes citations de ces succès commerciaux issus de l'industrie phonographique anglo-saxonne la plus navrante : je suis désolé de voir Manchette se plier à cette pitoyable mode (qui n'a fait que s'aggraver depuis)...

Ayant terminé cette relecture (à trente ou quarante années de distance) des romans policiers de Manchette et A.D.G. qui connurent tant de succès à leur parution, je relève que ceux de Manchette me semblent vieillis, alors que ceux d'A.D.G. conservent au moins l'originalité du langage, du vocabulaire, du style littéraire...

Mais qui –dans les générations ultérieures – est encore en mesure de comprendre les allusions que ces deux auteurs font aux modes sociales, politiques et intellectuelles des années post-soixante-huitardes (comme la fraction SR du PSU – p. 44) ?

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