AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de souliersdesaison


" La Fiancée de Whale (ainsi que l'a dit Paz de la Mariée de Duchamp) est une oeuvre 'en quête de signification' et, pour cette raison même, inépuisable." C'est ainsi qu'Alberto Manguel conçoit la réalisation de Whale, fièrement adaptée du roman de Mary Shelley.
Avec La Fiancée de Frankeinstein parut aux éditions de l'Escampette en 2008, et traduit de l'anglais par Christine le Boeuf, Alberto Manguel ajuste sa plume sur une écriture croisée entre l'analyse filmique et la critique littéraire.
L'essai s'ouvre sur la première rencontre entre Manguel et le monstre ; souvenir qui permet d'introduire le cinéaste Whale ainsi qu'une courte biographie sur la fin de sa vie.
L'essai est divisé en plusieurs petites parties qui se fondent parfaitement les unes aux autres, Manguel les fait couler avec brio entremêlant anecdotes multiples ( équipe cinéma, rencontre, confection du monstre) au même titre que des références littéraires et religieuses. L'écrivain aiguise son oeil critique sur un succès "monstre", il revient sur sa conception et le traitement de l'imaginaire et de la terreur. Il joue notamment avec les symboles qui transpirent des oeuvres respectives de Mary Shelley et de Whale, on remarque qu'il aime pointer les références aux personnages de Shakespeare tout autant qu'à ceux de la Genèse et qu'Adam et Eve.
Parfois avec ironie, il scalpe la relation qui unit le créateur et la création ; ainsi dans " le monstre parle ", Frankenstein "subit le sort de l'étranger qui consiste à se voir avec les yeux de celui qui le hait." ; la souffrance de la création d'avoir été créé est volontairement dénoncée quand sur un autre plan, l'attachement du créateur à ses créations est loué.
Manguel rapproche enfin les oeuvres de Shelley et de Whale pour mieux souligner les différences de traitements et d'interprétations qui sont faits par rapport au monstre.
L'écriture de Manguel est relativement simple, mais elle sait tout de même mettre le mouvement quand il est nécessaire, ainsi le lecteur est réellement plongé dans une suite de mots visuels qu'on ne lâche qu'à la fin.

J'ai apprécié cet essai, car loin d'être rébarbatif et ennuyeux, les 77 pages s'avalent d'une traite. Manguel n'échoue pas et propose un récit vif et juste. Je salue la construction de l'ouvrage et notamment les deux dernières parties qui élargissent sur les mythes de création, mais aussi sur le traitement des personnages féminins. L'accent est porté sur l'oeil compatissant par lequel on peut voir le monstre. Enfin cet essai est une réussite car Alberto Manguel m'a ouvert un univers qui m'était inconnu jusqu'alors.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}