Ama : Le souffle des femmes

C'est étrange, je viens de lire très récemment “Dérives” d'Alexis Bacci, deux romans graphiques sur le thème de la pêche aux ormeaux au Japon, voilà qui n'est pas commun. Au Japon, cette pêche est pratiquée par une caste particulière, seules les femmes pratiquent la plongée en apnée. Je ne sais pas si quelqu'un qui n'a jamais goûté d'ormeaux peut en comprendre la signification, alors attention, sujet ultra-sensible pour un nord-finistérien !
Le thème est surtout axé sur la vie de cette caste féminine, les relations entre ces femmes, leur famille, les tabous, les règles… le récit est dur et touchant, la vie d'Isoe et de sa nièce Nagisa est bien imaginée et nous immerge dans l'émotion d'une histoire de famille.
Mais le dessin est assez froid et raide et manque à mon goût de lyrisme et de fantaisie sous-marine, c'est dommage, alors que le graphisme aurait pu donner une impulsion supplémentaire, de la tension, il aurait pu porter les silences et les non-dits, il reste froid et se contente d'illustrer le propos et retient même l'émotion.
Belle bande dessinée, belle histoire, mais tout comme pour Alexis Bacci, je reste sur ma faim.

Japon, années 1960. Nagisa est une jeune fille envoyée chez sa tante qui habite sur une petite île, Hegusa. La mère de Nagisa a quitté cet endroit il y a 20 ans du jour au lendemain sans prévenir personne. La tante enseignera à Nagisa le métier d' « Ama », ces femmes qui plongent dans l'océan pour ramener des ormeaux aux pêcheurs qui en exploitent ensuite les perles. Elle aura du mal à se faire une place dans cette société particulière. Notamment concernant le mariage car une Ama ne peut pas vivre seule en principe...

Je n'en dis pas plus ; ce n'est pas un coup de coeur mais il faut noter que les illustrations sont très belles. de toute façon la mer m'a toujours apaisée :-)

Quand on regarde la couverture, notre curiosité est tiquée. Que fait cette femme presque nue avec des lunettes, un couteau et une corde. Dans le titre, on devine tout de suite avec Ama, qui sont ces femmes qui pêchent à la main tout ce qui coquillage. Sur Hegura, elles sont spécialisées sur les ormeaux. Une rare pêche traditionnelle faîtes par des femmes au Japon. Il y a encore des reportages sur ce sujet. C'est rare que le 9e art se préoccupe de ce sujet. On ne peut que féliciter Franck Manguin et Cécile Becq d'avoir eu l'envie de faire récit sur cette communauté. Ce n'est pas un documentaire, c'est un focus sur une adolescente "déshonoré" envoyé chez sa tante pour l'éloigner des quand dira t'on. Les cancans peuvent vraiment faire du mal. Progressivement, elle trouve sa place et arrive à devenir indépendante. Mais l'idée de devoir se marier pour continuer son travail, lui donne des boutons. Pourquoi ne pas avoir le droit d'être libre?

Ce qui est dommage c'est que le début et la fin du récit se finisse assez promptement. La demoiselle arrive comme ça. On arrive très bien à comprendre la raison. Mais partir du jour au lendemain sans expliquer le pourquoi du comment à sa tante semble un peu tirer par les cheveux. Surtout qu'après de nombreuses années au sein d'une communauté, elle aurait pu aborder le sujet et savoir ce qui était possible. Cela fait un peu traitrise à ceux qui ont appris à vous donner de la confiance. Et le fait que plus tardivement, elle fasse de la pêche dans un musée pour distraire les touristes, ne change pas trop la donne.

Le changement climatique est abordé en trame de fond. L'acheteur propose des tenues de plongée aux ama. Ainsi elles auront moins froids et pourront pêcher sur une plus longue durée. Comme il y a de moins en moins d'ormeaux, il faut trouver une alternative. "Les ama d'Isé les utilisent depuis des années et elles ne s'en plaignent pas! Elles vivent avec leur temps, elles..." (p. 90). Isoé tient à rappeler un contexte : "Mais Sakéo, tu sais très bien que si les ormeaux disparaissent, c'est parce qu'ils n'ont plus assez à manger! Les températures montent et tuent les algues dont ils se nourrissent. Mets ta jolie combi et passes-y tes nuits aussi. Tant que t'y es, et sous peu tu verras, il n'y aura plus rien à prendre..." (p. 91). Au final, toutes prendront la tenue et il y aura de moins en moins d'Ama. Y avait-il une discussion à avoir pour savoir comment préserver l'espèce et son métier?

Le dessin très précis et net permet d'ancrer le récit dans le réalisme. Cecile Becq va à l'essentiel et donne tous les éléments graphiques nécessaire pour l'immersion. le choix de la bichromie est très judicieuse. On se focalise plus sur l'histoire. le jeu de contraste avec parfois le fond blanc et parfois bleu donne une dynamique discrète et impulsant. La mise en page assez classique nous propose des gros plans sur des éléments importants. Il n'y a pas de vulgarité ou de voyeurisme gratuit malgré le fait de voir des femmes presque nue. La perversion n'est pas présente et c'est plaisant à lire. le scénariste montre juste une situation de conflit avec un mec qui n'a pas apprécié être rejeté. Une situation trop habituelle dans le monde. Et malheureusement il faut l'intervention d'un autre homme pour mettre fin à cette violence ordinaire. Cette société reste encore très traditionnelle. Et n'interroge pas son modèle. La différence avec les autres repose sur le fait qu'il est positif d'avoir une fille et pas un garçon.

Très joli roman graphique qui nous plonge littéralement au coeur de la vie des "amas", ces femmes plongeuses et pêcheuse d'ormeaux connus au Japon.
Sous des traits très arrondis et aux nuances bleutés, on voit évoluer des hommes et des femmes dans un monde de labeur mais entouré du plus beau des paysages. Dont la mer qui est le personnage principal emprunt de beauté, de secrets.
On y découvre un monde en perdition dans les années 60. Celui de la vie des femmes "amas" qui, à la fois guerrières et gardiennes d'une pêche ancestrale voient leur monde s'éroder avec le déclin de la population des îles et la fuite de leurs enfants vers une civilisation plus attirante sur le continent.

Sur fond d'histoire familiale, une jeune femme revient sur l'île auprès de sa tante pour changer ou plutot pour fuir une vie intime blessée et avec elle on découvre la fougue et la ténacité de ses femmes qui sont loin de l'image des femmes effacées ou soumises de l'époque.
Indépendantes, nues et avec des caractères forts, ces femmes sont les derniers temples d'un métier en voie de disparition et c'est un bel hommage que l'auteur leur rend.
Je n'ai cependant pas été forcément très prise dans l'histoire que j'ai trouvé décousue et avec des ellipses tout aussi étranges que très abruptes notamment à la fin où un condensé est organisé dans le dernier chapitre comme s'il y avait une urgence à finaliser le roman.
Je suis donc restée un peu sur ma faim...

Une bande dessinée agréable pour découvrir ces "Ama", femmes japonaises qui plongent nus pour pêcher des ormeaux. Femmes de caractères. Nagisa, jeune citadine de Tokyo revient sur les traces de ses parents et tente de devenir Ama mais ce n'est pas facile d'orienter son destin.

J'avais envie de lire cette BD depuis sa sortie, le thème est original et les dessins sont très beaux. On y voit le contraste entre la culture ancestrale et la modernité des années soixante. J'ai cependant été déçue par la fin de l'histoire, un peu abrupte et plutôt triste.

Une lecture douce amère, aux dialogues et aux images épurées. L'utilisation de bleu comme unique couleur en plus du noir et blanc renforce cette impression de douceur onirique. le récit est dur, comme quand on plonge dans l'eau froide et sombre ; mais il est aussi très poétique, comme quand on croise des poissons et qu'on sent la caresse du soleil à travers les flots. Malgré la présence de dialogues, j'ai eu une étrange impression de silence, comme quand on est sous l'eau.
Bref c'est une lecture qui remue et qui laisse mélancolique. À lire !

Une bd aussi intrigante qu'envoutante qui nous emmène à la découverte du métier d'ama dans un Japon pas si lointain que ça. Ces îliennes étaient devenues maîtres dans l'art de la pêche aux ormeaux et avaient ainsi acquis une indépendance rare à cette époque.
Le récit de Franck Manguin nous emmène à la découverte de cet art de vivre à travers les yeux d'une jeune femme venant de la ville. On la suit sur plusieurs décennies de son apprentissage à son retour en passant par sa fuite.
Les dessins de Cécile Becq, uniquement dans les tons bleus, remettent la mer au centre des préoccupations et donnent une atmosphère intemporelle à l'ensemble.
Une bd féministe qui n'en a pas l'air !

Cette bande dessinée nous permet de plonger en plein coeur de la culture japonaise, des traditions ancestrales. On découvre ainsi cette communauté, régit principalement par des femmes de caractère, qui s'affirment et qui veulent faire corps avec la nature. Nous verrons ainsi toutes les difficultés qu'elles vont rencontrer au quotidien, la pénibilité de ce travail, et souvent le peu de reconnaissance qu'elles ont. L'album aborde également une partie fictive, qui entremêlera quête d'identité, drame familial et la place des traditions. Une jolie découverte complétée par des illustrations simples et très épurées dans les tons de bleus blancs et noirs. L'occasion d'en apprendre davantage sur la culture nipponne.