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Critique de fanfanouche24


Après avoir présenté une sélection pour mettre en avant le fonds très riche des éditions du Tripode, j'ai acquis plusieurs autres textes de cette maison d'édition, que j'avais retenus, dont les « Carnets » de Goliarda Sapienza, et ce petit livre d'une auteure-journaliste-éditrice, dont je souhaitais lire avant tout, « le Sillon » [ ce que je ferai aussitôt après celui-ci ]…

Un récit personnel d'une auteure, mal dans sa vie, portant une histoire familiale marquée par la mort et trop de suicides….dont celui de sa grand-mère, qui l'interpelle dans sa propre existence…
« Je repense à ma grand-mère souvent, comme à une ombre errante; je sais n'avoir pas fait ce que j'aurais dû après sa mort. J'ai laissé passer l'occasion d'un livre, d'une catharsis. Un échec en suspens que je n'ose pas entériner. (p. 55)”

Un texte au titre trompeur, puisqu'il s'agit de tout sauf de calme et de tranquillité…sauf peut-être le souhait de la narratrice de retrouver un sens et un équilibre, après l'irruption cataclysmique de la violence dans sa vie : les meurtres de ses amis de Charlie-Hebdo…en janvier 2015, alors qu'elle se trouvait à Marseille… et partait pour d'autres projets, tout en restant très liée avec sa bande de Charlie, où elle avait trouvé une famille élargie , après le choc du suicide de sa grand-mère !

Des tentatives de comprendre comment tant de haine et de violence peuvent surgir, exploser envers les autres ? Aucune réponse satisfaisante…ne peut faire comprendre la mort brutale, injuste d'hommes, de femmes…engagés, aimés, respectés, contestés également car ils (les journalistes, caricaturistes, en l'occurrence) défendent les Libertés d'expression…
« Bien sûr qu'on se sent coupable.
On aura beau mobiliser tous les soutiens qu'on voudra.
Comment en est-on arrivé à cristalliser la haine à ce point. Ce point où l'on fait ressortir le pire chez l'autre. (p. 80)”

Valérie manteau relate son intense chagrin, le manque de ses amis, dont Charb…, le sens qu'il faut retrouver à son propre chemin, après avoir perdu avec autant de barbarie, les personnes que l'on aimait, avec lesquels on a partagé travail, complicités, échanges, amitié, virées pour refaire le monde ! …. Et puis PLUS RIEN !


L'auteure rejoindra Istanbul, ville qui la fascine, l'attire comme un aimant… et où de plus, un homme aimé… s'y trouve… Elle fuira dans l'alcool, les nuits agitées, l'écriture… pour retrouver pied dans un monde qui s'était subitement totalement obscurci. Ce que j'ai fortement apprécié dans ce récit personnel, c'est une sorte d'honnêteté, sans pathos, en tentant d'analyser, de saisir l'Innommable…, tout en restant fidèle à ses amis, à ses convictions, et , en dépit de tout, d'éprouver le miracle de la Vie…d'aimer l'existence…les personnes, envers et contre tout !

Je suis très curieuse de découvrir « le Sillon »… où justement le personnage central du roman se trouve être la mystérieuse Istanbul…

****Et un petit clin d'oeil de remerciement pour la qualité du choix des textes des éditions du Tripode, ainsi que pour l'esthétique simple ,harmonieuse et expressive des maquettes de leurs ouvrages !
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