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Après avoir présenté une sélection pour mettre en avant le fonds très riche des éditions du Tripode, j'ai acquis plusieurs autres textes de cette maison d'édition, que j'avais retenus, dont les « Carnets » de Goliarda Sapienza, et ce petit livre d'une auteure-journaliste-éditrice, dont je souhaitais lire avant tout, « le Sillon » [ ce que je ferai aussitôt après celui-ci ]…

Un récit personnel d'une auteure, mal dans sa vie, portant une histoire familiale marquée par la mort et trop de suicides….dont celui de sa grand-mère, qui l'interpelle dans sa propre existence…
« Je repense à ma grand-mère souvent, comme à une ombre errante; je sais n'avoir pas fait ce que j'aurais dû après sa mort. J'ai laissé passer l'occasion d'un livre, d'une catharsis. Un échec en suspens que je n'ose pas entériner. (p. 55)”

Un texte au titre trompeur, puisqu'il s'agit de tout sauf de calme et de tranquillité…sauf peut-être le souhait de la narratrice de retrouver un sens et un équilibre, après l'irruption cataclysmique de la violence dans sa vie : les meurtres de ses amis de Charlie-Hebdo…en janvier 2015, alors qu'elle se trouvait à Marseille… et partait pour d'autres projets, tout en restant très liée avec sa bande de Charlie, où elle avait trouvé une famille élargie , après le choc du suicide de sa grand-mère !

Des tentatives de comprendre comment tant de haine et de violence peuvent surgir, exploser envers les autres ? Aucune réponse satisfaisante…ne peut faire comprendre la mort brutale, injuste d'hommes, de femmes…engagés, aimés, respectés, contestés également car ils (les journalistes, caricaturistes, en l'occurrence) défendent les Libertés d'expression…
« Bien sûr qu'on se sent coupable.
On aura beau mobiliser tous les soutiens qu'on voudra.
Comment en est-on arrivé à cristalliser la haine à ce point. Ce point où l'on fait ressortir le pire chez l'autre. (p. 80)”

Valérie manteau relate son intense chagrin, le manque de ses amis, dont Charb…, le sens qu'il faut retrouver à son propre chemin, après avoir perdu avec autant de barbarie, les personnes que l'on aimait, avec lesquels on a partagé travail, complicités, échanges, amitié, virées pour refaire le monde ! …. Et puis PLUS RIEN !


L'auteure rejoindra Istanbul, ville qui la fascine, l'attire comme un aimant… et où de plus, un homme aimé… s'y trouve… Elle fuira dans l'alcool, les nuits agitées, l'écriture… pour retrouver pied dans un monde qui s'était subitement totalement obscurci. Ce que j'ai fortement apprécié dans ce récit personnel, c'est une sorte d'honnêteté, sans pathos, en tentant d'analyser, de saisir l'Innommable…, tout en restant fidèle à ses amis, à ses convictions, et , en dépit de tout, d'éprouver le miracle de la Vie…d'aimer l'existence…les personnes, envers et contre tout !

Je suis très curieuse de découvrir « le Sillon »… où justement le personnage central du roman se trouve être la mystérieuse Istanbul…

****Et un petit clin d'oeil de remerciement pour la qualité du choix des textes des éditions du Tripode, ainsi que pour l'esthétique simple ,harmonieuse et expressive des maquettes de leurs ouvrages !
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Acheté sur un coup de tête, je ne savais rien de ce livre sinon le court résumé en quatrième de couv': "Calme et tranquille décrit l'irruption brutale de la violence dans la vie d'une jeune femme. du chaos, Valérie Manteau a fait une maison familière, puis ce livre".
Trois auteurs et pas des moindres en font l'éloge, Ernaux, Despentes et Laferrière. Si j'avais connu le thème, je ne l'aurais peut-être pas acheté car ce n'est pas ce que je cherchais alors, mais je ne regrette pas pour autant.
Valérie est au Congo lorsqu'elle voit, délirante de fièvre, une représentation de 4?48 psychose de Sarah Kane; l'acteur, sur scène les mains dégoulinant de sang, rit dans le silence. Une image qui reviendra fréquemment à la jeune femme dans les années éprouvantes qui suivront et lors de ses rendez-vous psy.
Valérie Manteau a été journaliste à Charlie Hebdo. Elle y a connu et fréquenté toute la clique bien sûr, mais en particulier Charb et Pelloux. Elle n'y travaillait plus depuis quelques mois lorsque l'attentat a eu lieu, ce moment où sa vie bascule en un enfer dont elle devra remonter.
Ce roman autobiographique a peut-être été la clé de sa convalescence, on n'en saura rien, mais sans doute son écriture lui aura permis d'enfin vomir en mots ce que son corps vomissait en douleurs et maltraitances.
J'ai lu ce roman avec attention et intérêt, suivant Valérie Manteau dans ses tentatives de surmonter ses souffrances, mais je n'ai pas totalement accrochée ni à toutes ses idées ni au texte tout simplement. L'autofiction est un genre qui peut toucher mais aussi facilement agacer et c'est ce qui m'est arrivée par moments.
Avec ce roman, j'ai replongé dans ce mois de janvier 2015, les marches pour la liberté d'expression, puis ce qu'il s'est ensuivi par la suite, le Bataclan, les faux-procès de plus en plus nombreux voulant censurer des paroles pas politiquement correctes; ce livre a le mérite de remettre tout cela à plat.
Il reste malheureusement quelques coquilles, quelques maladresses syntaxiques sans doute non corrigées qui obligent à relire certaines phrases pour les comprendre.
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Louise, la grand-mère, est morte, elle s'est suicidée. Pourquoi? Comment? L'auteure tente d'essayer de comprendre et trouve du réconfort au sein de la famille Charlie Hebdo.
Puis l'auteure quitte Charlie pour travailler à Marseille. Elle vit alors entre trois villes Paris, Marseille et surtout Istanbul.
« Vue sur la mer intérieure calme et tranquille » écrit l'auteure. Et puis, tout s'effondre, assassinat à Charlie Hebdo. le chaos.
Ce livre m'a séduite par son ton, par sa sincérité, par son histoire. Comment continuer à vivre, trouver un sens à la vie face à la violence? Comment on vit quand tout bascule. On boit plus qu'il ne faut, on rit, on pleure,... et la vie continue avec tous ses absents.
Ce livre, c'est l'histoire d'une femme qui, face à cette violence à laquelle personne n'est préparé, essaie de trouver des pistes pour continuer à avancer pas à pas. Elle est touchante, bouleversante et incroyablement vraie. J'ai hâte de lire « Le sillon ». Bonne lecture!
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Je tiens tout d'abord à remercier chaleureusement les Editions Tripodes qui m'ont gentiment envoyé ce livre en service presse.

En ouvrant ce livre, je ne savais pas du tout a quoi m'attendre. le quatrième de couverture, s'il m'avait intrigué, ne m'a rien dit de ce que je trouverais dedans.

Et ce fut le choc. Valérie Manteau, ancienne de Charlie Hebdo, nous (re)plonge dans l'émotion du 7 janvier 2015.

J'ai lu Charlie Hebdo toute ma vie. Depuis sa reparution en 92 (j'ai alors 17 ans). Dès le n° 1 certains de la bande me sont devenus « intimes ». Cavanna, bien sûr, que je connaissais par ses livres, Charb, dont l'humour noir et l'irrévérence l'ont immédiatement propulsé dans le rôle de grand frère parfois énervant, mais qui toujours me forçait à cogiter, Oncle Bernard, pour sa pédagogie et son économie apocryphe, Siné, l'oncle râleur que je rêvais d'avoir, Luz pour…tout.

Réentendre leurs voix, leurs rires, leur humour, leur humanité m'a profondément secoué.

Valérie Manteau nous livre sans retenue, mais avec beaucoup de délicatesse, cette période de déchirure, de doute, d'errance. le coeur est à vif, les sentiments confus et la peur réelle. Des amis, des amants, des psys (?) permettent de ne pas couler tout à fait.

Ce livre est une veillée funèbre, où, bien sûr, on aimerait que les circonstances qui nous ont menées là ne soient jamais survenues, mais où, aussi, le souvenir des disparus plane, nous refaisant sourire, parfois pleurer, dans une communauté d'esprit. Et si nous n'étions pas toujours sur la même longueur d'onde, se rendre compte qu'il manque au monde ces voix et ces rires. Et que c'est abominable.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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Un texte court et efficace sur l'irruption de la violence (les attentats de Charlie Hebdo) dans la vie de Valérie Manteau qui y était journaliste. Je ne savais rien d'elle ni de ce qu'elle avait vécu en débutant cette histoire et cette lecture m'a étrangement donné l'impression d'avoir touché son âme du bout des yeux. L'auteure parle de ce bouleversement mais ce n'est pas larmoyant. Elle est profondément affectée mais ne donne pas l'impression de s'apitoyer sur son sort. Elle paraît parfois forte, souvent fragile. Elle parle de la mort mais surtout de l'amitié. Elle se livre au travers de fragments courts mais se dissimule aussi par tout ce qu'elle ne dit pas (et c'est tant mieux). L'écriture est vive et intelligente. Bref, un texte que je conseille vivement.
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Ceci est le premier livre publié par la Française Valérie Manteau, la désormais ex-journaliste de Charlie Hebdo, qui passe sa vie entre Marseille et Istanbul, collectionnant les amants turcs comme d'autres boulottent des loukoums.
Contrairement à son 2e livre, le Sillon, où elle évoque l'assassinat d'un journaliste kurde en pleine rue, ce premier texte est plus intime. En effet, la jeune femme est au coeur de la tragédie quand elle apprend que ses collègues de Charlie se sont fait décimer puisqu'elle a décidé de quitter le journal peu de temps avant. Folle de douleur, elle rejoint son envoûtant refuge, à cheval entre l'Europe et l'Asie, les rives de son Bosphore adoré, peut-être pour se confronter aux contradictions du monde moderne, à cet Orient occidentalisé malgré lui par Atatürk et à cet Occident qui voit ses valeurs chahutées. Entre ses déambulations stambouliotes et ses pèlerinages parisiens (elle enchaîne les enterrements), dans une écriture pudique et sensible, elle explore ses propres failles, mises au jour par le suicide récent de sa grand-mère, tentation morbide qui la travaille elle aussi, alors qu'elle navigue de psy en psy, cherchant l'apaisement, la reconstruction de soi, déjà, malgré les hallucinations, les cauchemars, les mauvaises rencontres, le souvenir de ses collègues si drôles...
Un beau texte, sincère, pertinent, qui marque, qui reste. A lire.
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J'ai choisi ce livre sur le seul nom de son auteur, dont j'ai récemment aimé le sillon, auquel j'avais trouvé un ton très personnel, une ardeur, une nécessité. J'ai sans doute aussi été séduite parce titre, Calme et tranquille et là je n'ai pas été déçue : ce n'est absolument pas calme et tranquille.

Comme quoi, quand je ne cherche pas les livres sur le stress post-traumatique, ils viennent jusqu'à moi, même si c'est par le biais d'une espèce de publicité mensongère.

Cela commence avec le suicide de sa grand-mère, chose terrifiante, déboussolante. Pour se restructurer, se ressourcer, lasse des psys à côté du sujet, Valérie Manteau a ses copains de Charlie Hebdo, à commencer par Charb avec qui elle développe un lien d'une proximité amicale réconfortante, qui ne manque pas de lui rappeler qu'on peut rire de tout, absolument tout, et qui l' encourage dans ses recherches littéraires inabouties sur le suicide.
Seulement, travailler à Charlie Hebdo en 2015, ce n'est pas forcément la solution pour aider à faire un deuil compliqué…
Retrouver ensuite à Istanbul un ancien amant turc, dans un contexte d'élections consternantes en Turquie non plus d'ailleurs.
S'accrocher à son humour caustique ne suffit plus forcément.

À travers ces événements dramatiques, témoins d'une époque chaotique ou le (bon) sens se perd, Valérie Manteau réussit un auto-portrait atypique : une jeune femme « libre, très libre », en recherche d'expériences et d'humanité, emmenée à la dérive par la violence de la vie contemporaine.
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Valérie Manteau travaillait à Charly Hebdo, le jour de l'attentat elle était absente et a appris par téléphone la tragédie. Dans son roman qui n'est pas un simple témoignage, elle confronte le suicide de sa grand-mère qu'elle a appris de la même façon à cet évènement. Bien sûr elle aborde ce que le 7 janvier 2015 a eu comme conséquences sur sa vie dans les premiers jours puis plus tard et même encore maintenant mais elle interroge avant tout le sens de la vie ou le sens de ces morts. Une façon de prendre du recul face à l'horreur.
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C'est un très beau livre qui nous ramène aux attentats de Janvier 2015.
Valérie Manteau écrit sans pathos, mais ne cesse de nous faire parvenir le chaos qu'elle traverse.
Elle est sans concessions, violente et perdue . Ça touche, ça cogne car on se retrouve dans ce déchirement des repères, des désirs .
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Je ne connaissais pas du tout l'autrice, pourtant primée pour son deuxième roman le Sillon, et quand j'ai lu « irruption brutale de la violence dans la vie d'une jeune femme » dans le résumé, j'ai instinctivement supposé qu'il s'agissait de violence conjugale. Mais non. En tout cas ce n'est pas le sujet premier du texte.

Il m'aurait suffi de peu de recherches pour comprendre ce que j'ai fini par saisir. La violence, dans le texte, c'est avant tout la mort des proches. D'abord la grand-mère suicidée qui perturbe sa petite-fille, qui tente de capter l'émotion des derniers instants de son aïeule et va chercher les raisons de son geste dans son programme télé. Déjà à ce stade du récit, j'avais remarqué qu'il ne s'agissait pas d'un roman comme je le croyais mais bien d'un témoignage, d'un récit autobiographique. Je ne suis pas toujours très à l'aise avec ce type de livre, je préfère largement la fiction au réel, et les personnages aux personnes qui me touchent souvent moins. Ici pourtant j'ai continué ma lecture sans trop peiner, même si j'ai fini par comprendre de quoi il était réellement question lorsque l'autrice détaille son quotidien et évoque son travail… à Charlie Hebdo.

Avec une certaine pudeur qui n'est pourtant pas exempte de détails, Valérie Manteau revient sur l'épisode tragique que l'on connaît tous des attentats de 2015. Après le décès de sa grand-mère, la perte de ses collègues et amis dans ces circonstances brutales la plonge dans des abîmes. le texte devient de plus en plus sombre, couleur de désespoir, voire d'auto-destruction. Pourtant, même au pire moment, elle trouve la force d'habiller ses sentiments de références littéraires qui agacent tant son psy et de souvenirs rieurs comme un hommage aux disparus.

Et puis il faut finalement partir pour tenter de surmonter le chagrin et d'enfin, se mettre à faire ce que tous et toutes lui conseillent depuis longtemps : écrire. Les lignes sur Istanbul sont jolies, on en aurait voulu davantage, même si la ville devient peu à peu surtout le théâtre de la relation avec « l'amant ». Ce rapport mêlé de violence m'a déstabilisée sur la fin de ma lecture, et m'a semblé plus proche d'une nouvelle tentative auto-destructrice (telle la scène du punk) que d'un début de guérison.

Plus sur le blog :
Lien : https://lilylit.wordpress.co..
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