AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Aline1102


Deuxième volet de la trilogie consacrée à Thomas Cromwell, "Le Pouvoir" se concentre sur la chute d'Anne Boleyn et les raisons qui l'ont précipitée.
L'avidité d'Henry VII est tout d'abord exprimée. le roi d'Angleterre, très versatile en matière de femme, a croisé Jane Seymour à l'issue du premier volume de la trilogie, "Dans l'ombre des Tudors", et cette rencontre n'a pas fait de bien à Anne Boleyn, encore et toujours qualifiée de "concubine" par de nombreux sujets d'Henry et par des souverains étrangers. Fasciné par la jeune Jane, pourtant décrite ici comme très quelconque, Henry va demander à Cromwell - de façon à peine voilée - de le débarrasser d'Anne.

Comme seconde justification à l'exécution d'Anne Boleyn, il y a les préoccupations dynastiques d'Henry, déçu de ne toujours pas avoir de fils capable de lui succéder. le souverain voit les années passer et commence à s'inquiéter de son âge et de ses capacités à engendrer un héritier mâle digne de s'asseoir sur le trône d'Angleterre après sa mort. Et pour Henry, s'il n'a pas de fils, c'est nécessairement la faute de son épouse. Une compagne plus jeune et moins vindicative lui semble donc tout appropriée pour enfin lui donner un fils.

Et Cromwell, l'exécuteur des basses oeuvres, celui qui travaille dans l'ombre (comme l'indique si bien le titre du premier roman de Mantel) va agir selon la volonté du roi et "débarrasser" Henry d'Anne. Car Cromwell sait que s'il ne satisfait pas son souverain, d'autres que lui le feront : la tête du secrétaire particulier ne restera alors pas longtemps sur ses épaules, vu la propension d'Henry VIII à ordonner des exécutions... Et puis, Cromwell a certains griefs personnels à régler et sa propre envie de vengeance à assouvir : il reste d'abord et avant tout l'homme du cardinal Wolsey et, fidèle à la mémoire de son premier maître, la machinerie judiciaire qu'il met en branle pour faire tomber Anne met aussi en cause des hommes qui, par le passé, ont nui au cardinal. Ou qui se sont gaussés de Thomas Cromwell lui-même, car l'homme est rancunier.

Hilary Mantel n'est pas tendre avec les hommes dans ce deuxième tome. Henry VIII y apparaît comme plus versatile et capricieux que jamais. Thomas Cromwell n'apparaît pas non plus sous son meilleur jour : calculateur et partial, il n'hésite pas à frapper durement, tout en veillant à mettre ses amis et sa famille à l'abri. Malgré tout, Cromwell reste fascinant et la façon dont le dépeint l'auteure permet de mieux comprendre ses motivations : après tout, Henry VIII n'était pas vraiment le genre d'homme à pardonner l'inefficacité ou les contrariétés. Alors, pour sauver sa peau - et sa fonction - et celle des siens, Cromwell obéit.

Si j'ai apprécié dans ce roman la description sans concession qui est faite de ces deux hommes, j'ai également beaucoup aimé la compassion et la grande sobriété dont l'auteure fait preuve en décrivant l'exécution d'Anne Boleyn. Sans sensationnalisme mais aussi sans mièvrerie, Mantel nous livre les derniers moments d'une femme qui a souhaité mourir avec dignité, comme pour faire mentir ses détracteurs qui la traitaient d'épouse dépravée pratiquant des actes contre nature. Et même si, comme l'auteure l'explique elle-même, peu de témoignages fiables existent quant au décès d'Anne Boleyn, je pense qu'on aimerait tous qu'elle ait fini ainsi : avec dignité, comme pour se venger d'un époux trop volage.
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}