Alors que l'on brûle deux sorcières sur la place centrale, un bébé albinos vient au monde. Moqué et malmené, l'enfant trouve refuge dans la forêt, auprès des insectes qui le fascinent, mais surtout auprès de Viviana, femme solitaire. « Il y a longtemps, j'habitais dans le même village que toi. / Ah bon ? Pourquoi tu es partie, alors ? / On ne voulait plus de moi… Mais moi, je veux bien de toi, Martino… Alors tu es ici chez toi. » (p. 77) Enfin libre et libéré des moqueries, le petit s'affirme et grandit. Auprès d'autres femmes qui ont choisi de s'écarter du monde, il prend confiance et décide qu'il sera lui, aussi, une sorcière. « Aux yeux des hommes, nous ne sommes que des erreurs de la nature. / Moi, je veux être comme vous. » (p. 113)
Cette très belle bande dessinée chante la sororité sincère et totale, celle qui accepte l'autre tel·le qu'iel est et tel·le qu'iel se définit. Puisqu'il a été rejeté pour ce qu'il n'a pas choisi d'être, Martino décide qui il sera, et il n'est plus seul. « Je suis là pour toi. Pour t'aider. Pour te soutenir. Ensemble, on peut y arriver. On peut s'aider à vivre. » (p.166) Sans réinventer les procès pour sorcellerie, l'oeuvre pointe une évidence : la sorcière est celle qui dérange, et l'on peut déranger pour bien des choses. « C'est avant tout un mot : beaucoup de gens l'utilisent, mais chacun y va de son sens. » (p. 111) Il me semble que la conclusion de la BD appelle une suite, ce que j'espère ardemment !
Ce beau livre prend place sur mon étagère de lectures féministes, mais je sais déjà qui me l'empruntera en premier !
Commenter  J’apprécie         170
Martino est un petit garçon fragile, né albinos et rejeté par son père à cause de sa différence. Nous sommes au Moyen Age, le petit village où vit Martino a fait bruler deux prétendues sorcières il y a quelques années. L'une d'elle, Viviana, a survécu et s'est réfugié en forêt. Un jour Martino va rencontrer la jeune femme solitaire et une amitié va naitre entre ces deux êtres harcelés par leurs pairs. Elle lui apprendra à cueillir les simples, à faire des potions, et à devenir ce qu'il veut être finalement, une petite fille ou un garçon ou une autre personne qui lui permettra d'être enfin bien dans sa peau.
Un très joli graphisme qui attire immédiatement l'oeil, les personnages sont particulièrement bien croqués. Une jolie histoire qui résonne comme un conte, une vie idéale qui prône la tolérance.
Commenter  J’apprécie         70
Quelle lecture réjouissante ! Si le début de la bande dessinée n'est pas très gai (il est question de rejets de certains membres de la communauté allant jusqu'à la mort), elle se concentre ensuite sur l'intégration de Martino dans une nouvelle communauté de proscrits où règnent la sororité, la tolérance et l'acceptation de soi et de ses particularités. L'enfant grandit alors dans un environnement bienveillant où il peut enfin devenir qui il est réellement (je ne peux pas vous en dire plus au risque de vous spoiler une partie de l'intrigue). Mais, cela fait pleinement écho à notre actualité. Que cela fait du bien de lire cette bande dessinée pour ne pas se laisser abattre par les affres de notre société !
Deux bémols toutefois : je sais qu'il ne s'agit pas d'un récit historique mais le worldbuilding s'appuye beaucoup sur notre époque médiévale et a tendance à véhiculer quelques clichés notamment celui des bûchers. Alors oui, il y en a eu certainement mais l'Inquisition, au Moyen Âge, n'en était qu'à ses balbutiements. C'est surtout au XVIIème siècle, donc à l'époque moderne, que les procès pour sorcellerie ont pullulé. Et j'ai trouvé la fin un peu trop rapide et abrupte. C'est dommage, cela a un peu gaché la fin de ma lecture.
Commenter  J’apprécie         54
Une magnifique BD dans un univers médiéval et fantastique.
J'ai adoré voir ce petit garçon grandir et se tracer sa propre route dans un monde où sa différence est considérée comme une malédiction par les villageois. Martino trouvera au fil de sa vie des personnes de confiance qui lui permettront d'être lui-même et de se découvrir un peu plus chaque jour.
N'hésitez pas pour vous lancer dans cette belle lecture !
Commenter  J’apprécie         50
Dans ce one-shot qui se déroule à l'époque médiévale, nous découvrons le personnage de Martino, un jeune garçon albinos rejeté à cause de sa différence. Il fait la rencontre d'une femme cachée dans la forêt, elle aussi marginale. Ils découvrent qu'ils ont beaucoup de points communs, et en particulier, l'intolérance de la société. Cet album est une petite pépite, qui nous plonge dans une lecture prenante et immersive. le dessin est particulièrement réussi. Les protagonistes marginaux, avec des caractéristiques physiques qui pourraient rebuter, sont pourtant élégants, identifiables et attachants. Visuellement, les décors contribuent à l'immersion et à la réussite des planches, tout comme la colorisation. Côté scénario, le lecteur comprend progressivement les choses, il n'est pas parasité par des intrigues parallèles. Cet album très réussi aborde la question de la différence, de la sororité. Il développe une image de la sorcière et évoque également les questions de genre, le tout traité avec subtilité et intelligence.
Commenter  J’apprécie         50