Je ne me détends pas, jamais. Si je regarde en arrière, les jours, les années, je m'aperçois que jamais je ne me suis détendue. Vraiment se détendre, je ne sais pas ce que c'est, laisser faire, laisser dire, laisser le temps filer, sans courir pour le rattraper, je suis toujours en action, en mouvement, en projet, en projection, et en fait je suis épuisée.
C'est merveilleux, la sensation d'avancer sans rien savoir, sauf qu'on avance, que la machine enfin se remet en route et peu importe de savoir ou de ne pas savoir où on va.
" Ma femme déteste la campagne... Je crois qu'elle en a trop mangé quand elle était petite.
- Indigestion.
- Voilà.
- Du coup, c'est vous qui vous faites manger par la ville ... "
Faire de la place au hasard. A ce qui me touche de si près que je ne le vois plus. La main de mon mari. Sa tête sous l'oreiller quand il dort, enfoui comme ça depuis l'enfance, sa tête tournée vers moi, toujours, quand il se réveille, pour vérifier, avant de se lever, que je suis toujours là, que je ne me suis pas envolée, qu'il ne m'est rien arrivé.
- Tu as pensé à moi ?
- Tous les jours. Plusieurs fois par jour. J'ai failli t'appeler. Et puis je me suis dit " Bon'.
- Tu t'es dit "Bon" ? Quelle vie intérieure trépidante.