J'ai suivi par la pensée Byron dans un voyage pédestre en Suisse, ce roman me proposant de le retrouver, je n'ai pas résisté.
En prologue l'auteur raconte avoir reçu un manuscrit d'un de ses anciens collègues dont la personnalité l'a longtemps fasciné, cet enseignant spécialiste des romantiques anglais l'a fait son héritier. le personnage était ambigu puisqu'il avait reconnu être l'auteur d'un faux. Que raconte ce manuscrit ?
En 1819 parait dans une revue un texte
le vampire , l'éditeur laisse croire que ce texte anonyme est de
Lord Byron. Succès garanti, le public se jette sur le texte qui sent le souffre,
Lord Byron est en butte à l'opprobre publique en raison de son divorce houleux. Chacun sait que le parfum de scandale fait vendre...
L'auteur réel du "vampire" est John
Polidori un jeune médecin sans patients, sa soeur Frances, dont il est amoureux, a épousé un monsieur Rossetti qui sera le père du poète et peintre
Dante Gabriel Rossetti. Trois ans plus tôt il a accepté contre l'avis de son père, d'être le médecin et le compagnon de voyage de Byron.
Après la France et une randonnée dans les Alpes Suisses, Byron se fixe à Cologny au bord du Léman dans une magnifique villa qui restera célèbre : la villa Diodati. Là il retrouve le poète Shelley et son épouse Mary.
Le séjour a été un calvaire pour
Polidori, il a des velléités d'écriture, il est copieusement moqué pour cela.
Lord Byron en a fait son souffre-douleur et Shelley ne l'a pas épargné.
Lors d'une après-midi pluvieuse ils décident tous les quatre d'écrire chacun une nouvelle fantastique, la postérité retiendra celle de Mary Frankenstein et celle de
Polidori le vampire. le séjour prend fin amèrement pour
Polidori puisqu'il est remercié par Byron.
Lorsque
Polidori voit son oeuvre publiée anonymement il est amer et se sent trompé et il développe une telle rancoeur que lorsque Eliza, jeune femme romantique et à l'imagination fertile, le prend pour
Lord Byron, il ne la détrompe pas. L'
imposture lui semble normale, n'a-il pas lui aussi du talent ? et puis Byron n'essaie-t-il pas de s'approprier «
le vampire » ?
Tout est permis au romancier, y compris de détourné l'histoire à son profit, B
Markovits ne s'en prive pas. L'intrigue est riche et somptueuse mais la construction est complexe, les retours en arrière sont nombreux et parfois
Markovits s'amuse à nous perdre dans ses digressions.
Le thème de l'
imposture se prête bien en effet aux ambiguïtés, au jeu de miroirs, la réalité est pliée à la convenance de l'auteur, vrai et faux s'entremêlent et la composition du récit est à facettes multiples. La lecture demande une attention soutenue, le plaisir est à la hauteur de l'effort.
Ceci est le premier tome d'une future trilogie sur Byron dont
Benjamin Markovits est spécialiste, je serai au rendez-vous.
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