Commandant François Chanel : 36 quai des Orfèvres

- Comment t'appelles-tu ?
- Albane.
- Et qu'est-ce que tu fous en pleine cambrousse ?
- Ça se voit pas ? Je ramasse des escargots, c'est la saison.
- Très drôle, la dégoulinante ! Si tu continues à me charmer comme ça, je te rends à la route et aux gastéropodes.
- T'as une clope ?
- Oui, j'ai une clope. Alors tu t'appelles Albane, tu ramasses les escargots, et quoi encore ?
- Je suis crevée. Je me suis battue avec une tête de nœud qui m'a pris en stop et qui croyait avoir mon cul en échange d'une place confortable dans sa Mercedes de merde.
-Et bien sûr, tu vas porter plainte ?
- J'ai réglé l'affaire à ma manière.
Ses yeux brûlaient de haine.
- Où on va ?
- À Paris, chère Albane.
- La me va. Et tu peux me loger chez toi ?

- Des clopes, te loger chez moi... Et pourquoi pas le mariage tant qu'on y est ?
- C'est la première fois qu'on me demande en mariage. C'est quoi ton prénom ?
- Alain. Alors le programme est simple. On arrive à Paris, on se marie, on fait des mômes à gogos, tu fais le ménage dans le pavillon de banlieue acheté à crédit sur vingt ans et je vais travailler à l'usine pour remplir le frigo.
- Génial! Et l'été, on prend nos congés payés avec la 204 Peugeot break d'occase et les quatre moutards insupportables.
Laisse-moi au prochain carrefour, la pluie, c'est moins tuant comme avenir. Et puis, si tu fais pas gaffe, la vie elle t'emmerde rien que pour te faire chier.
Ils pouffèrent.
Elle s'endormit sur la banquette arrière.

Après cette troublante conversation avec l'experte en art afri-cain, le commandant Chanel ne savait plus vers quels fétiches se tourner. Comment pouvait-il croire à ces balivernes lorsque l'on n'a croisé que des charlatans sans talent? Comment accorder un début de confiance à ces marabouts sorciers qui s'affichent dans une presse peu regardante et qui promettent l'amour, la chance aux jeux et la guérison miracle ?
Son parcours universitaire de psychologue s'y refusait obstinément.
Le capitaine Devaux entra dans son bureau en pestant :
- Tu avais raison. Le môme était sur la vidéo des caméras de surveillance de la consigne de la gare de Lyon. Il a pris deux casiers, puis il a changé d'avis en ne gardant qu'un seul casier, mais impossible de savoir lequel. Laurie est derrière le comptoir et je crois que le suspect ne tardera pas à pointer le bout de son nez pour récupérer son bagage. Elles sont vraiment impressionnantes ces deux gamines. Qu'en penses-tu ?
Le commandant ne répondit pas.
Devant le juge Pamiès, Chanel confirma ce qu'il savait, c'est-à-dire rien du tout. Quil etair dans le brouillad le plus opais, quiau-
un indice ne concordait et qu'il n'avait pas la moindre piste à se mettre sous la dent.

Après cette troublante conversation avec l'experte en art africain, le commandant Chanel ne savait plus vers quels fétiches se tourner. Comment pouvait-il croire à ces balivernes lorsque l'on n'a croisé que des charlatans sans talent? Comment accorder un début de confiance à ces marabouts sorciers qui s'affichent dans une presse peu regardante et qui promettent l'amour, la chance aux jeux et la guérison miracle ?
Son parcours universitaire de psychologue s'y refusait obstinément.
Le capitaine Devaux entra dans son bureau en pestant :
- Tu avais raison. Le môme était sur la vidéo des caméras de surveillance de la consigne de la gare de Lyon. Il a pris deux casiers, puis il a changé d'avis en ne gardant qu'un seul casier, mais impossible de savoir lequel. Laurie est derrière le comptoir et je crois que le suspect ne tardera pas à pointer le bout de son nez pour récupérer son bagage. Elles sont vraiment impressionnantes ces deux gamines. Qu'en penses-tu ?
Le commandant ne répondit pas.
Devant le juge Pamiès, Chanel confirma ce qu'il savait, c'est-à-dire rien du tout. Quil etair dans le brouillad le plus opais, qu’aucun indice ne concordait et qu'il n'avait pas la moindre piste à se mettre sous la dent.

Sous le ciel de métal et de verre de la gare de Lyon, la foule grouillait dans la touffeur écrasante de ce mois d’août. Les voyageurs passaient, arrivaient, partaient, transpiraient, se séparaient, se tassaient, se retrouvaient, se frôlaient, s’enlaçaient, s’embrassaient, s’ensoleillaient, et les moineaux se querellaient en guettant une miette tombée du sandwich.

"Je suis une perfusée de la haine, une ratée de la société, une poussière insoumise, une toxico de l'école buissonnière." Dans un monologue égocentrique de 2 heures, avec une voie embrasée, elle avait livré ses espoirs, ses rancoeurs et le vide de sa vie. Une fille sans armure qui s'ouvrait à tous les dangers, une écorchée au coeur d'artichaut, une pleine de doutes, une nana fragile et déconstruite par une famille indifférente.

La figurine est un réceptacle, un intercesseur entre sorcier et démons qui nous tourmentent

- Non, non, non, cher François, je ne vais pas aller me faire chier comme un rat mort dans un musée à la con. Pas question. Moi, ma life, c'est douche, fun and rock et pas question de crever d'ennui dans un vieux bâtiment bourré de troncs d'arbres, même burinés par Picasso.

Dans un monologue égocentrique de deux heures, avec une voix embrasée, elle avait livrée ses espoirs, ses rancœurs et le vide de sa vie qui démontrait qu'elle était née sans armure et sans supercherie.

"Je suis une perfusée, une échouée de la société, un électron insoumis, une droguée de la liberté ", disait-elle avec un regard brûlant.
L'univers orageux de cette fille lui était totalement inconnu parce qu'il avait renoncé depuis longtemps à s'occuper du monde qui n'assassine pas [...]

La voie royale vers le bonheur est la bienveillance envers autrui.... et soi-même.