Faire lire les autres, cela avait toujours été sa façon à elle de comprendre les gens. Leur associer des lectures, comme des souvenirs d'anciennes vies vécues, les partager et savoir ce qu'ils en avaient retiré. Cela en disait bien plus long sur qui ils étaient vraiment qu'une banale conversation devant la boîte aux lettres. Par jeu, elle se prit à rechercher dans sa bibliothèque un roman qui plairait à son voleur - hésita un moment, finit par opter pour Tant que nous sommes vivants d'Anne-Laure Bondoux, un récit de vies et de révélations intérieures qui l'avait profondément touchée.
De Babelio à Livraddict, elle avait fini par avoir envie de créer son propre contenu, s'entourer de lecteurs qui lui ressemblaient, connaissaient mieux ses goûts même que ses meilleures amies. Et voilà que l'un d'eux atterrissait directement dans sa boîte aux lettres... Il ne faisait pas vraiment une chronique ni un commentaire mais lui jetait des citations en pâture, comme pour lui dire: «Hé, regarde, celle-ci m'a marqué, tu devrais y jeter un oeil !» Un dialogue muet, entre deux lecteurs passionnés.
Ce n'est pas que je n'aime pas les gens : c'est juste qu'ils m'épuisent. Toutes ces normes sociales à respecter... ça m'ennuie profondément. Voilà peut-être ce que j'apprécie dans nos échanges : nous pouvons aller directement au coeur des choses, sans avoir à nous coltiner ces « bonjour, ça va ? » dont personne n'écoute jamais la réponse, ces sourires qui ne montent pas jusqu'aux yeux, ces tenues trop courtes ou trop longues ou pas assez élégantes, ces mille détails auxquels je ne prête jamais attention, mais qu'il est de bon ton de remarquer - quelques kilos perdus, de nouvelles boucles d'oreilles, une coupe de cheveux, un anniversaire ou une autre date importante à retenir.
Ce qui m'importe, à moi, c'est de connaître les rêves profonds, les convictions politiques, les élans amoureux, toutes les sources d'émotion pure qui les traversent, pour les comprendre vraiment.
Le reste... ça me passe au-dessus.
Au fond, tout ce qu'il voulait, c'était vivre entouré de livres.
Tant que tu fantasmes au prince charmant, tu ne vois pas celui qui frappe à ta porte.
C’était un message, une image d’eux peut-être, ou en tout cas la confirmation qu’elle n’avais pas tout imaginé : une relation était bien en train de naître dans sa boîte aux lettres.
Son précieux roman avait été victime d’un terrible outrage – corner une page ! Quel atroce personnage avait pu faire ça ? –
Ce livre appartient à Khalis. Si toi aussi tu l'as aimé, alors tu connais le pouvoir des mots. À toi de le partager.