Les Écriveurs, tome 2 : Le cimetière des histoires perdues

Non, l’Écriture ne pouvait pas tout. Comme un musicien, un Écriveur avait ses bons et ses mauvais jours, des instruments qui lui convenaient et d’autres dont il peinait à tirer les notes voulues. C’était toute la difficulté du présent exercice. Apprivoiser son Écrit en cours de partie. Sans période préalable pour prendre sa mesure.

L’adolescente piqua du nez. La perspective d’être jetée comme un kleenex, avant même d’avoir été consommée, lui semblait le comble de l’humiliation.

Il y a les alphabets qu’on utilise dans nos échanges ordinaires. Mais, depuis toujours, les hommes qui veulent communiquer sans être compris du commun des mortels emploient des alphabets secrets.

Ah, le prestige du sportif. La victoire du muscle sur l’intellect, et de la raison pure – celle du plus fort – sur la créativité. Ça ne se démentirait donc jamais…

Décidément, les apparences étaient parfois bien trompeuses. Derrière son attitude désinvolte et son goût pour le futile, se cachait une vraie générosité.

Certains Écriveurs parviennent à modifier l’aspect de tout ce qui touche directement leur Écrit : les vêtements qu’il porte, les objets qu’il tient… parfois même ce qu’il regarde ou ce qu’il sent. Alors pourquoi pas un effet caméléon… c’est tout à fait envisageable.

On ne choisit pas de devenir Écriveur. Alors la plupart d’entre nous ont pour principale préoccupation de ne pas se compliquer la vie.

Ce que les Écriveurs débutants négligent trop souvent, généralement plus par ignorance que par paresse, c’est que la vie de leurs Écrits se poursuit, même quand ils ne programment rien pour ces derniers. Même quand ils n’allument pas leur tablette pendant des jours, des semaines, voire des mois. L’existence des Écrits ne se met pas en mode pause, juste parce que leur Écriveur a mieux à faire. Elle poursuit son cours inexorable, vaille que vaille, guidée dans le meilleur des cas par l’une de leurs vieilles commandes ; abandonnée parfois, hélas, aux seuls aléas d’un destin dicté par l’absurdité, la violence et le chaos.