Les enquêtes de Roderick Alleyn : Coup de théâtre au Dauphin

Marcus Knight était de ceux dont il était impossible de dire où s'arrêtaient la technique et la réflexion et où commençait cet état de grâce qui distingue un grand acteur d'un acteur tout court. Aux répétitions précédentes, il s'était livré à toutes sortes d'excentricités: crier, mettre l'accent sur des mots curieusement choisis, faire des gestes étranges, quasi abscons, parler - au grand embarras de ses camarades - avec les yeux fermés et les mains jointes comme en prière devant sa bouche. De cette introversion fusait parfois un éclair, un de ces éblouissements qui l'avaient propulsé, tout jeune homme, vers les sommets de son hasardeux métier.

Ça doit être un choc de confronter quelque chose qu'on a écrit au creuset qu'est le théâtre. Surtout lorsque, en tant que metteur en scène, on est le creuset.
C'est vrai. On voit son enfant chéri passer à la moulinette de la personnalité des acteurs, on assiste à sa métamorphose. Et on est obligé de s'y faire car la plupart des changements sont positifs. Quelques fois, j'ai l'étrange impression, comme metteur en scène, de sortir de moi en tant qu'auteur. J'en viens à me demander si j'ai jamais su de quoi parle la pièce.