Il était contrarié. Sarah avait depuis longtemps perdu tout intérêt pour l'Holocauste, ou en tout état de cause pour son engagement artistique dans l'Holocauste. Et elle avait tort. Ce n'était pas qu'il voyait l'Holocauste dans tout. C'était qu'il voyait tout dans l'Holocauste, non seulement les victimes des camps, mais aussi les capitalistes et bien d'autres, peut-être même les clowns.
VIRGILE : (l'air penaud, les mains de chaque côté du visage)
Comment peut-il y avoir quelque chose de beau après ce que nous avons vécu ? C'est incompréhensible. C'est une insulte.
VIRGILE : Selon moi, la foi, c'est comme être au soleil. Quand tu es au soleil, peux-tu éviter de créer une ombre ? Peux-tu te défaire de cette zone d'obscurité qui s"accroche à toi, qui épouse toujours ta forme, comme pour te rappeler continuellement à toi-même ? Non, tu ne peux pas. Cette ombre, c'est le doute. Et elle t'accompagne partout, pourvu que tu restes au soleil. Et qui ne souhaites pas être au soleil ?
BEATRICE : Mais le soleil est parti, Virgile, il est parti !
(Elle fond en larmes et sanglote bruyamment.)