Une enquête de Loveday & Ryder, tome 1 : Le corbeau d'Oxford

Jennings émit une sorte de murmure qui se voulait apaisant en se tortillant dans son fauteuil. A bientôt quarante ans, c'était un homme svelte aux cheveux blonds clairsemés et au nez juste assez gros pour lui donner des complexes.

A soixante et un an, c'était un homme corpulent, en bonne voie de devenir chauve, avec des yeux bleus qui évoquaient vaguement des myrtilles bouillies. Son gros nez n'arrangeait pas l'ensemble, et ses joues couperosées informaient Trudy qu'il était probablement porté sur la boisson.

Mais elle avait continué à s'esclaffer.
Elle avait fini par se maîtriser, mais il était impossible de continuer l'entretien. Non seulement la maîtresse de maison s'était levée en proposant de les raccompagner, mais de toute évidence, ils n'obtiendraient rien d'elle après une telle perte de contrôle. Embarrassée par sa crise, elle s'était vite entourée d'un mur de politesse que seul un bélier aurait pu abattre.

C'était le moment de montrer qu'elle n'était pas seulement ambitieuse mais aussi intelligente, et elle était décidée à ne pas laisser passer sa chance. Même si ses yeux étaient aussi secs qu'une ligue antialcoolique, elle se concentra donc sur le dossier.

Il était 11h30 et, dans l’écurie située à l’arrière de la maison, elle regarda Rodney Broadstairs approcher le jeune homme qui descendait d'un beau cheval de chasse ébène.
En vraie citadine, Trudy ne connaissait rien aux cheveux, mais elle reconnaissait instinctivement les créatures racées, Tandis qu'Anthony Deering ôtait sa bombe et tendait les rênes à la jeune fille d’écurie, elle songea que le cheval n’était pas le seul bel étalon présent.

Comme de nombreuses personnes souffrant de dépression et d'une vague "maladie mentale" indéterminée, Gisela détestait prendre les médicaments prescrits par son médecin. Elle se plaignait souvent qu'ils la fatiguaient, la faisaient se sentir "molle" et qu'elle avait l'impression de "voir le monde à travers une vitre sale".

C’était le moment de montrer qu'elle n’était pas seulement ambitieuse mais aussi intelligente, et elle était décidée à ne pas laisser passer sa chance. Même si ses yeux étaient aussi secs qu'une ligue antialcoolique, elle se concentra donc sur le dossier.

- Je n'ai pas l'étoffe d'une bonne enquêtrice, finit-elle par lâcher, toute triste.
- Balivernes ! Ne commencez pas à vous apitoyer sur vous-même, Loveday, aboya Clement. A mon avis, votre petit doigt a plus de jugeote que tous vos collègues réunis. En tout cas, plus que ce petit coq décérébré qui s'admire dans la vitre à chaque fois que je le vois.
Malgré elle, Trudy éclata de rire devant cette description de Rodney Broadstairs.

Et même si elle répétait inlassablement qu'elle avait pour seul objectif d'être promue sergent, personne ne semblait l'écouter. Ou prendre ses ambitieux au sérieux. Ni ses parents, ni son frère, ni ses amies, ni même Brian. Elle avait l'impression d'être une de ces petites poupées qui parlent quand on tire sur leur cordon. Quand elle expliquait qu'elle était décidée à faire carrière, elle s'entendait à moitié à ce qu'on lui tapote la tête en lui disant qu'elle était amusante, avant de parler des fiançailles d'une fille du quartier. Oh! et avait-elle déjà réfléchi à des prénoms de bébé, pour quand elle aurait es propres chérubins?

Elle était abasourdie par la quantité d’informations qu’elle obtenait, surtout de la part d’hommes d’un certain âge, quand elle se comportait comme une demoiselle en détresse.