Les scènes irréelles se succédaient pendant des heures, et alors je ne savais pas où était mon corps, car le passé s'installait en lui avec la force du présent.
La répétition ne change rien dans l'objet qui se répète, mais elle change quelque chose dans l'esprit qui la contemple.
La langue de Buenos Aires se déplaçaient si vite qu'apparaissaient d'abord les mots et seulement ensuite la réalité, et les mots persistaient quand la réalité avait déjà disparu.
En Argentine, on a coutume depuis des siècles d'effacer de l'histoire tous les faits qui contredisent la version officielle de la grandeur du pays.
Je voudrais seulement me rappeler ce que je n'ai jamais vu.
L'Aleph est une nouvelle de Borges, ai-je répondu. Et aussi, d'après la nouvelle, un point de l'espace qui contient tous les points, toute l'histoire de l'univers en un seul le lieu et un seul instant.
La démocratie dure ce que dure l'obéissance.
Elle commençait déjà à s'habituer au fait qu'ici les mots étaient en un point et ce qu'ils désignent ailleurs.
Ce qui ce produit avec les personnes se produit avec les lieux : ils changent d'humeur, de ton, de langage à chaque instant. Une des expressions favorites des habitants de Buenos Aire est : " Acá yo no me hallo", c'est à dire, "Ici, je ne suis plus moi-même".
Il ne lui importait donc pas de répéter les dessins de l'histoire, car l'histoire ne bouge pas, elle ne parle pas, tout ce qui est en elle a déjà été dit.