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Citations sur Avant que le monde ne se ferme (109)

Porte cette pierre autour de ton cou, Anton, et touche-la ou regarde-la à chaque fois que tu douteras de toi. Car les âmes blessées sont semblables à cette pierre, mon garçon. Les fêlures intimes sont comme ces cristaux de rutile dans le cristal de roche : des cheveux d'or pris dans la matière... Les âmes rutilées sont infiniment précieuses, bien plus que les âmes intactes... Regarde, on appelle aussi ces cristaux des cheveux d'anges... Crois-tu que cette pierre aurait la même valeur sans ces fils d'or qui la parcourent en tous sens ? Oui, ces infimes cristaux sont la marques des âmes blessées qui ne sont pas brisées. Celles qui ont résisté à l'agression, aux pires coups, à la douleur, au sang versé, à la mort, que sais-je encore, sans rien perdre de leur intégrité ni de leur pureté. Pourquoi certaines âmes se brisent-elles et d'autres non, pourquoi certaines sécrètent-elles ces délicates cicatrices rutilantes ? Je l'ignore. C'est une merveilleuse alchimie en vérité, comme celle qui a présidé à la naissance de cette pierre. Si tu creuses la terre, tu trouveras mille cristaux ordinaires avant d'en trouver un parsemé de ces cheveux d'or. Il en va de même avec les âmes. Seules les âmes rutilées me sont chères, Anton ; Et la tienne est infiniment précieuse.
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Lorsqu’il arriva en vue des faubourgs de la capitale autrichienne, il eut la brève tentation de continuer à marcher tout droit vers le soleil levant, à travers l’Europe et l’Asie centrales. Mais il y avait plus que des frontières à traverser maintenant, il y avait un rideau de fer, et ce que Jag avait fait en temps de guerre, il était désormais impossible de le faire en tant de paix, si l’on pouvait appeler cela la paix. Quel étrange et absurde monde que celui des gadjé ! Il allait falloir louvoyer, être malin, trouver des interstices, des subterfuges, d’infimes trous de souris pour pouvoir se glisser jusqu’aux steppes lointaines et retrouver la lumière, le feu, le sang de l’enfance, peut-être la délivrance.
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A chaque alerte aérienne, on les voyait se hâter comme au ralenti vers les vastes terrains vagues, lugubres déserts qui avoisinaient l’usine. Couchés à même le sol, agglutinés, empilés os contre os, ils semblaient former un extravagant charnier, préfiguration du destin qui les attendait presque tous.
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Certains jours, quand le vent soufflait vers la Buna, l'air apportait ces âcres cendres, cette odeur charnue, insoutenable. On respirait la mort. "Inspire ! Inspire ! Disait encore Katok. Garde cet air-là au fond de tes poumons. Garde cette poussière d'âmes. Un jour, bientôt, tu iras les libérer ailleurs, tu leur donneras une vraie sépulture: le vent des steppes, le foehn ou le simoun, que sais-je ? Mais respire! Respire les morts! Ils t'en sauront gré!"
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« Dis-moi, mon garçon, qu'est-ce qui est mieux pour un mouton, le berger ou le loup ?
- Le berger.
- Et qui tond le mouton ?
- Le berger.
- Et qui le tue pour le manger ?
- Le loup !
- Non, Anton. C'est encore le berger. [ ... ] Mais qui donc protège le mouton quand le berger vient l'immoler ?
- Personne.
- Et pourtant de qui a peur le mouton : du berger ou du loup ?
- Du loup !
- Oui mon garçon, voilà bien tout le drame des hommes : ils sont exactement comme les moutons. On leur fait croire à l'existence des loups et ceux qui sont censés les protéger sont en fait ceux qui les tondent et les tuent. »
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C’était un fabuleux conteur qui connaissait par cœur des centaines de récits du monde entier, notamment et surtout ceux des peuples sans écriture. Il affirmait avec véhémence que la vérité du monde était tout entière inscrite dans les mythes et les contes de tradition orale, qu’ils procédaient par images, par figures, pour formuler les équations essentielles qui régissaient les existences humaines
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Quoi qu'il en soit si tu veux obtenir quelque chose d'un homme, parle au Fils du vent qui est encore en lui, et non pas à tout ce qui l'entrave. Enlève la selle et le mors à ton cheval; enlève aux hommes leurs oripeaux sociaux, leurs chaînes et tout ce qui les entrave : considère les nus et tu sauras qui ils sont...
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« Hier c’était l’enfance, murmura-t-il, et voilà que je m’en vais ! »
Et il s’est éteint doucement en prononçant ces mots, assis au bord du feu, comme une étoile qui peu à peu disparaît du ciel. (p.244)
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En vérité, je suis un arbre errant. Si l'on me fiche en terre, je mourrai !
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« Dis-moi, mon garçon, demandait Jag qui aimait les fables, qu’est-ce qui est mieux pour un mouton, le berger ou le loup ?
–le berger.
–Et qui tond le mouton ?
–Le berger.
- Et qui le tue pour le manger?
–Le Loup !
–Non, Anton. C’est encore le berger . Il est bien rare qu’un loup parvienne à tuer un mouton, parce que le berger veille, et il a de gros chiens. Mais qui donc protège le mouton quand le berger vient l’immoler ?
–Personne.
–Et pourtant, de qui a peur le mouton : du berger ou du loup ?
–Du loup!
–Oui, mon garçon, voilà bien tout le drame des hommes : ils sont exactement comme les moutons. On leur fait croire à l’existence de loups et ceux qui sont censés les protéger sont en fait ceux qui les tondent et qui les tuent. »
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