AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Avant que le monde ne se ferme (114)

Anton était entré dans la petite galaxie des Wittgenstein comme un météore flamboyant. Il bouleversa tout ce qu’ils avaient lentement et patiemment construit, leur douce inertie, cette pyramide de quiétude et de croyances, ce savant équilibre entre les désirs assouvis et ceux à étouffer, la vieille patine de bien-être régulièrement passée à l’encaustique des certitudes, jusqu’à l’idée qu’ils se faisaient d’eux-mêmes.
Commenter  J’apprécie          20
Dans les premiers jours du mois de mai 1945, le colonel Saül Aaron Wittgenstein, de la troisième armée américaine, pénétra dans la forteresse de Mauthausen, deux jours après la libération du camp. Ce qu’il avait de plus cristallin en lui, les fines cordes tendues sur la harpe de son âme, la candeur, l’idéalisme, la foi, tout cela se brisa à jamais. Ce fut comme une noire illumination. Il ne s’exclama pas comme ses pairs ou ses subordonnés devant la barbarie nazie, il ne la considéra pas comme extérieure à lui mais comme une part de lui-même, comme inhérente à l’homme, indéfectiblement. Dès lors, il en conçut une profonde aversion pour ses semblables et, partant, pour lui-même.
Commenter  J’apprécie          20
p. 123

Depuis la longue marche de la mort, Anton était devenu un oiseau. Il quittait souvent la cage de son corps et voletait par-dessus le monde, il n’avait plus ni faim ni mal, mais d’Anton le Tzigane ou de Julek le Juif, il ne savait plus qui il était. « Moriny Akh » ou « der Aal » ? Le Frère des chevaux ou l’Anguille ?
Commenter  J’apprécie          20
Porajmos, l'engloutissement, la dévoration : c'est bien ainsi que certains Tziganes désigneraient par la suite le génocide dont ils avaient été victimes, mais très peu en parleraient, à quoi bon? Pour triompher du malheur, il faut le profaner. Et quelle plus belle profanation que la vie elle-même? Que la force vive de la vie? Reprendre les voies du vent, faire des enfants, essaimer en tribus sur les chemins d'Europe et du monde, triompher de la mort en s'en riant !
Commenter  J’apprécie          20
C'était cela qui ébranlait le plus le vieux médecin : ce qu'on faisait à l'homme ici, comment on l'effaçait peu à peu, comment on le réduisait à n'être plus qu'un inextricable noeud animal de faim, de froid, de soif et de douleur.
Commenter  J’apprécie          20
La vie n’était pas tendre. La mort l’était encore moins. (p.22)
Commenter  J’apprécie          20
...du bansurî, une flûte traversière en bambou dont le son chaud et profond était la voix de l'Inde elle même et qui évoquait e bain des éléphants au soleil couchant, le lent cheminement de la femme en sari orangé aux franges du désert, la danse du Rajpoute et les pyramides d'épices du grand marché de Jodhpur.
Commenter  J’apprécie          20
Anton pleurait la mort imaginaire de Jag, mais ne parvenait pas à pleurer la mort réelle des siens. Les larmes ne venait pas. Il restait simplement là, debout et silencieux, les poins serrés, à regarder les corps vides, vidés de leur âme et de leurs rêves, ce qui pour un Tzigane était exactement la même chose.
Commenter  J’apprécie          20
Tu as une dette envers les morts, Anton. Tu as survécu ; et puisque tu as survécu, tu te dois de vivre et d’être heureux. Ce n’est pas un droit, mais un devoir. Peut-on vivre et être heureux par devoir ? te demandes-tu. Oui, à condition que ce soit librement et pleinement consenti. Si tel est le cas, alors s’efface le poids du devoir et ne reste plus que la joie, l’intense jubilation de vivre. 
Commenter  J’apprécie          10
En les regardant glisser sur la piste, on se prenait à croire en l’harmonie, en la beauté, en leur victoire sur les ténèbres. On en sortait délesté d’un poids qu’on ne savait avoir porté jusque-là. Ensuite la vie paraissait revenue à sa pureté élémentaire, à la fraîcheur de l’eau, au poids insensible de l’air, à la chaude caresse du soleil, à l’infinie présence de la terre. Cette magie durait longtemps, elle éclairait les regards de l’intérieur et le monde en était transfiguré.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (831) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Voyage en Italie

    Stendhal a écrit "La Chartreuse de ..." ?

    Pavie
    Padoue
    Parme
    Piacenza

    14 questions
    601 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , voyages , voyage en italieCréer un quiz sur ce livre

    {* *}