Donc, aux yeux de Robespierre, l'ambivalence de la terreur - rouge ou blanche - est purement formelle, et les calomniateurs seuls peuvent s'y arrêter. Il lui reste à trouver sur quel principe s'appuyer pour assurer leur différenciation radicale. Le temps n'est pas encore venu où Lénine résoudra objectivement le problème en ce qui concerne la dictature du prolétariat. Faute de pouvoir imaginer une solution autre, Robespierre en reste à une donnée morale : la terreur révolutionnaire, la bonne terreur, dans les mains des "héros", se distingue de la méchante terreur, dans les mains des "satellites de la tyrannie" parce qu' "elle n'est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible". Parce qu'elle est justice, la terreur (révolutionnaire) participe substantiellement au principe qui est le ressort et l'essence même de la démocratie : la vertu. "Elle est moins un principe particulier qu'une conséquence du principe général de la démocratie, appliqué aux plus pressants besoins de la patrie". La terreur devient, pour tout dire, - la bonne terreur, s'entend - "une émanation de la vertu". Donc, "le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur ; la vertu sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur sans laquelle la vertu est impuissante".