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Critique de Aelinel


J'avais vu, il y a quelques années de cela, le film éponyme de 2007, réalisé par Francis Lawrence et avec pour acteur principal, Will Smith. Je savais alors que cette adaptation cinématographique était tirée d'un livre. du coup, j'avais trouvé le roman original dans une brocante mais je l'avais laissé un peu de côté depuis. Heureusement que les challenges d'été sont là pour déterrer de ma PAL des livres oubliés! Faisant moins de 350 pages, il rentre parfaitement dans le cadre du S4F3 présidé par Albédo! Et devinez quoi? J'ai bien fait car ce roman s'est avéré être un véritable coup de coeur!

En janvier 1976, cela fait cinq mois que Robert Neville tente de survivre. En effet, un bacille a emporté la race humaine, transformant les survivants en vampires. La nuit, Robert se terre dans sa maison aménagée pour cette nouvelle ère car elle est prise d'assaut par les suceurs de sang. Et le jour, il part non seulement en quête de nourriture mais il en profite aussi pour tuer les vampires qu'ils trouvent sur son chemin. Or, cette solitude lui pèse et il commence doucement à sombrer dans l'alcool et la folie : en effet, à quoi bon survivre alors qu'il est le dernier représentant de la race humaine?

Je suis une légende est un roman admirable à plus d'un titre : je dirais même qu'il s'agit d'un classique dans le genre. Mais, n'y voyez pas là un énième livre de vampires, au contraire bien que le roman soit daté, il n'en bouscule pas moins les codes du genre. Au début du roman, Richard Matheson rend une sorte d'hommage non sans humour à l'oeuvre emblématique de Bram Stoker. En effet, Robert Neville cherche dans Dracula, les moyens de combattre les vampires : c'est ainsi qu'il trouve les armes que je qualifierais de « classiques » comme l'ail, le pieu, la croix et la lumière du soleil. Si certaines sont véritablement efficaces (le pieu et la lumière du soleil), d'autres comme l'usage de la croix est plus discutable : ainsi, l'ancien collègue de travail et voisin de Robert Neville, Ben Cortman est juif et est donc effrayé non par le symbole chrétien mais par une Torah! Puis le personnage abandonne ces considérations disons folkloriques pour une analyse plus scientifique. Grâce à des livres de médecine et de bactériologie « empruntés » à la bibliothèque et à l'aide d'un microscope, il observe et tente de comprendre comment le bacille fonctionne pour mieux le combattre. Il découvre ainsi qu'il existe deux sortes de vampires : ceux qui sont véritablement morts et ne sont que des marionnettes controlées par le bacille et ceux qui sont vivants et qui se sont adaptés à ce nouveau mode de vie pour constituer une nouvelle société. D'ailleurs, grâce à leur propre recherche scientifique, ces derniers ont découverts un moyen de se protéger des effets néfastes de la lumière du soleil.

En ce qui concerne le personnage de Robert Neville, il est très intéressant par son ambivalence. D'un côté, il est combattif, organisé pour sa propre survie et intelligent. de l'autre, il est ravagé par la perte de sa femme et sa fille ce qui le fait sombrer petit à petit dans l'alcool et la folie. Il tente de surmonter ses démons grâce à un seul but : à court terme, en tuant les vampires endormis pendant la journée et à long terme, comprendre comment fonctionne le bacille responsable de la pandémie pour trouver un vaccin et sauver ses congénères. Il est d'ailleurs le dernier représentant de la race humaine car il a été immunisé grâce à une morsure de chauve-souris lorsqu'il était soldat au Panama.

Ce qui est remarquable dans le récit est la notion de « monstre » : sont-ils les vampires qui se nourrissent du sang des humains pour survivre ou Robert Neville qui les combat en les massacrant dans leur lit pendant qu'ils dorment la journée également pour sa propre survie? La notion de monstre n'est-elle pas définie par une majorité qui prédomine? Il existe dès lors une inversion : si dans notre société actuelle, le vampire apparaît comme un mythe, dans celle du roman, l'être humain devient une légende dont Robert Neville est le dernier représentant.

En conclusion, je ne tarirai pas assez d'éloges pour qualifier Je suis une légende de Robert Matheson : haletant, efficace, doté d'une écriture fluide et résolument moderne dans sa conception du vampirisme, il possède également des clefs de réflexion très intéressantes. Il est, de plus, très différent de l'adaptation cinématographique de 2007 et si vous ne l'avez pas encore lu, sans doute, serez-vous très surpris par sa fin tout comme je l'ai été.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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