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Critique de Lire_est_une_aventure


Ce roman n'est pas seulement un roman captivant et débordant d'humanité, c'est aussi une chronique sociale et politique.
« Leurs enfants après eux » raconte l'adolescence, cette période d'errances et d'ennui : la vie de routine, les premiers émois, les soirées foireuses, ce moment de vertige où les attentes sont immenses –envies d'ailleurs, aspirations à une autre vie que celle des parents - et où finalement le quotidien est lent, routinier et ennuyeux surtout quand, comme Anthony, on a 14 ans et qu'on est fils d'ouvrier dans une région de l'Est sinistrée.
C'est l'histoire d'une époque, les années 90, dans cette région des hauts fourneaux de la vallée de la Fensch. Les générations se sont succédées dans les usines, et se sont usé la santé pour rembourser le crédit d'un modeste pavillon. Les usines ont fermé, les existences sont parties à la dérive. La violence économique a enfanté le déclassement, la misère, la brutalité et le racisme.
« Les hommes parlaient peu et mourraient tôt ; Les femmes se faisaient des couleurs et regardaient la vie avec un optimisme qui allait en s'atténuant. Une fois vieilles, elles conservaient le souvenir de leurs hommes crevés au boulot, au bistrot, silicosés, de fils tués sur la route, sans compter ceux qui s'étaient fait la malle »
L'histoire se déroule sur 4 étés, de 1992 à 1998, et entrecroise les destins d'adolescents, souvent enfants d'immigrés qui, comme Hacine, ne se sentent à leur place ni en France, ni dans le pays d'origine de leurs parents et vivent de trafics en tous genre : « Hacine était venu maintes fois au Maroc pendant les grandes vacances mais il n'avait pas voulu se mêler aux habitants. Il les trouvait repoussants ».
J'ai refermé ce livre la gorge nouée, ce livre m'a beaucoup touchée. J'ai fait une belle rencontre, pourtant j'ai beaucoup de mal à mettre en mots ma « chronique ».
Qu'est-ce qui a bien pu me toucher autant ? Probablement d'abord le fait que ce soit ma vallée : les lieux cités, même légèrement modifiés, je les connais ces villes moyennes, ces zones pavillonnaires qui défilent sous mes yeux au fur et à mesure de ma lecture. C'est aussi mon époque. Ces adolescents je les ai côtoyés au collège pour les perdre de vue ensuite car ils n'allaient pas au lycée. Comme eux j'ai assisté aux feux d'artifice du 14 juillet, j'ai vu leurs pères usés par le travail, leurs mères fanées avant l'âge.
Il se dégage de ce livre une grande sincérité, une réelle authenticité et surtout beaucoup d'humanité. Certes j'ai la gorge nouée car j'espérais mieux pour ces adolescents mais je n'éprouve pas ce sentiment de malaise que je ressens en lisant Edouard Louis.
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