À l’instant de la halte, rends grâce au soleil d’allumer
pour toi la fraîcheur de l’ombre.
J’écris : je cherche un sentier pour atteindre le col,
passer dans une autre vallée. J’écris sans connaître
le chemin, sans certitude. J’écoute la langue parler
en moi, à travers moi. Je l’aide à quitter le dedans
pour un possible dehors.
*
Oiseau qui scies d’un coup d’aile le chant sur
lequel tu reposais, la branche qui te voit partir
jalouse ta folie.
*
Quand tout poème semble vain, continuer
d’écrire, malgré tout. Des poèmes ou des notes,
peu importe, mais des fragments de jours arra-
chés à la prose d’un feu dont nous goûtons la
chaleur sans toujours percevoir sa lumière.
Sylvie
La petite table de bois, si seule sous tes mains.
Pas une lettre, pas un livre, pas même un
tiroir où ranger tes silences.
Le soir glisse par la fenêtre. On dirait qu’il
s’enfonce dans tes yeux, pressé d’y retrouver
la nuit qui veille sous tes paupières, pressé d’y
plonger : chute d’un rapace vers une proie
invisible, suspendue au bord de l’éternel.
La petite table de bois, si seule sous tes mains,
à l’heure où l’on allume les lampes, où, dans
les maisons du village, la lumière plante son
écharde entre le cœur et les mots tus.
8
Dans la trame des branches, un seul rayon parvient
parfois à nous révéler la transparence de la pomme.
Là
Là nous avions
roulé dans l'herbe
bu le vin clair des rires amis
Sur nos étés tombe
une lumière lourde
le frisson d'un automne
où s'effeuillent
les adieux