Changement d'ambiance. Yoko, une jeune mangaka remonte le cours de ses souvenirs pour passer en revue ses différentes liaisons, ratées ou avortées. Yukiko, l'hôtesse de l'air qu'elle n'aime pas vraiment, Yuriko, l'amie qu'elle pourrait aimer sans que cela se concrétise, Hanayo, la femme qui lui a brisé le coeur. Cette narration au rebours cherche évidemment dans les erreurs passées les échecs d'aujourd'hui mais permet surtout de creuser le portrait de la narratrice, à laquelle ses amantes ne cessent de reprocher sa fausse pureté et sa passivité. Sa tendance à se laisser dominer, soumettre, à les encourager à se montrer cruelles et brutales. Pas d'histoires d'amour, mais des passions mal assouvies, des entrechocs, des plaisirs violents et des fins qui ressemblent à des écroulements. Malgré le jeune âge des protagonistes, il ne s'agit pas d'un roman d'apprentissage, tant Yoko n'existe que dans le rapport de force, le masochisme pervers, qu'elle décrit d'une petite voix candide et raisonnable, et ne peut pas évoluer. « Décrire » étant le mot-clé, âmes un peu sensibles s'abstenir.
La narration à rebours peut dérouter. La linéarité à l'envers montre non pas une évolution, mais des échecs qui se répètent et mettent en exergue des scènes érotiques très crues. Yoko est-elle en quête de quoi que ce soit ? L'une des dernières scènes montre Yoko et une de ses amies, peu après sa rupture avec Hanayo, et s'achève sur une petite morale pas très fine, un peu niaise : « Tu ferais mieux d'apprendre à vivre avec ta douleur ». Tout ça pour ça. Cela mis à part, je me demande où l'auteur voulait en venir en se plaçant sous la tutelle de Carole King/Aretha Franklin et de cette hypothétique «
natural woman ». S'il s'agissait de dépeindre une sorte d'éternel féminin inerte et cruelle, je veux bien. S'il s'agissait d'autre chose, je pense qu'elle est passée à côté de son sujet.
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