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Critique de Lucilou


J'étais heureuse de recevoir dans le cadre d'une masse critique privilégiée "Ceux du Chambon" et je tiens donc à remercier pour cet envoi Babelio et Steinkis éditions en guise de préambule.
Férue d'Histoire et ligérienne d'origine, j'avais déjà entendu parler à maintes reprises du Chambon-sur-Lignon, ce beau village de Haute-Loire dont les habitants cachèrent et protégèrent au péril de leur vie des réfractaires au STO ainsi que des enfants juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. Je crois que nous avons encore à la maison la vieille cassette vidéo où mon père avait enregistré "La Colline aux mille enfants" lors de sa diffusion en 1994. J'avais six ans à l'époque, aussi n'ai-je pas entrepris d'user la cassette tout de suite... Par contre, elle avait dû faire l'objet d'un exposé au collège et de pas mal de visionnages depuis et jusqu'à l'avènement du lecteur dvd. L'histoire du Chambon, c'est une histoire dans L Histoire qui m'est chère car elle jette un peu de lumière dans l'obscurité, elle donne un peu de foi en l'être humain (qui est quand même, il faut bien le dire, une sacrée ordure!) avec ses héros, tellement simples, tellement ordinaires... mais de vrais héros malgré tout.
Il y a le gout pour L Histoire donc et celui pour la bande-dessinée. Autant dire que je me suis réjouie à l'idée de découvrir "Ceux du Chambon".

Or, j'ai déchanté assez rapidement.

Tout d'abord, je n'ai pas du tout, mais alors pas du tout accroché aux graphismes de l'ouvrage que j'ai trouvé vieillots -et sans cette patine ou même cette pâte qui leur aurait conféré un petit côté vintage, old school que j'apprécie souvent- et assez laids. Ils m'ont rappelé ceux de cette série de bande dessinée qu'affectionnaient mes grandes cousines dans les années 90 et à laquelle je n'ai jamais réussi à m'accrocher, "Tendre Banlieue". Il n'est pas question ici de remettre en cause le talent de Kanellos Kob et Kathrine Avraam qui ont sans aucun doute fourni un travail remarquable et qui parle (et parlera) à d'autres lecteurs... Simplement, ce travail-ci, ces graphismes-là ne m'ont ni touchée ni plu et il est très difficile pour moi d'adhérer à un roman graphique quelque soit son contenu quand les illustrations me laissent de marbre, ou pire, me déplaisent aussi franchement.

En ce qui concerne le scénario, j'éprouve un peu de peine à l'écrire... mais j'ai trouvé qu'il ne valait guère mieux que les graphismes.
Certes, l'intrigue de la bande-dessinée est tirée d'une histoire vraie: celle d'Etienne et Philippe Weil, deux frères qui furent cachés par leurs parents et protégés par les Justes du Chambon-sur-Lignon. C'est une histoire poignante, forte... or le parti pris narratif de "Ceux du Chambon" vide complètement l'histoire de sa substance, de sa force... Aucune émotion, aucune vivacité n'en ressortent. C'est plat, attendu... Les faits relatés sont uniquement factuels... Les rares dialogues sont sans aspérités, sans enjeux. L'ouvrage aurait tout aussi bien être un récit documentaire à l'usage des plus jeunes puisqu'ici l'aspect "bande dessinée" n'est ni exploité, ni exploitable. J'entends bien qu'il ne faille pas travestir L Histoire mais rien n'empêche de la rendre vivante, de la scénariser un peu... Parce que là... je me suis ennuyée ferme. Il n'y a que les pages 97 à 100 qui offrent un peu d'ampleur, de souffle... Sur 126, c'est peu. On en s'attache à aucun personnages, on n'éprouve rien... ni empathie, ni crainte, ni affect...

Bien sûr, l'hommage aux Justes du Chambon est émouvant, nécessaire et louable.
Bien sûr, on doit à ceux qui ont vécu ces années noires de ne pas jouer avec le récit de leur vie.
Bien sûr que le sujet est grave et qu'il faut donc le traiter avec délicatesse.
Bien sûr, les auteurs de "Ceux du Chambon" doivent avoir un certain talent... mais le talent, même conjugué à de bonnes intentions et aux blessures de l'Histoire ne suffit pas à faire un bon roman graphique.
En voilà une preuve.


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