Citations sur La Maison Tellier (121)
Les Tombales
J'aime beaucoup les cimetières, moi, ça me repose et me mélancolise...
Mouche
Il y avait dans cet esprit, dont toutes les parties semblaient disparates à la façon de loques de toute nature et de toute couleur, non pas cousues ensemble mais seulement faufilées, de la fantaisie comme dans un conte de fées, de la gauloiserie, de l'impudeur, de l'imprudence, de l'imprévu, du comique, et de l'air, de l'air et du paysage comme dans un voyage en ballon.
Mouche
Ma grande, ma seule, mon absorbante passion, pendant dix ans, ce fut la Seine.
Ah ! la belle calme, variée et puante rivière pleine de mirage et d'immondices.
Je l'ai tant aimée, je crois, parce qu'elle m'a donné, me semble t-il, le sens de la vie.
Ah! les promenades le long des berges fleuries, mes amies les grenouilles qui rêvaient, le ventre au frais, sur une feuille de nénuphar, et les lis d'eau coquets et frêles, au milieu des grandes herbes fines qui m'ouvraient soudain, derrière un saule, un feuillet d'album japonais quand le martin pêcheur fuyait devant moi comme une flamme bleue !
Yvettte
Elle se sentait si bien, si doucement, si chaudement couchée, qu'elle aurait voulu ne plus jamais remuer, ne plus jamais parler, et vivre comme ça toujours.
Un bien-être infini l'avait envahie, un bien-être tel qu'elle n'en avais jamais senti de pareil.
Yvette
As-tu jamais senti cela toi ?
Ce besoin d'absorber une femme en soi ou de disparaître en elle ?
Je ne parle pas du besoin bestial d'étreinte, mais de ce tourment moral et mental de ne faire qu'un avec un être, d'ouvrir à lui toute son âme, tout son coeur et de pénétrer sa pensée jusqu'au fond.
Yvette
Est-ce une gamine charmante ou une abominable coquine ?
Elle dit des choses à faire frémir une armée; mais les perroquets aussi.
Yvette
Oui, je suis peut-être amoureux.
J'y songe trop.
Je pense à elle en m'endormant et aussi en me réveillant .... c'est assez grave.
Son image me suit, me poursuit, m'accompagne sans cesse, toujours devant moi, autour de moi, en moi.
Est-ce de l'amour, cette obsession physique ?
Yvette
- Tu es amoureux.
- Non, elle me trouble, me séduit et m'inquiète, m'attire et m'effraye.
Je me méfie d'elle comme un piège, et j'ai envie d'elle comme on a envie d'un sorbet quand on a soif.
La femme de Paul
Mais son image brusquement l'envahit, et il l'aperçut dans sa pensée quand elle s'éveillait au matin, dans leur lit tiède, se pressait câline contre lui, jetant ses bras à son cou, avec ses cheveux répandus, un peu mêlés sur le front, avec ses yeux fermés encore et ses lèvres ouvertes pour le premier baiser ; et le souvenir subit de cette caresse matinale l'emplit d'un regret frénétique et d'un désir forcené.
La femme de Paul
Et Paul frémit, déchiré lui-même jusqu'au coeur ; il lui sembla que cet hameçon c'était son amour et que, s'il fallait l'arracher, tout ce qu'il avait dans la poitrine sortirait ainsi au bout d'un fer recourbé, accroché au fond de lui, et dont Madeleine tenait le fil.