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Critique de gerardmuller


Le fleuve de feu/ François Mauriac
Daniel Trasis, débauché en ballade, qui a un goût secret pour la limpidité, séjourne dans les Pyrénées et fait la rencontre d'une jeune fille, Gisèle de Plailly elle-même en voyage. Il éprouve avec humiliation un vertige inavouable devant l'être intact dont il envie de ravir le corps avec la terreur qu'il ne soit pas vierge. C'est chez lui une obsession :
« Que n'eût-il donné, ce soir, pour obtenir cette assurance qu'elle ignorait toute caresse. »
Gisèle attend son amie Lucile de Villeron accompagnée de la petite Marie.
Ces trois personnages tourmentés et passionnés chacun à sa façon vont être aux prises justement à la passion sous toutes ses formes.
Daniel, lui, a plutôt tendance à vivre de ses fantasmes, faisant référence constamment à son ami Raymond Courrèges, son mentor, qui lui, aurait une idée fixe, celle de conquérir à la fin la pauvre proie qui passe à sa portée, Gisèle qu'il voit comme le symbole de la pureté et de l'innocence.
L'éducation puritaine de Lucile, sainte femme qui porte à l'excès le mépris de soi et ne se glorifie pas d'être angélique, l'a conduite à prendre soin de l'âme de Gisèle la pécheresse à l'adolescence bouillonnante, tel un fleuve de feu qui la consume. Un secret les lie.
Comme toujours chez Mauriac, la notion de pécher et de rédemption et omniprésente.
Gisèle va connaître plus tard cette passion chrétienne de l'examen de conscience.
Et puis :
« …Gisèle à genoux et ramassée sur soi, contractée, créant de ses mains unies sur sa face pénitente cette ténèbre où le fidèle entend et voit son Sauveur. »
Dans un style fluide et très précis, Mauriac sait à merveille recréer une atmosphère autour de ses personnages qui se débattent dans des conflits intérieurs incessants, l'acte de chair étant inscrit dans la destinée de chacun avec sa connotation de pécher selon la religion dans laquelle ont été éduqués les personnages, des personnages complexes, composites, torturés. Que de mystères recèle l'âme de chacun !
Le style :
« Il s'endormit de ce sommeil léger des nuits lunaires, où un moustique, un frisson de feuilles, les coqs, les longs abois des chiens religieux, une roulade, où l'indéfinie vibration des prairies maintient en contact avec la vie universelle les jeunes corps étendus, plus brûlants dans l'ombre que les mondes. »
Un très beau roman, pas le plus connu de Mauriac certes. Mais une telle écriture ne se dédaigne pas.
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