Le monde infernal de Branwell Brontë

Il avait déçu un père qui l'adorait; déçu une soeur qui avait été la plus chère compagne de son enfance : c'était leurs reproches muets, leurs soupirs étouffés qui faisaient le plus souffrir sa conscience.

Chapitre XV

" Je sais une fleur destinée à s'épanouir,
Jusqu'à ce que fauchée par la mort, elle orne une tombe,
Mais qui, glacée par une douleur sans espoir,
Ne peut fleurir et cependant se refuse à mourir;
Une fleur que je voudrais réchauffer de mon ardeur,
S'il restait quelque ardeur en mon coeur."

Chapitre XIV

(...) si je semble flotter mollement sur les vagues paisibles de la vie, de profonds courants de désespoir entraînent ma barque vers les pires remous.

Chapitre XIV

De sa fenêtre orientée au levant, elle pouvait contempler, dans le ciel nocturne, la constellation des Pléiades ou les cornes du Taureau; et tandis que Charlotte soupirait pour son professeur perdu, Anne pour un Weightman idéalisé, Branwell pour une Lydia inaccessible, elle puisait à une source de joie plus durable qui ne le seraient jamais les leurs.

Chapitre XIII

" Par ma foi, messieurs, passez-moi le whisky, car dans la stupeur où je suis, il n'est pas de meilleur remède ! "

Chapitre XII

Et l'oubli, le whisky, le gin ou le laudanum vous le dispensent. Voilà quels seraient ses dieux quand viendraient pour lui l'ultime moment.

Chapitre XI

Branwell, dans sa petite enfance, avait vu mourir deux de ses soeurs. Moins de sept semaines auparavant, il avait perdu un gai et affectueux compagnon. Et maintenant, la tante qui pendant vingt-deux ans s'était efforcée de lui servir de mère s'en était allée, après quinze jours de souffrances qu'aucun médecin, aucun médicament n'avait pu soulager. (...)
Mais retrouver ses soeurs n'apporta pas à Branwell le réconfort qu'il espérait. Il avait contemplé de ses yeux les laideurs de la mort. Ils mentaient, ceux qui prétendaient que la mort est quelque chose de magnifique. Sa tante n'aspirait pas à retourner auprès de son Créateur. Elle n'avait demandé, imploré qu'une chose : que les souffrances lui fussent épargnées. Et cela ne lui avait pas été accordé. Donc la prière ne servait à rien, ce n'était qu'une lamentable dérision, et tout ce en quoi sa tante avait cru, qui l'avait soutenue pendant toute sa vie, l'avait abandonnée au moment où elle en eût le plus besoin. si lui-même devait un jour endurer de tels tourments, il ne demanderait pas que l'on priât pour lui -et ne prierait pas. Il n'existe qu'une panacée contre la douleur...l'oubli. Et l'oubli, le whisky, le gin ou le laudanum vous le dispensent. Voilà quels seraient ses dieux quand viendraient pour lui l'ultime moment.

Chapitre XI

Pourquoi évoquer les splendeurs du Paradis alors que les morts n'ont plus d'yeux pour les voir, plus de lèvres pour sourire, plus de mains pour les saisir ?

Chapitre XI

" Car elles furent vaines, quoique brillantes,
Les heures que j'ai passées ici-bas;
Et quand je rejoindrai les morts silencieux,
Leur éclat s'éteindra pour toujours.
(...)
Car bientôt, je plongerai dans une nuit
Où me sera donnée une autre lumière."

Chapitre X

" Je ne pleure pas; je ne veux pas pleurer;
Notre mère ne veut pas de nos larmes;
Sèche tes yeux, il serait vain de prolonger
Au cours de tant d'années une stérile douleur.

(...)

Souviens-toi qu'elle vit toujours
Et qu'elle nous voit, (...), alors
Qu'elle repose là d'où s'envola son âme angélique,
Sous la bruyère et la neige glacée."

Chapitre X