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Critique de Beatrice64


« Moi je montais derrière, sans rien demander, parce que les gens qui sont tout seuls, ils montent derrière et ils sont déjà bien contents de ne pas passer un dimanche de plus à se dire, qu'est ce que je vais faire aujourd'hui, bon, il ne fait pas beau, je vais me lever tard, parce que, pour ça, je m'arrangerais toujours pour me coucher à n'importe quelle heure, encore plus tard, le plus tard possible, le samedi, soûle, pour me réveiller le dimanche vers une heure, histoire d'avoir réglé son sort au matin, de pouvoir traîner longtemps avec ma fatigue devant le café , en attendant d'appeler ma mère qui me dirait comme tous les dimanches, tu viens de te lever, toi, dis, tu as fumé, la voix que ça te fait, dis donc, pour chanter, comment tu veux, si tu fumes. »

Laurent Mauvignier écrit un roman sur la solitude. Après Ce que j'appelle oubli, l'auteur se penche à nouveau sur ceux qui vivent « à côté ». Et ce côté-là, qui n'y est pas allé au moins une fois dans sa vie ?

Un roman à plusieurs voix, qui se penche sur les aspects les moins reluisants, les plus pathétiques des vies de ses personnages, poussant la peur du vide et de la solitude à son extrême. Il y a ce couple, Claire et Sylvain, et leur voisine et amie, Catherine. Elle écoute en silence ce que raconte Claire, depuis la maison de repos qu'elle occupe désormais, du viol dont elle a été victime dans leur immeuble. Elle écoute et se rend compte, honteuse, qu'elle se repaît, qu'elle se nourrit de ce drame qui vient combler le vide de sa vie. Qu'elle attend, maintenant, que quelque chose lui arrive, à elle, pour une fois. Et puis l'agresseur prend la parole également. Une autre solitude livrée à elle-même. Evidemment, ni morale, ni compassion, ni jugement, ni pathos dans cette prose distanciée, multiple, sèche. Mais du vide, des personnages comme en apesanteur – parfaitement réels pourtant.
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