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Critique de motspourmots


Cela fait à présent une bonne dizaine de jours que j'ai terminé ce livre, mon premier Mauvignier et je ne cesse d'osciller entre bon et moins bon ressenti en essayant de mettre le doigt sur ce qui m'a gênée et me laisse finalement un sentiment mitigé. le même qui a accompagné ma lecture pendant laquelle j'ai eu l'impression de toucher à du très bon avant qu'un peu plus loin, un élément ne vienne gâcher l'ensemble, et que ce processus se répète jusqu'à la fin.

Je pense que cela vient d'un trop plein, tout simplement. Parfois, à vouloir dire trop de choses, le message se brouille. C'est dommage parce que j'ai vraiment totalement adhéré au fil rouge de ce livre, cette relation entre une mère dépressive qui a presque renoncé à vivre et un fils adolescent qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Ce sursaut qui la pousse soudain, face à un dérapage plus grave que les autres à prendre les choses en mains, pour tenter de sauver ce qui peut encore l'être. Je trouve que le personnage de Sybille est extrêmement vrai et touchant dans son renoncement, sa conviction d'être nulle et ne rien mériter de bien. Lorsqu'elle décide de soustraire Samuel à son environnement, de le faire renouer avec une passion ancienne, celle des chevaux, et peut-être sous l'influence de ses propres racines russes, elle choisit de l'emmener au Kirghisistan pour une randonnée à cheval de quelques semaines. Là-bas, ils seront seuls dans la nature, dans un pays inconnu avec eux-mêmes pour seule compagnie. Malgré les réticences de l'ex-mari toujours prompt à la rabaisser, Sybille tient bon. le fils et la mère se voient donc forcés de cohabiter, de s'entraider et peut-être, finalement de se faire confiance.

Il y a des pages magnifiques sur le voyage, sur les paysages traversés (alors que Laurent Mauvignier n'a jamais mis les pieds dans les décors qu'il décrit) et surtout sur la relation qui se transforme peu à peu entre la mère et le fils, par soubresauts, par épisodes d'avant - arrière gommant pas à pas la distance qui les sépare, faite d'incompréhension. Au fil du voyage, les éléments révélant le passé de Sybille et surtout la cassure profonde qui a bouleversé sa vie apportent un éclairage qui permet de mieux comprendre comment elle en est arrivée là. C'est à ce moment également que le titre prend tout son sens. Continuer. C'est ce que l'on dit après un drame. Il faut continuer, debout, à avancer malgré la douleur. Pas si facile.

Jusque-là, c'est très convaincant. Moins lorsque l'auteur introduit les problèmes de terrorisme, de racisme et d'intolérance, de façon un peu trop abrupte à mon goût, comme un cheveu sur la soupe. On n'en avait pas vraiment besoin, la suggestion suffisait. Si Sybille choisit de casser la forme de repli sur eux-mêmes que sa famille a adopté depuis toutes ces années, si elle choisit d'ouvrir Samuel à un monde différent et inconnu, le message est assez clair.

Je n'en retiendrai donc que le meilleur, l'auscultation de ce qui sépare et de ce qui rassemble ces deux êtres égarés, le chemin difficile qu'ils font l'un vers l'autre, les épreuves nécessaires pour grandir et se confronter au monde. le reste est accessoire.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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