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Critique de tamara29


Je te survivrai … Je te survivraaai…. Ce n'est pas sa faute à Peter May si, du fait de la traduction en français de son dernier roman policier « I'll keep your safe » par « Je te protègerai », j'avais tous les matins pendant ma semaine de lecture un refrain en tête ; refrain d'une chanson qui, comment dire, est très loin de mes chansons favorites… (Et même à des années-lumière, préciserais-je pour me dédouaner un peu). Ce n'est pas sa faute, mais quand même, ce n'était pas un refrain très agréable à avoir à l'esprit… Et j'avoue ne pas avoir été mécontente de refermer ce roman et d'oublier JP…
J'avais aimé la trilogie écossaise (avec notamment « l'île des chasseurs d'oiseaux »). J'avais trouvé le portrait des protagonistes plutôt bien modelé ; les histoires prenantes. Et le paysage écossais ajoutait beaucoup à ce plaisir de lecture. Alors, c'est plutôt confiante que j'ai commencé son dernier roman.
Niamh Macfarlane et son mari Ruairidh ont créé une entreprise de textile sur L'île Lewis (qu'on retrouve avec plaisir). le récit débute à Paris où ils séjournent quelques jours pour un rendez-vous professionnel. Niamh a des doutes sur la fidélité de son mari. Elle pense qu'il la trompe avec Irina, une créatrice de mode… Mais, Niamh n'aura pas le temps de le questionner plus avant sur ce sujet qui la mine puisque, alors que son mari part en voiture avec Irina, justement, la voiture explose, toute minée qu'elle est. Voilà pour le résumé « Amour, gloire et beauté » qui manque un peu d'enthousiasme, je confesse.
De prime d'abord, j'ai trouvé la façon de raconter l'histoire plutôt intéressante. On passe de chapitres situés au présent, au coeur de l'intrigue (écrits à la troisième personne) et on glisse vers des chapitres avec les flashbacks de Niamh (écrits à la première personne). Dans ces parties, celle-ci se remémore les moments importants de sa vie, de sa rencontre avec son mari, ajoutant ainsi des morceaux aux puzzles ou nous embarquant sur d'autres pistes (il fallait sûrement ça pour coller avec les multiples restes du mari éparpillés place de la République). Plutôt que la vision de Paris de l'oeil d'un étranger (Peter May a été naturalisé français en 2016 et vit dans le Lot), j'ai surtout apprécié l'ambiance venteuse et rude de l'île , avec sa nature sauvage, les vagues déferlantes de la mer tout autour (« dans la couleur de l'eau / dans l'hiver et le vent / dans le froid des maisons… »). C'est vrai qu'il ne fait pas chaud sur l'île et, au fur et à mesure, je me suis comme qui dirait refroidie.
En plus de ce xxx refrain un brin persistant, à mi-parcours, j'ai commencé à trouver que cela manquait de densité. Les personnages étaient un peu trop caricaturaux à mon goût : Seonag (« la bonne copine qui ne veut pas tenir la chandelle et qui se tire en râlant »), le styliste homo Lee, la belle-mère désagréable... Il m'aurait fallu des traits un peu plus fins, des coutures un peu plus travaillées pour réussir à m'attacher à un des personnages de ce roman (comme si l'écrivain lui-même n'avait pas eu autant d'affection pour eux, comparativement à ceux de ses précédents romans, et les avait alors un peu trop survolés). Et même l'histoire d'amour entre Niamh et Ruairidh commençait à m'ennuyer. Idem avec les pistes qui partaient dans tous les sens et qui donnaient un je-ne-sais-quoi d'incrédibilité à l'histoire, sans parler de tous les drames que Niamh et son mari avaient vécus au fil des ans. J'en venais à me dire que May usait trop des grosses ficelles (écossaises ou non) des polars faciles. Alors, le final sans réelle surprise n'a pas été à la hauteur, selon moi… (« Dans les sables mouvants / Où j'écrirai ton nom / Dans la fièvre et le sang… »*). Sûr que le refrain chantonné tous les matins y était pour quelque chose. Mais quelle idée de donner un tel titre pour un polar d'un auteur un peu haut dessus de la mêlée commerciale !?
J'ai donc été plus que déçue puisque je n'ai pas retrouvé l'atmosphère de la trilogie ni celles des bons polars. Et j'aurais préféré pouvoir écrire un billet d'une autre verve. Ce n'est pas pour autant que je ne retenterai pas d'autres romans de May. May be… (Je sais… facile, mais j'ai le droit pour cette critique, je me laisse aller…). Donc may be sûrement for me car Peter May mérite mieux que ce billet. Je connais sa plume celtique de qualité, capable de nous secouer et nous scotcher (normal pour l'écossais), telles les tempêtes de l'île de Lewis.

(*je n'avais en tête que le refrain, il ne faut pas exagérer. Les extraits des dits ‘'couplets'' ont été retrouvé sur internet… Quelle fabuleuse mémoire, cet internet…)
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