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Critique de Lucilou


Quand je vois la somme des critiques élogieuses qui accompagnent "L'île des Chasseurs d'Oiseaux", j'ai l'impression que je vais nager à contre-courant et ça a quelque chose d'un peu inconfortable... Loin de moi l'idée de pourfendre les lecteurs qui ont adoré l'ouvrage de Peter May: ils en parlent merveilleusement bien et avec beaucoup d'intelligence et je reconnais ici ou là des lecteurs dont je ne rate jamais les avis tant je les admire! Seulement, voilà, "L'île des Chasseurs d'Oiseaux" dont on m'avait dit tant de bien (et c'est peut-être là le problème!) m'a déçue...
Lire ce premier opus des enquêtes de Fin MacLeod ne fut pas une torture non plus (je me souviens de lectures qui me furent aussi douloureuses que le supplice de la roue dût l'être pour un condamné de l'Inquisition et là, j'en étais loin, fort heureusement!) et l'ouvrage a su me séduire par certains aspects, mais il m'a manqué le frisson, la chute, la stupéfaction que j'attends toujours immanquablement d'une lecture policière. Certes, j'ai eu en échange la beauté époustouflante des paysages, la complexité de certains personnages, la pesanteur d'une atmosphère embrumée mâtinée d'embruns, la beauté du prologue et des histoires d'amour manquées... Mais cela ne m'a pas suffi. J'en veux sans doute trop, je le concède bien volontiers.
Fin est policier à Edimbourg où il a construit sa vie avec beaucoup d'ombres et quelques rayons de lumière. Alors qu'un drame le renverse de plein fouet -de ces drames qui brise des hommes et des vies aussi sûrement que les tempêtes-, il est envoyé sur l'île de Lewis, tout au nord de l'Ecosse. Sur cette terre âpre, rude, encore gorgée de superstitions on a retrouvé un cadavre et le crime semble avoir été commis selon la même mise-en-scène qu'un meurtre perpétré à Edimbourg sur lequel enquête déjà notre homme. L'affaire pourrait être banale oui mais voilà, Fin MacLeod est originaire de l'île qu'il a quitté précipitamment dix-huit ans auparavant après plusieurs drames successifs, après surtout l'expédition des chasseurs d'oiseaux auquel il participa par tradition, presque par obligation.
Ainsi revenir sur l'île de Lewis pour l'enquêteur, c'est autant tenter de démasquer un assassin aussi insaisissable qu'inquiétant que se confronter à son passé: de son premier amour aux secrets de sa famille, de son meilleur ami à une école aussi froide que mortifère... Pour Fin, c'est un voyage en eaux troubles et les souvenirs parfois enfouis, souvent douloureux, vont ressurgir et l'assaillir avec une violence folle, à l'image de l'affaire qui le ramène sur sa terre natale jusqu'à découvrir l'inexorable noeud qui lie le passé au présent, le sang au cri des oiseaux...
"L'île de Chasseurs d'Oiseaux" est un texte tourmenté, sombre, d'une noirceur désespérée que j'ai savouré. J'ai aimé les turpitudes et la complexité des personnages de l'ouvrage, leurs fêlures, leurs secrets, les non-dits et la violence contenue qu'ils abritent presque tous, tout comme j'ai aimé l'ambiance du roman et la beauté à couper le souffle des paysages écossais, rongé par la mer et battu par les vents. J'ai aimé cette torpeur froide, cette sensation oppressante d'angoisse et cette douleur qui semble irradier tout au long des pages. J'ai enfin aimé la narration qui mêle passé et présent, première et troisième personne... J'ai presque tout aimé... Sauf que l'enquête qui semblait si prometteuse passe presque au second plan, que son issue était trop prévisible et que j'en avais deviné les lignes et le coupable... Ce que j'e peux le regretter si vous saviez, moi qui n'aime rien tant qu'un roman policier qui me bouscule, me surprend et me fracasse...
D'un coup, tout est retombé alors que j'abordais les derniers chapitres, tout s'est dégonflé et il ne m'est resté des ténèbres que la sensation d'un vertige manqué.

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