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Critique de Franka13


Rhubarbe Vannucci, le rital, Sean Power, le polak, Con O'Leary, le rouquin irlandais et Nathan Walker, le noir américain forment une équipe de 4 parmi ces milliers d'ouvriers immigrés qui ont, au début du siècle dernier, oeuvré à moderniser New York.
A la force des bras, ils creusent sous l'Hudson un tunnel pour le futur métro, station Manhattan, lorsque, malgré les efforts de Nathan, le plus costaud d'entre eux, ils assistent impuissants à la disparition de Con O'Leary, emmuré dans une poche de boue ; on ne retrouvera jamais le corps de celui dont Maura attend le premier et l'unique enfant, Eleanor.
C'est l'histoire d'une famille qui traverse son siècle, celle du grand père et de sa descendance, celle des tâcherons qui triment et trinquent à la vie, s'entraident et se bagarrent, celle des pauvres hères qui, pour quelques dollars de plus, troquent l'enfer des tunnels pour le vertige des gratte ciel.
C'est aussi l'immersion dans les bas fonds de cette ville qui ne gratifie pas ceux qui la servent de façon équitable, l'univers sordide des SDF dont fait partie, Clarence, le petit fils de Nathan, surnommé Treefog pour son agilité à sauter de poutre en poutre et se jouer du vide en oubliant les vertiges de l'existence….
Dans une langue âpre et le style réaliste qu'on lui connaît, Colum McCann brosse sans concession le portrait d'une ville et des générations de l'ombre qui ont largement contribué à sa prospérité.
Il faut son talent de conteur, sa puissance d'écriture, son approche intime des mondes marginaux qu'il a côtoyés sans réserve pour restituer l'atmosphère d'une époque et d'une cité mythique qui ne serait pas ce qu'elle est sans ceux qui, venus d'Europe ou d'Afrique, ont écrit son histoire à l'encre de leur sang et de leur sueur.
Les « saisons de la nuit », plus qu'un roman lumineux est un véritable coup de chapeau à ces gens de peu dont Pierre Sansot disait :
« Sans doute vaut-il mieux manifester de la grandeur dans le peu que demeurer indécis, épais, risible, incapable d'un beau geste dans « l'aisance ». Nous avons de la peine à rendre hommage à ces gens-là parce que, d'une façon expresse ou inavouée, nous avons adopté une échelle qui a pour fondement l'économique. »
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