AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de EFar


EFar
12 septembre 2011
Je ne sais pas ce qui fait un grand écrivain, mais pour moi Colum McCann en est un. J'aime son écriture simple, limpide et puissante. Je lui trouve quelque chose de vital, d'élémentaire (l'eau, la terre, l'air et le feu sont si présents). L' ancrage dans le monde sensible est fort et donne une profondeur particulière à ce qu'il dit de ses personnages, à leurs manière de vivre les évènements. Ses textes sont pour moi d'une telle intensité qu'il m'arrive de me fatiguer, d'avoir besoin d'un pause avant de me replonger dans le courant de ses mots.

Dans Zoli, ce n'était pas le cas. Les changements de narrateurs, de tons, de regards m'ont procuré les respirations nécessaires pour pouvoir le lire d'une seule traite.
C'est un livre que je trouve très beau. Roman à trois voix, il retrace la vie d'une Rom de Slovaquie, Zoli, une nomade qui traverse le 20ème siècle et lui survit. Aux yeux des autres, elle est une énigme à résoudre, un énigme fascinante, et deviendra une icône à abattre.
Comme celle de son peuple, sa vie est cahotique ; et sa trajectoire d'Icare - inspirée de celle de la poétesse polonaise Papousza - m'a bouleversé. le texte est splendide de simplicité : trois voix nous parlent, dévident les fils de leur histoire et les posent comme sur un drap blanc posé dans l'herbe.
Les grands thèmes chers à McCann sont là : la dignité, l'exil, la recherche d'un chez soi, et puis aussi les bleus à l'âme, le métissage, la transmission de la culture. Ces thèmes me touchent de plein fouet, moi dont la famille a pour points cardinaux Ré et Irkoutsk, la Grèce et la Baltique.
Au coeur du livre, il y a les nomades Roms, vus de l'autre côté du miroir ; et Zoli et ses aspirations, ses chants et ses poèmes, ses amours impossibles, ses blessures et ses guérisons. Au travers du texte, sa vie vibre comme une corde d'arc.

La fin du roman m'a particulièrement marqué : sous des airs de digressions, j'avais rarement lu un auteur qui rende si perceptible l'avancée de l'âge, les limites et l'égarement qu'il nous impose. Et pourtant, j'ai trouvé la note finale résolument optimiste.

Qu'il est étrange de lire aujourd'hui ce livre de 2007, alors qu'il y a un an à peine, les Roms étaient pointés du doigt et présumés coupables par nos autorités. A croire que certaines choses ne changent pas.
Commenter  J’apprécie          170



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}