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sur 352 notes
Tchécoslovaquie, 1930, Les Hlinskas, la milice du pays, forcent les roulottes d'un camp rom à s'avancer sur un lac gelé. Puis ils allument des feux sur les rives et regardent hommes, femmes, enfants et chevaux s'enfoncer dans l'eau glaciale. Seuls survivants de leur communauté, Zoli et son grand-père reprennent la route, en se cachant de la milice. La petite fille n'a que 6 ans et elle vient de faire la découverte de la cruauté humaine. Mais il faut continuer, trouver un autre clan et perpétuer les traditions ancestrales du peuple rom. Zoli grandit, danse, chante et écrit des poèmes, car son grand-père lui a appris à lire et à écrire malgré l'interdiction. C'est lui aussi qui lui a appris les préceptes de Karl Marx et transmis l'attente de la révolution prolétarienne. Ses dons pour la poésie, le chant, les contes sont repérés par le poète communiste Martin Stransky. Il veut faire d'elle une égérie de la cause, l'exhiber dans les salons, publier ses poèmes. Son assistant, Stephen Swann, un jeune anglais idéaliste, tombe éperdument amoureux de la belle tzigane. Mais leur histoire ne peut pas être. Zoli n'est pas de celles qu'on attache. Swann trahit celle qu'il aime et Zoli est bannie de son clan. Elle a bousculé les traditions, secoué les tabous, elle est impardonnable. Puis c'est le communisme qui la trahit. Les autorités ont promis l'égalité aux roms, elles imposent la sédentarité. C'est la ''grande halte''. Usant de méthodes tout aussi cruelles que les Hlinskas, le nouveau pouvoir en place veut soumettre ce peuple libre et nomade. Zoli, seule au monde, ne peut que regarder de loin les souffrances de son clan. Quand elle passe à l'Ouest, elle se crée une nouvelle vie. Ses pas la mèneront en Autriche, en Italie, et même à Paris.

Librement inspiré par la poétesse polonaise-rom Bronislawa Wajs, le roman de Colum McCann raconte une femme libre, fougueuse, indépendante et un peuple qui l'est tout autant. Cette femme flamboyante qui a connu les persécutions, l'ostracisme, la trahison, le bannissement mais aussi l'amour et la rédemption est au coeur d'une histoire beaucoup plus vaste, celle du peuple tzigane d'Europe centrale. Une communauté toujours persécutée mais qui envers et contre tout a su garder ses traditions intactes, des coutumes inébranlables, transmises oralement une génération après l'autre, faites d'interdictions, de superstitions, mais aussi du goût de la danse, des contes, de la musique, du voyage, de la liberté.
Colum McCann est un écrivain généreux et prolixe. Son récit dans la seconde moitié du livre s'enlise un peu dans le trop plein de détails. Les errances de Zoli traînent en longueur,mais avant que la lassitude ne s'installe, il nous réserve un final mélancolique et riche en émotions. Zoli, même vieillissante, reste la même femme éprise de liberté et attachée à son peuple. Un très beau livre qui nous fait entrer dans le monde méconnu des tziganes.
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Zoli est tzigane et vit en Slovaquie. Elevée par son grand-père après avoir assistée encore enfant à l'exécution de ses parents par la police politique slovaque, elle erre à travers une Europe de l'Est bientôt dévastée par la Seconde Guerre Mondiale.
Pour les Rom, la guerre est un nouveau drame : pourchassés, rejetés, persécutés par les troupes fascistes, tout leur est interdit, aller et venir, jouer de la musique, entrer dans les villes… Pour finir, ils sont bouclés en camps de travail.
C'est dans ces conditions que son grand-père lui apprend à lire et à écrire. Mais pour ce peuple sans nation, aux traditions très fortes, qui se méfie de la parole figée, qui pense que tout doit rester oral et pour qui l'écriture est considérée comme une menace, cet apprentissage, surtout pour une femme, est une transgression inédite. Cependant Zoli persévère et commence à émouvoir son peuple en chantant les poèmes qu'elle écrit.
Elle rencontre alors Stansky, un poète tchèque aux prétentions révolutionnaires et Stephen Swann, un traducteur anglais déraciné, débordant d'idéal communiste. Tous deux la convainquent d'éditer ses poèmes. Un coup d'éclat visant à démontrer que l'écrit peut briser les stéréotypes qui persistent vis-à-vis des tziganes.
Son recueil de poèmes en fait ainsi une nouvelle icône du parti. Mais son peuple ne l'accepte pas. Elle est déclarée salie, corrompue, polluée à vie pour infamie et bannie, est condamnée à l'exil.
Rejetée par les siens, refusant le rôle de symbole du parti qu'on voudrait lui faire jouer, elle s'enfuit sur les routes dans une nouvelle errance, en quête d'un endroit où elle pourrait enfin poser ses semelles de vent.

Inspiré par l'aventure véridique d'une poétesse tsigane polonaise nommée Papusza, « Zoli » est un roman à multiples facettes. A travers le destin de la jeune femme, l'auteur nous révèle par petites touches, de 1930 à nos jours, le parcours des Rom d'Europe Centrale, un peuple bien souvent brutalisé.
Au coeur de ce roman poignant, les thèmes de l'assimilation, de l'appartenance et de l'ethnicité.
On découvre avec émotion tous les drames vécus par un peuple que les régimes successifs ont toujours voulu contraindre à la sédentarisation. Après que les nazis aient voulu les exterminer, les communistes, tout en les idéalisant, ont fait preuve d'incompréhension et de brutalité, pensant qu'en les assimilant, ils prouveraient le bien-fondé du socialisme. Dans les années 1950, le régime communiste a voulu à ce point les intégrer, qu'il les a finalement trahis en les sédentarisant de force. On a cassé les roues de leurs roulottes, on les a forcés à vivre dans des immeubles sans se soucier des conséquences culturelles que cela impliquait.

Car ce sont des traditions très fortes, d'un archaïsme parfois difficilement concevable, qui sont au coeur de leur mode de vie et leur sédentarisation forcée a bouleversé ces manières de vivre.
Pour un homme tzigane, par exemple, avoir une femme au-dessus de la tête est considéré comme une honte car les jupes des femmes ont un pouvoir de pollution…Alors vivre dans un immeuble avec une femme sur le palier du dessus, c'est tout bonnement inenvisageable ! Pour cela, les Rom voulaient tous vivre au dernier étage et délaissaient tous les autres niveaux !
Cela prêterait à sourire si ce n'était vécu comme un véritable drame par les Rom qui se sentent trahis et humiliés. Privés de liberté, interdits de voyage, on leur impose en plus de renier leurs traditions en menant une vie sédentaire.

Au-delà de l'identité culturelle et des notions d'intégration, l'ouvrage de Colum Mc Cann aborde les thèmes de l'art et de la création artistique.
L'écriture est un exutoire aux souffrances de l'existence mais elle est aussi un moyen de transmettre la parole d'un peuple qui n'a de mémoire autre que celle de l'oralité. Les écrits sont importants pour se souvenir du passé mais aussi pour modifier le présent. Malheureusement, on constate aussi à quelles extrémités peut conduire la publication d'un livre et combien terrifiants peuvent être les mots lorsqu'ils sont mal interprétés ou récupérés par un pouvoir politique.
Enfin, le livre de Mc Cann est un très bel hymne à la liberté, le portrait d'une femme hors du commun, la découverte d'un peuple méconnu qui nous permet d'entendre dans les mots de la poétesse, le désir d'indépendance de ces communautés perdues dans un monde de frontières et de sédentarité.
A la fois fort et doux, sec et sensible, poétique et vrai, un texte aux grands pouvoirs d'évocation.
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Des années 30 en Tchécoslovaquie à Paris en 2003 c'est un peu l'histoire des Roms que nous conte Colum MC Cann avec Zoli. Éduquée par son grand père suite à la mort de ses parents elle va enfreindre la première des règles de son peuple en apprenant à lire et à écrire. Merveilleuse chanteuse et poétesse à la gloire des siens elle va pourtant les trahir sans le vouloir. Emportée par l'idéalisme de son amant communiste et son ami poète Stransky, elle va devenir une icône malgré elle et desservir la liberté qui constitue l'identité même des Roms. Bannie par les siens elle va devoir fuir et presque mourir pour renaître à ce qu'elle est réellement.
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Zoli est une tzigane belle, libre. Par le chant et la danse elle transmets de génération en génération les histoires de son peuple, elle deviendra une grande poétesse. Stephen Swann va tomber amoureux de la jeune femme . Magnifique roman qui nous emmène sur les routes de l'Europe de l'Est, pendant la seconde guerre mondiale puis avec l'avènement du communisme. Un peuple sont cesse montré du doigt, indésirable partout ou il passe. C'est aussi un livre sur l'exil, le droit à la différence, la trahison et comme toujours chez McCann c'est magnifiquement écrit. Mélancolique, poêtique, l'âme slave plane sur les pages et l'Irlandais signe une nouvelle fois un sacré roman humaniste.
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J'attendais beaucoup de cette lecture, trop certainement, alors je suis assez déçue. Certes, j'ai découvert un univers qui m'était inconnu. J'ai appris sur les traditions roms d'Europe Centrale, du génocide dont ils ont été victimes de la part des fascistes avant et pendant la dernière guerre, de la sédentarisation à laquelle ils ont été forcés par les gouvernements communistes. Mais je suis peu sensible à la narration, perturbée par le style de l'auteur. Totalement insensible à la poésie de Zoli, héroïne du roman. Je n'éprouve aucune empathie pour les personnages. La construction du roman, alternant époques et narrateurs me dérange et me déstabilise. le texte perd en fluidité. Ces retours en arrière sont fatigants car ils embrouillent la compréhension du texte. Par ailleurs, j'ai bien trop de mal à saisir la personnalité de Zoli et reste imperméable à cette culture et à ces coutumes. Ce texte me semble trop froid. Il y a trop de distanciation.
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Zoli est une petite rom élevée par son grand-père.
Bravant les règles tziganes, il lui apprendra à lire.
Et lorsqu'elle aura grandi, elle se passionnera pour les mots.
Elle écrira de superbes poèmes sur la vie tzigane, mais cela entraînera le bannissement des siens, estimant qu'elle les a trahis en révélant leur vie.
Seule, elle arpentera les routes, depuis les pays de l'Est et terminera sa vie en Italie.
Encore une fois, l'auteur nous offre un très beau roman sociétal et psychologique mettant en scène des minorités.
Il excelle dans cet art.
Comme dans certains de ses romans, j'ai parfois été perdue dans les personnages et dans les événements.
Mais ce n'est pas grave, c'est un magnifique hommage aux roms
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Je ne sais pas ce qui fait un grand écrivain, mais pour moi Colum McCann en est un. J'aime son écriture simple, limpide et puissante. Je lui trouve quelque chose de vital, d'élémentaire (l'eau, la terre, l'air et le feu sont si présents). L' ancrage dans le monde sensible est fort et donne une profondeur particulière à ce qu'il dit de ses personnages, à leurs manière de vivre les évènements. Ses textes sont pour moi d'une telle intensité qu'il m'arrive de me fatiguer, d'avoir besoin d'un pause avant de me replonger dans le courant de ses mots.

Dans Zoli, ce n'était pas le cas. Les changements de narrateurs, de tons, de regards m'ont procuré les respirations nécessaires pour pouvoir le lire d'une seule traite.
C'est un livre que je trouve très beau. Roman à trois voix, il retrace la vie d'une Rom de Slovaquie, Zoli, une nomade qui traverse le 20ème siècle et lui survit. Aux yeux des autres, elle est une énigme à résoudre, un énigme fascinante, et deviendra une icône à abattre.
Comme celle de son peuple, sa vie est cahotique ; et sa trajectoire d'Icare - inspirée de celle de la poétesse polonaise Papousza - m'a bouleversé. le texte est splendide de simplicité : trois voix nous parlent, dévident les fils de leur histoire et les posent comme sur un drap blanc posé dans l'herbe.
Les grands thèmes chers à McCann sont là : la dignité, l'exil, la recherche d'un chez soi, et puis aussi les bleus à l'âme, le métissage, la transmission de la culture. Ces thèmes me touchent de plein fouet, moi dont la famille a pour points cardinaux Ré et Irkoutsk, la Grèce et la Baltique.
Au coeur du livre, il y a les nomades Roms, vus de l'autre côté du miroir ; et Zoli et ses aspirations, ses chants et ses poèmes, ses amours impossibles, ses blessures et ses guérisons. Au travers du texte, sa vie vibre comme une corde d'arc.

La fin du roman m'a particulièrement marqué : sous des airs de digressions, j'avais rarement lu un auteur qui rende si perceptible l'avancée de l'âge, les limites et l'égarement qu'il nous impose. Et pourtant, j'ai trouvé la note finale résolument optimiste.

Qu'il est étrange de lire aujourd'hui ce livre de 2007, alors qu'il y a un an à peine, les Roms étaient pointés du doigt et présumés coupables par nos autorités. A croire que certaines choses ne changent pas.
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Zoli a appris à lire et à écrire avec son grand père adoré, qui l'a élevée après la mort brutale et injuste de sa famille.
Le roman a pour décor la Tchécoslovaquie des années 30/49, alors que le régime communiste imposait aux peuples nomades de se sédentariser.
Mais pour les tziganes, écrire, c'est aussi livrer aux gadjés l'âme de leur peuple et en quelque sorte trahir la communautés. Zoli sera bannie, devra s'exiler et payait cher le prix de sa liberté.
Nous retrouvons Zoli à Paris en 2003, c'est alors une vieille femme apaisée, qui se souvient.

J'avais lu "Danseur" il y a déjà bien longtemps, et j'ai retrouvé chez Colum McCann cette plume tellement proche du coeur, et cette observation sensible des souffrances humaines.
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Il m'a fallu une année pour le lire ou du moins d'entamer la lecture.Les thèmes principaux sont l'exil, le bannissement, les préjugés sur les roms et le poids des traditions. Aussi, je dois avouer qu'au début, je n'arrivais pas entrer dans l'histoire de Zoli.Peu à peu, on s'attache à ce personnage authentique, qui ne fait aucune concession, et vit selon les traditions de son peuple. En conclusion, Zoli est un très beau roman.
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Un peu déçue par ce livre dont j'attendais sans doute beaucoup. le titre, la couverture, l'histoire me plaisait. Mais finalement je n'ai pas trouvé ce que je cherchais et que j'avais trouvé dans les autres oeuvre de Colum McCann. La magie, la poésie un peu oui ... mais peut être pas assez de passion retranscrite dans ce roman.
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